Comment la filière ovine anglaise prépare le Brexit ?
" Pas un opérateur ne croit sérieusement au No deal car l’absence d’accord serait une catastrophe pour le Royaume-Uni comme pour l’Europe. En cas de No deal, le Royaume-Uni deviendra un pays tiers avec des taxes douanières de 46 % en plus des barrières sanitaires. Un quart de la viande ovine consommé en France vient du Royaume-Uni. En cas de No deal ou d’un accord négocié, les opérateurs français qui ont besoin de viande ovine pour fonctionner feront en sorte de s’approvisionner. Pour garder leur tarif et leur marché, ils risquent de faire pression sur leurs fournisseurs, c’est-à-dire les éleveurs britanniques. Les éleveurs percevront peut-être une compensation du gouvernement britannique mais ça reste à confirmer et ça ne durera pas. Les Britanniques vont aussi essayer de relocaliser leur consommation d’agneau. Mais les éleveurs britanniques devront malgré tout écouler leurs agneaux en saison.
Nous avons prospecté les pays tiers
L’Interprofession ovine et bovine, AHDB (Agriculture and Horticulture Development Board) Beef & Lamb, travaille depuis deux ans à se préparer au Brexit. Nous avons prospecté des pays tiers en Asie, Moyen-Orient, Amériques du Nord et du Sud pour trouver de nouveaux débouchés à nos viandes. Nous essayons aussi de prospecter l’Afrique sub-saharienne ou l’Angola. Nous avons des ouvertures sur la Chine, le Canada, l’Inde, le Japon ou Hong-Kong mais toutes ces créations de marché sont longues à concrétiser. 95 % de nos exports de viande ovine se font actuellement vers l’Europe. C’est beaucoup et, quelle que soit l’issue du Brexit, nous allons diversifier nos destinations. Les marchés d’avenir sont là-bas, en Asie ou au Moyen-Orient. "
Rémi Fourrier, représentant d’AHDB Beef & Lamb en France