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Caussenarde des garrigues, la grande transhumante
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Des garrigues du Mas Dieu jusqu´au Mont Lozère, les 600 brebis caussenardes de garrigues de Bruno Sérieys jouissent de l´espace et de la liberté.
A 10 km de Montpellier, dans les vastes espaces des garrigues se dresse le Mas Dieu. Installé depuis 12 ans, Bruno Sérieys y garde 600 brebis caussenardes des garrigues. "A 22 ans, j´avais envie de m´essayer et mon père m´a donné 200 brebis : le troupeau a triplé depuis" affirme cet éleveur.
Ancestral mais autonome
A l´horizon, l´autoroute borde des zones où poussent des petits chênes verts, des broussailles qui, bientôt deviendront impénétrables : c´est le sort des anciennes garrigues qui, depuis une douzaine d´années, ne sont plus pâturées par les moutons.
Au Mas Dieu, rien de tel. L´herbe pousse et les brebis, en cette fin d´avril, veulent la pâturer accompagnées des agnelles d´automne.
Au mas Dieu ©DR |
Au mas Dieu
Bruno Sérieys accompagne toute l´année ses brebis Caussenardes sur les parcours
"En été, je garde les animaux en transhumance et, l´hiver, je garde ici sur la propriété. En saison estivale, les brebis disposent d´un parc de 600 m2 pour dormir près de la maison. Je revends le migou (le fumier sec du parc) aux viticulteurs, pépiniéristes et maraîchers de la région : ça me fait un peu d´argent pour payer l´estive !" souligne en riant Bruno Sérieys.
Certes le système pratiqué par Bruno semble ancestral mais, il apparaît surtout très autonome.
"J´ai une location verbale auprès du Parc national des Cévennes et sur le parcours d´un ex-transhumant à la retraite. Cela fait 350 ha environ, qui sont utilisés du 10 juin au 10 septembre" note Bruno Sérieys. Certains bergers effectuent une descente plus rapide des estives vers le 1er septembre : leur agnelage est plus précoce afin de vendre des agneaux légers vers l´Espagne.
Peu d´achats
Ces Caussenardes semblent bien économes à nourrir : "Si le temps est mauvais au moment de l´agnelage, je leur distribue un peu de seconde coupe de foin de Crau et un complément de maïs mélangé
à de la luzerne déshydratée.
A la mise-bas, je leur donne 500 à 600 g de ce mélange et 1 kilo de foin. Ensuite, comme ce sont les agneaux les plus gros qui mangent, les mères vont en dehors et je leur supprime le foin" raconte Bruno Sérieys.
Cette ration de luzerne et de maïs est distribuée le matin aux brebis ; elles en reçoivent même après la vente des agneaux en janvier-février pour que les brebis se "reprennent" mais, dès mars, elles reviennent à l´herbe, à 100 %.
Agnelles : un petit plus
Pour préparer ses agnelles et les mettre en état, Bruno Sérieys leur alloue une ration de maïs grain, le soir, pour le flushing. La première année, il n´y a pas de mise-bas, celle-ci a lieu à l´âge de deux ans : les animaux sont mieux formés et bien préparés. Ce "petit plus" dans la ration (400 à 500 g de maïs et luzerne) est donc distribué jusqu´à l´âge de 7 mois puis les agnelles vont toutes pâturer l´herbe en estive.
Brebis et agnelles CAUSSENARDE des garrigues ©DR |
Brebis et agnelles CAUSSENARDE des garrigues
Le standard de la race est respecté. Une tête bien blanche et une prolificité correcte. Une bonne lactation est recherchée pour le démarrage des agneaux.
Vente : des animaux bien soignés
Très proche toute l´année de ses 600 brebis, Bruno Sérieys estime "qu´il faut bien les soigner". Autrefois, les maquignons voulaient des agneaux à laine fine qui présentaient mieux que les agneaux Caussenards des Garrigues dont la laine avec jarre avait un aspect "bourru". Peu à peu, ces maquignons en livrant des béliers Lacaune ou Blanc de Lozère ont encouragé le croisement. Actuellement, les brebis sont mieux soignées et les agneaux caussenards, même en race pure, sont appréciés. "J´ai commercialisé ces agneaux auprès d´Unicor durant 3 ans et puis, maintenant, je les vends au Gebro à 20-22 kilos vif, principalement les mâles. Je commercialise aussi une soixantaine d´agnelles pour le développement de la race et quelques béliers pour les autres troupeaux" précise Bruno Sérieys.
Sélection : des aides à la conservation
Bruno Sérieys, voici cinq ans, a effectué un tri sur les 500 brebis qu´il possédait alors. Il a mis de côté les croisées Lacaune, BMC, "Barbarine", Tarasconnaise (un peu hétéroclite tout cela) pour 200 Caussenardes les plus typées et, à partir de ce moment, seules les Caussenardes ont été en augmentation. Sur 530 brebis adultes, 420 Caussenardes sont aujourd´hui reconnues par l´Association. Quatre éleveurs de race pure sont présents dans le schéma de sélection et ce sont des troupeaux de 500 brebis, ce qui diminue les risques de consanguinité. Les éleveurs échangent régulièrement leurs béliers. Les meilleurs "espoirs" passant par le centre d´élevage où ils sont démarrés et typés sur la résistance à la tremblante.
La sélection de cette race s´effectue sur la capacité de désaisonnement ainsi que sur la valeur laitière des brebis : "La prolificité, on en veut guère, mais il y en a, cite Bruno Sérieys. Je préfère avoir des agnelles "jolies" et des mères qui ont du lait".