Aller au contenu principal

Un jour avec
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme

Cardère est connue dans le monde du pastoralisme car il s’agit d’une maison d’édition spécialisée sur cette thématique. Bruno Msika en est le fondateur et l’unique membre.

Bruno Msika est le fondateur de la maison d'éditions Cardère, spécialisée en pastoralisme et sciences humaines.
© B. Morel
 

6h

 

 
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme
© B. Morel

Bruno Msika démarre sa journée. Au saut du lit, littéralement, puisque sa chambre fait également office de bureau, il va gérer en premier lieu les mails arrivés dans la nuit, généralement des commandes passées par les libraires via Cyberscribe. Cette plateforme web est dédiée à la mise en relation entre libraires et petits éditeurs. Dans sa clientèle, Bruno Msika peut compter sur 850 librairies en France mais aussi en Belgique ou en Suisse. « Il y a beaucoup d’achats qui sont faits par les bibliothèques et les collectivités », nous apprend l’éditeur. Bruno Msika vend également des ouvrages via la Fnac et Amazon. Enfin, il est possible de passer commande directement sur le site internet des éditions Cardère. Une fois les mails traités, il s’attelle à la préparation des commandes, souvent un ouvrage à la fois, mais aussi des cartons, qu’il portera plus tard dans la journée à La Poste.

9h15

 

 
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme
© B. Morel

Après trois heures de travail plutôt administratif, Bruno Msika s’accorde une pause petit-déjeuner pour passer un moment en famille. Les éditions Cardère ont été fondées en 1999, après un parcours professionnel atypique. Bruno Msika, dont l’enfance s’est déroulée à Manosque, pays de Jean Giono et des transhumances, a toujours été fasciné par les troupeaux et par le pastoralisme. « J’ai fait un premier stage en exploitation ovine lorsque j’étais au lycée et puis, après la terminale, j’ai travaillé un an comme berger sur le plateau d’Albion. » Il enchaîne avec une multitude de petits boulots, toujours en lien avec l’agriculture et les forêts. Il décide de repasser son bac et entre à la faculté d’écologie à Marseille. « J’ai fini mes études avec une thèse sur le sylvopastoralisme, conduite avec l’Inra. » L’éditeur, désormais avignonnais, anime ensuite pendant six ans le réseau Parcours pour l’observation et la coordination des projets pastoraux au Maghreb. « En 1995, j’ai déclaré un statut d’indépendant, sans vraiment encore savoir où j’allais », s’en amuse Bruno Msika.

11h

 

 
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme
© B. Morel

Le téléphone sonne. Bruno Msika semble surpris par la demande au bout du fil qui s’enquiert de l’état d’entretien d’une cabane pastorale. Après avoir raccroché, il plaisante : « Je suis en étroite collaboration avec plusieurs associations pastorales, comme le Cerpam ou l’Association française de pastoralisme [AFP], ce qui peut parfois entraîner des confusions de qui est qui. ». C’est d’ailleurs grâce à ces réseaux qu’il a patiemment tissés durant sa première phase professionnelle que Bruno Msika a pu lancer sa maison d’édition, spécialisée dans le pastoralisme, les sciences humaines et sociales. « La première publication de Cardère, ce fut « Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000 », sur une commande de l’AFP », précise-t-il. Sa ligne éditoriale est le reflet de sa passion pour la nature et les hommes qui y travaillent, un ensemble aux multiples connexions. À commencer par le choix du nom de la maison, en référence à ce petit chardon rose lilas, original par son inflorescence et qui, par le passé, servait aux bergers à carder la laine de leurs brebis.

Lire aussi : Devenir bergères

12h

 

