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À MALVERN EN ANGLETERRE
Brexit et bons conseils au salon du mouton anglais Sheep Event 

Les éleveurs étaient encore partagés sur les conséquences du Brexit pour la filière ovine lors du Sheep Event, le 27 juillet dernier.

Un mois après le référendum en faveur d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, le Brexit était sur toutes les langues dans les allées du Sheep Event, le salon organisé tous les deux ans par la National Sheep Association, l’équivalent de la FNO au Royaume-Uni. Le 27juillet dernier à Malvern, à une quarantaine de kilomètres au sud de Birmingham, dans le hall destiné à la présentation des races ovines, chaque éleveur avait son avis sur les conséquences du Brexit.

Caroll Barber élève 300 moutons de race charollais à Northfolk, à l’est de l’Angleterre. Pour elle, la sortie de l’Union européenne "sera catastrophique il aurait été beaucoup mieux pour la Grande-Bretagne de rester au sein de l’Union européenne". La première inquiétude de l’éleveuse concerne "la probable baisse des aides et subventions versées aux agriculteurs sans l’accès à la PAC". L’éleveuse vit en partie grâce à l’export de viande ovine en Europe, principalement en Allemagne. La sortie de l’Union risque donc de la priver d’un important marché. Elle espère donc que la Grande-Bretagne négociera pour garder au moins en partie l’accès au marché commun de l’Union européenne.

Retrouver son indépendance

Plus loin dans ce hall se trouve Russel Molyneux qui lui élève 120 moutons Roussin dans le Devon. L’éleveur est satisfait du vote en faveur du Bexit. Il estime que la Grande-Bretagne "est, a été et sera toujours plus forte seule". Pour lui, l’Union européenne était un véritable "gâchis d’argent ", il estime en effet que « l’argent qui sortait de Grande-Bretagne servait surtout à aider les autres pays et pas à aider les Britanniques ». Il se réjouit donc de ce Brexit à venir et de ce "retour d’autonomie" pour la Grande-Bretagne.

Sur le stand juste en face, Stephanie Wilson partage l’avis de son compatriote. Elle estime que "tout allait mal avant, alors un changement ne peut être que positif pour l’Angleterre". Elle attend donc avec impatience les mutations à venir et espère ainsi "tirer son épingle du jeu".

Avis d’expert 1

"Les contraintes réglementaires ne seront pas moins importantes"

"La sortie de l’UE après 25 ans en tant qu’état membre ne peut pas se faire en un jour. On ne sait pas ce que ça va changer sur le long terme. Il est certain que le Brexit va impacter le marché de la viande ovine en Grande-Bretagne. 36 % de la production du secteur ovin est exportée vers Europe. Donc c’est un secteur qui a besoin de l’Union européenne pour survivre. Pour l’instant, le marché de la viande ovine est dopé par la baisse de la livre. Mais cette parenthèse enchantée ne va pas durer et la chute risque d’être rude. Il y a un grand nombre d’agriculteurs qui ont voté pour la sortie de l’Union européenne parce qu’ils pensent qu’en sortant de l’Union les contraintes réglementaires seront moins importantes mais c’est faux. S’ils veulent continuer à exporter de la viande vers l’UE, il faudra bien se soumettre à cette législation."

Avis d’expert 2

"Le gouvernement va devoir prendre ses responsabilités "

"Maintenant que la décision a été prise, nous devons en tirer profit. Nous allons essayer de tout faire pour garder l’accès au marché commun de l’Union européenne. Là où je m’inquiète c’est que les éleveurs ovins sont peu pris en compte, ils n’intéressent pas ou peu le gouvernement. Il va donc aussi falloir que la NSA travaille dur pour faire entendre leurs voix. Je pense que, pour beaucoup, en votant ils ne disaient pas non à l’Union européenne mais non au gouvernement britannique. Jusqu’à maintenant, quand les éleveurs de moutons exprimaient leurs revendications le ministre de l’Agriculture répondait : "mais c’est l’Europe je ne peux rien faire". Et quand la NSA allait à Bruxelles pour essayer de faire changer les choses, on nous répondait que le problème relevait du gouvernement britannique. Ils se renvoient continuellement la balle. La bonne nouvelle c’est que chacun va devoir prendre ses responsabilités."

Les bons conseils des Anglais

L’AHBD (Agriculture and Horticulture Development Board, l’association pour le développement de l’agriculture et de l’horticulture) a livré ses conseils pour permettre aux éleveurs d’améliorer leurs bénéfices. Tous ses conseils sont réunis dans « le Better Return Program », composé d’une série de fiches permettant d’identifier et de réaliser des améliorations dans leurs élevages. Les points clés de ce programme sont la reproduction, les critères de sélections pour l’abattoir (note d'état corporel), la santé et la fertilité, l’alimentation et la qualité des fourrages et enfin les installations et les coûts de production.

En plus des fiches distribuées lors du salon, le stand de l’AHBD proposait quelques mises en pratique : les éleveurs pouvaient palper des mannequins pour estimer les notes d'état corporel, des agneaux de concours pouvaient aussi être évalués, ils pouvaient prendre conseil auprès d’un boucher pour la valorisation des bas morceaux, mais aussi estimer en direct la qualité d’une carcasse.

Petite finale européenne des Ovinpiades

À l’occasion du Sheep Event se tenait la finale européenne des Ovinpiades. La mobilisation des voisins européens s’est avérée difficile. Seule la France était présente au côté des Britanniques. Deux Français ont donc pu y participer au côté des 20 meilleurs Britanniques. Les candidats français, Dylan Lombard et Flavien Olivier, lauréats dans les éditions 2015 et 2016 des Ovinpiades, ont affronté des candidats qui sont pour la plupart de jeunes salariés agricoles ou éleveurs récemment installés donc plus expérimentés que les deux jeunes. Cette finale était composée de cinq épreuves : tri d’agneaux de boucheries, conduite de quad, geste d’élevage (réalisation d’injection, etc.), quizz sur les techniques relatives à l’élevage et la conduite ovine, jugement de l’état corporel de brebis. La compétition a été ardemment disputée et remportée par Richard Carter un jeune anglais, Dylan Lombard a terminé à la 14e place et Flavien Olivier à la 21e position.

Les animaux du salon

Les fameux texels anglais n’étaient pas les seuls à l’honneur lors de ce salon. Au fil des stands, on pouvait croiser des moutons de races françaises, comme le charollais, le roussin, le berrichon et même le rouge de l’ouest, mais aussi des races anglaises rustiques qui sont concernées par des programmes de préservation. Les chiens de troupeaux étaient aussi très présents durant cet événement, avec, notamment, la traditionnelle vente aux enchères.

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