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Bien choisir son conservateur d’herbe

L’ajout d’un conservateur lors de l’ensilage se raisonne en fonction des conditions climatiques, des caractéristiques et de la qualité de l’herbe récoltée.

Même en conditions optimales d'ensilage, le recours à un conservateur d'herbe apporte une bonne garantie s’il est utilisé correctement. © Claas
Même en conditions optimales d'ensilage, le recours à un conservateur d'herbe apporte une bonne garantie s’il est utilisé correctement.
© Claas

Répandus dans les pays nordiques bien plus qu'en France, les conservateurs d’herbe ont démontré leur efficacité technique. En revanche, ce ne sont pas des produits miracle et ils ne remplacent pas les bonnes pratiques de récolte et de réalisation d’un silo d’ensilage d’herbe. « On peut obtenir une conservation correcte sans additifs mais les résultats se montrent plus aléatoires », indique Anthony Uijttewaal d’Arvalis.

La conservation de l’ensilage repose sur une acidification rapide grâce au développement de bactéries lactiques. Les conservateurs doivent faciliter et accélérer cette acidification naturelle au démarrage pour parvenir le plus vite possible à un pH stabilisé. À la clé : moins de pertes de matière sèche, une meilleure préservation des valeurs azotées et énergétiques garantissant la qualité du fourrage et donc une meilleure valorisation par les animaux.

Moins de pertes et plus d’ingestion

Sur le marché, on trouve deux grands types de produits : les conservateurs acides et les conservateurs biologiques.

Les conservateurs acides ont une action directe sur la baisse du pH. L’acide formique a un fort pouvoir acidifiant, tandis que l’acide propionique se révèle davantage un stabilisateur antifongique qu’un acidifiant. Les traitements à base d’acides ont l’avantage d’offrir une efficacité garantie même en conditions de récolte défavorables. Pour les plantes difficiles à ensiler comme la luzerne ou le dactyle, pauvres en sucres et avec un pouvoir tampon élevé, un conservateur acidifiant est d’autant plus utile que les plantes récoltées sont jeunes, et en cas de présence de terre à la récolte. Ces conservateurs ont toutefois mauvaise presse car présentant des risques de corrosion du matériel. « C'était vrai il y a trente ans quand on utilisait encore de l’acide propionique pur, rétorque Christophe Michaut de Perstorp. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car les formules intègrent désormais des acides tamponnés. Par ailleurs, les produits sont soumis réglementairement à des tests de corrosivité ».

Les conservateurs biologiques, à base de bactéries associées ou non à des enzymes, présentent une action moins directe sur la conservation et plus dépendante du fourrage. Il faut distinguer les inoculants à base de bactéries homofermentaires et ceux à base de bactéries hétérofermentaires. Les premiers synthétisent uniquement de l’acide lactique et améliorent la vitesse d’acidification. Les seconds synthétisent de l’acide lactique mais aussi propionique et acétique qui inhibe levures et moisissure. Ils constituent un vaccin contre les échauffements en prévenant les reprises en fermentation à l’ouverture du silo. Les conservateurs biologiques ont un intérêt sur des fourrages ressuyés à préfanés, qui ont concentré suffisamment de sucres. Sans quoi, les bactéries ne pourront pas se multiplier.

"À demi-dose, c'est comme ne rien faire"

« Selon les années, il faut veiller à opter pour un conservateur adapté, en fonction des caractéristiques de la matrice végétale (teneur en sucres, pouvoir tampon), des conditions de récolte (taux de matière sèche) et de l’objectif recherché (acidification, stabilité aérobie), insiste Christophe Michaut. Attention aussi à sa répartition homogène dans la masse, ainsi qu’à son dosage. Il faut taper fort. Travailler à demi-dose, c’est comme ne rien faire », conclut-il.

Combien ça coûte ?

Une dépense qui évite des pertes au silo

« Dans une majorité de situations, le recours à un conservateur à la bonne dose se montre rentable pour l’ensilage d’herbe, avance Anthony Uijttewaal d’Arvalis. Mais à ce jour, il n’y a pas d’étude économique pour mettre en balance le coût et les bénéfices engendrés. »

Au dosage homologué de 3 litres par tonne pour un conservateur acidifiant tamponné, Nutrilac indique « un coût de 6 €/t brute traitée, pour un ensilage qui coûte environ 30 €/t brute ». La société Lallemand estime le coût d’un conservateur biologique entre 2 et 2,5 €/t brute. « Il y a 8 à 10 % d’écart de pertes quantitatives entre un silo d’herbe traité ou non traité. À elle seule, cette différence justifie l’investissement, sans tenir compte des pertes qualitatives liées à la valeur énergétique et protéique, estime Christophe Michaut de Perstorp. Avant de s’interroger sur le coût d’un conservateur, demandons-nous à combien se chiffre la perte de 10 % de fourrages au silo. »

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