 
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme
© B. Morel

Le temps du déjeuner est primordial pour Bruno Msika, qui apprécie ce métier qui lui permet de rester la plupart du temps chez lui, auprès de sa famille. Pourtant le métier d’éditeur requiert beaucoup de concentration pour les différentes phases de relecture des manuscrits que les auteurs lui soumettent. « J’effectue une première lecture brute, sans rien corriger, pour m’imprégner de ce qu’a voulu faire passer l’auteur. Je vais ensuite prendre des notes sur le manuscrit, pour arriver à la phase de corrections orthographiques, grammaticales et syntaxiques. » C’est également l’éditeur qui se charge du travail de retouche des photos et si le besoin s’en fait sentir, de réorganiser l’enchaînement des chapitres. Celui-ci renvoie ensuite ses remarques et corrections, ses demandes de précisions et ses propositions de mise en page. « Pour cette phase d’échanges, il faut savoir être à l’écoute mais également être ferme car certains auteurs sont persuadés que leur manuscrit est déjà parfait. Or, il y a toujours un minimum de travail à réaliser dessus, au moins pour uniformiser l’ensemble », sourit Bruno Msika. Les projets les plus rapides pourront passer du stade manuscrit à la mise en vente en librairie en seulement un mois et demi, quand d’autres mettront plusieurs années à sortir. « Dans les livres que je publie, il y en a deux sortes : les “coups de cœur”, qui sont des ouvrages d’auteurs individuels, qui portent un projet personnel et dont la vente des volumes va nous rémunérer. Et puis il y a les commandes pour des projets collectifs financés et dans ce cas-là je suis payé pour éditer l’ouvrage. C’est typiquement le cas des cahiers de l’AFP. » Le tout pour Bruno Msika est de parvenir à un équilibre entre les projets collectifs rémunérateurs et les ouvrages de cœur, plus épanouissants.

Lire aussi : Danser avec le vent

14h

 

 
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme
© B. Morel

À la reprise du travail, Bruno Msika fait un point sur les commandes passées dans la matinée. « Cardère a édité depuis sa création plus de 150 ouvrages et je m’efforce de n’avoir aucune rupture de stock », souligne-t-il. Si commercialement cette ligne de conduite est louable, elle pose un problème de taille à l’éditeur : le stockage. Dans son grenier, Bruno Msika détient quelques dizaines de cartons d’ouvrages pour les commandes les plus récurrentes et il loue un local chez un ami pour le reste de son stock. « C’est agréable d’avoir sous les yeux le produit fini, d’avoir un ouvrage de qualité autant sur le fond que sur la forme et le façonnage. »

18h

 

 
Bruno Msika, fondateur de Cardère, éditeur spécialisé dans le pastoralisme
© B. Morel

Bruno Msika termine sa journée de travail. Depuis vingt-cinq ans qu’il est éditeur, il s’est pris d’affection pour ce métier qui lui a permis de rester dans le domaine du pastoralisme qui lui tient tant à cœur, tout pouvant quasiment tout diriger de chez et avoir ainsi une vie familiale épanouie. « J’aime beaucoup la découverte de nouveaux manuscrits, cela m’ouvre à de nouvelles connaissances, de nouveaux sujets dont je n’aurais peut-être jamais soupçonné l’existence. Il y a de belles rencontres, des personnes passionnées. » Il revient notamment sur ces nombreuses collaborations avec l’ethnologue Guillaume Lebaudy, avec qui il crée la collection Hors les Drailles, qui rassemble des ouvrages ayant une approche différente du pastoralisme et du métier de berger. Bruno Msika, du haut de ses 65 ans, souhaite assurer la pérennité de Cardère, et s’il compte bien poursuivre encore quelques années, il pense aussi à la transmission. « Avec le temps, j’ai réussi à avoir un bon réseau de diffusion, avec des clients fidèles, Cardère a acquis une certaine célébrité dans le monde agricole et pastoral et la maison a la réputation de publier des livres de qualité. »

CV

 

 
Bruno Msika, fondateur des Éditions Cardère, à Avignon.
Bruno Msika, fondateur des Éditions Cardère, à Avignon. © B. Morel

Bruno Msika

65 ans

Fondateur de Cardère Édition depuis 1999

Statut indépendant depuis 1995

Animateur du réseau Parcours de 1989 à 1995

Berger sur le plateau d’Albion en 1976

Les plus lus

Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
<em class="placeholder">Florent et Charles Souyris et Philippe Galtier, Gaec de Cuzomes</em>
Aveyron - « Nous avons investi pour travailler 35 heures par semaine dans notre élevage ovin »
Dans l’Aveyron, les trois associés du Gaec de Cuzomes montrent comment ils ont optimisé la productivité du travail et la…
<em class="placeholder">Mathilde Poulet</em>
« Je travaille comme technico-commerciale avant de m’installer en élevage ovin »
Prendre son temps pour construire un projet viable et profiter de l’expérience du terrain en amont, voilà les objectifs de…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Ludovic Gilbert et Théo Haller
"Reprendre la ferme de papy, du rêve à la réalité"
Depuis son enfance, Théo Haller a rêvé de reprendre l’exploitation de son grand-père maternel décédé lorsqu’il avait dix ans,…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre