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Prospective
Cinq scénarios pour la viande de ruminant du Massif central en 2050

L’Inra a imaginé cinq scénarios contrastés pour amener une réflexion stratégique l’avenir du Massif central où sont élevés un tiers des brebis allaitantes françaises et plus de la moitié des brebis laitières.

Seul le scénario Agroécologie imagine un fort accroissement du cheptel ovin allaitant du Massif central.  © L. Geffroy
Seul le scénario Agroécologie imagine un fort accroissement du cheptel ovin allaitant du Massif central.
© L. Geffroy

L’Inra, accompagné d’un collectif d’experts, a réalisé une étude prospective sur les filières de viande bovine et ovine du Massif central. Cette étude, portée par le centre Inra Auvergne-Rhône-Alpes, permet d’éclairer les acteurs économiques et territoriaux sur des scénarios d’évolutions possibles.

De nombreuses incertitudes pèsent sur l’avenir de ces productions extensives à l’herbe. Au-delà des difficultés économiques récurrentes des élevages suite à l’érosion régulière des prix des produits, l’image de la viande dans nos sociétés et les controverses que les conditions d’élevage et l’abattage provoquent, deviennent des causes d’inquiétudes croissantes pour tous les acteurs des filières. La viande en général, et celle de ruminants en particulier, est, à tort ou à raison, critiquée pour son bilan environnemental (impacts sur le changement climatique, usage des sols), pour des raisons éthiques (abattage des animaux, faible efficience alimentaire dans l’usage des terres) et pour ses conséquences sanitaires (risques accrus de maladies). Chacun de ces germes sociétaux est potentiellement porteur de ruptures.

La consommation de viande au cœur des déterminants externes

Dans ce cadre, cinq scénarios ont été construits dans une démarche de recherche participative. Chacun illustre des logiques cohérentes de fonctionnement et des utilisations du territoire très différentes. Cinq décors proposant des futurs contrastés et cohérents ont été élaborés mettant la consommation de viande au cœur des déterminants externes.

Ces cinq scénarios reposent sur une valorisation de l’herbe, le scénario Excellence voit cependant une tendance au boisement se redévelopper et le scénario Libéralisation les paysages se fermer. On constate une forte diminution de l’emploi direct et indirect dans le scénario Libéralisation, un remarquable maintien dans le scénario Agroécologie, et, dans une moindre mesure dans Excellence. C’est le scénario Agroécologie qui, par nature, est le plus favorable à l’environnement ; il est paradoxalement suivi par le scénario Libéralisation mais, dans ce cas, cette tendance s’accompagne d’un risque important de dégradation du paysage. Les autres se traduisent par des impacts sur positifs ou stables l’environnement.

1 Viande à l’herbe du Massif central, une référence d’excellence dans un contexte de forte baisse de la consommation

Le premier scénario dit de l’Excellence, envisage une diminution de 60 % de la consommation de viande conjuguée à une exigence forte de modes de production respectant le bien-être animal, la santé humaine et les territoires. L’effectif de brebis allaitante baisserait à 845 000 têtes, contre 1 430 000 aujourd’hui. La clé de la réussite repose alors sur des productions appuyées sur une marque commerciale forte, valorisant la naturalité et notamment l’élevage herbager. Comme dans l’ensemble des cinq scénarios, la filière lait de brebis ne subit que peu de modifications.

2 Le Massif central s‘adapte au sein de marchés libéralisés

Le scénario dit de Libéralisation se caractérise par une diminution de 30 % de la consommation de viande (baisse tendancielle) et par une baisse des soutiens publics, générée par une libéralisation et une internationalisation des marchés. Le maître mot pour s’adapter est alors la réduction des coûts. Avec 420 000 têtes, l’élevage ovin est en forte régression dans des territoires où l’élevage de manière générale est en net recul. Les espaces où les productions animales ne sont plus compétitives sont libérées pour d’autres usages (biomasse, céréales, boisement) ou délaissées (friche)

3 La viande agroécologique pour tous

Dans le scénario Agroécologie, la consommation de viande est également en retrait de 30 % même si le consommateur qui a des attentes exige que l’agriculture durable et l’agriculture biologique deviennent la norme. Ceci est notamment rendu possible grâce à des politiques agricoles qui soutiennent et protègent le marché. L’élevage mixte lait/viande et la complémentarité entre les systèmes d’élevage (ovins/bovin) se développent et reposent sur des surfaces en herbe jardinées à forte valeur nutritive et diversifiées. Dans ce scénario, le cheptel de brebis allaitantes se renforce à 2 300 000 têtes.

4 La distribution alliée aux régions : partenariat pour une viande de massif

Dans le scénario Partenariat, la consommation de viande ne diminue que de 5 %, et les régions du Massif central décident d’intervenir activement pour appuyer un partenariat constructif, équitable et reconnu entre les producteurs, transformateurs et distributeurs. Reposant sur une contractualisation amenant la transparence dans l’élaboration et le partage de la valeur ajoutée, cette politique favorise l’élevage bovin allaitant, pour la production de viandes diverses et de qualité recherchées par un consommateur connaisseur. Le troupeau ovin se réduit alors à 840 000 têtes.

5 La viande géopolitique

Dans le scénario Géopolitique, la consommation de viande en Europe est là encore en retrait de 30 % mais la dépendance alimentaire des pays du sud méditerranéen, en augmentation, génère des tensions telles que l’Europe est amenée à intervenir en passant des accords avec cette région du monde. Le Massif central renforce sa capacité à produire des bovins maigres pour participer à ces échanges. Le nombre de brebis reste stable avec 1 400 000 brebis allaitantes. L’engraissement des bovins, réalisé ailleurs, provoque une diminution sensible de l’emploi dans le Massif central et défavorise son dynamisme économique.

Étude en libre accès sur www.ara.inra.fr

Des impacts sur la production, les emplois et le territoire

Un tiers des brebis allaitantes et plus de la moitié des brebis laitières

Composé de tout ou partie de 22 départements essentiellement de moyenne montagne, le Massif central représente 15 % du territoire français où s’élèvent 55 % des brebis laitières (760 000 têtes), 34 % des brebis allaitantes (1 430 000 têtes), 35 % des vaches allaitantes et 12 % des vaches laitières. La prairie permanente occupe 70 % de la surface agricole utile dédiée aux ruminants dans le massif. Elle est la ressource structurante des filières et des paysages. Plus des deux tiers des exploitations agricoles du massif vivent des activités d’élevage de ruminants.

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