Aller au contenu principal

Bergerie de Rambouillet

Trois anniversaires importants en 2016 et un nouveau CS à la la bergerie nationale de Rambouillet. L’occasion de revenir sur son histoire et de prévoir l’avenir avec l’ouverture à venir d’une formation ovine.

La bergerie nationale de Rambouillet a fêté en 2016 trois anniversaires : 230 ans de l’arrivée des Mérinos, 70 ans de la mise au point de l’insémination artificielle et 30 ans de l’ouverture de la ferme pédagogique. Elle a donc été au cœur de l’actualité de cette année mais elle est au centre de l’agriculture française depuis plus de 200 ans. L’origine de la bergerie nationale remonte à 1783 quand le domaine a été acheté par Louis XVI afin d’en faire un domaine de chasse. Il y a aussi fait construire la ferme royale pour expérimenter et travailler au développement de l’agriculture française. En effet, à cette époque, l’agriculture française était en retard par rapport à ses voisins européens. Le premier troupeau arrivé sur le site est un troupeau de vaches suisses. Des expérimentations sont alors menées afin d’améliorer la production laitière française. La ferme a aussi pour objectif de diffuser les connaissances aux agriculteurs français.

La bergerie a continué son évolution au fil des ans et est restée fidèle à sa mission d’expérimentation. C’est encore sur son site qu’a été mise au point en 1946, il y a 70 ans, l’insémination artificielle pour la France. Les employés de la bergerie qui ont participé à ce développement ont aussi fondé les premiers centres d’insémination artificielle français. Aujourd’hui, le centre d’enseignement zootechnique de la bergerie de Rambouillet est un établissement public national qui dépend directement du ministère de l’Agriculture. Le centre compte 110 employés et plusieurs unités qui répondent toujours aux missions de formation, de pédagogie et d’expérimentation pour encourager le développement de l’agriculture française.

Les Mérinos de Rambouillet : un trésor national, un troupeau unique

En octobre 1786, il y a donc 230 ans, un troupeau de 300 Mérinos a été offert à la bergerie par le roi d’Espagne. Les animaux avaient été sélectionnés parmi les dix meilleurs troupeaux de Mérinos. L’Espagne avait en effet à cœur de faire un cadeau de valeur au roi de France, selon Roland Delon, directeur de la bergerie, "ces moutons étaient considérés à l’époque comme un trésor national espagnol". Napoléon Ier s’est intéressé, à son tour, à ces mérinos. Il a souhaité développer cet élevage et le multiplier en France. Son premier geste a donc été de construire de nouvelles bergeries.

Ce troupeau est toujours présent sur le site de la bergerie nationale. Les reproducteurs ont été diffusés partout en France et dans le monde pour améliorer les races lainières. C’est d’ailleurs à partir de ces mérinos de Rambouillet que la race Ile-de-France a été créée. Ils ont même été jusqu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, le marché mondial de la laine s’est appauvri. La demande n’étant plus aux races lainières mais aux races bouchères, les reproducteurs du troupeau de Mérinos de Rambouillet ont donc arrêté de s’exporter.

Depuis son arrivée en 1786, le troupeau est élevé en totale consanguinité. Aucun reproducteur extérieur n’a été amené ce qui en fait un troupeau unique au monde avec un patrimoine génétique singulier. Cette consanguinité est évidemment raisonnée. Il y a donc 30 béliers pour 190 brebis. D’après Fabien Perrot, le chef d’exploitation, "aucun problème majeur n’est à noter sur les moutons". Les Mérinos de Rambouillet servent donc aussi à la recherche scientifique pour évaluer les effets de la consanguinité sur une si longue période.

Les Mérinos de Rambouillet sont conduits en plein air une bonne partie de l’année mais ils sont rentrés en bergerie aux périodes les plus humides. La laine a tendance à tourner au vert à cause de l’humidité qui favorise le développement de micro-organismes. La laine est transformée en France et vendue dans la boutique souvenirs de la bergerie qui permet selon le directeur "de valoriser les produits de qualité" sous forme de plaids par exemple. Nouveauté de cette année la vente sous forme de pelote, le chef d’exploitation confie même que, pour Noël, ils ont prévu « de vendre des kits de tricotage avec de la laine de mérinos, des aiguilles à tricoter et un guide pour apprendre à tricoter ».

Trois troupeaux ovins pour la formation

La mission pédagogique a commencé en 1794 et c’est sur le site de la bergerie qu’est ouverte la première école de berger. Le travail sur la formation et la pédagogie n’a pas cessé depuis. Une ferme pédagogique accueille notamment le public depuis maintenant 30 ans. Le pôle formation est lui composé d’un centre de formation qui compte 300 apprentis et dispense diverses formations pour les métiers du cheval, d’assistant vétérinaire et de production animale et alimentaire.

Pour le directeur Roland Delon, l’objectif est "de continuer à développer l’offre de formation en proposant plus de formations autour des métiers de l’élevage". Le pôle formation est aussi composé d’un CFPPA et, en 2017, il proposera pour la première fois un certificat de spécialisation (CS) ovin. Tous les détails ne sont pas encore réglés mais l’exploitation a déjà fait l’acquisition d’une cage de pesée électronique et d’un parc de contention mobile.

L’exploitation possède un troupeau de 200 Romanes. Elles agnèlent à trois périodes. Désaisonnement et reproduction se font naturellement. Un nouveau schéma de production a été mis en place cette année avec des brebis romanes en race pure ont été croisées avec des Suffolk et des Ile-de-France afin de diminuer la prolificité des Romanes. Les agnelles F1 seront croisées avec des Charollais afin de produire de l’agneau d’herbe. L’objectif est d’avoir des F1 maternelles et adaptées au système herbager afin de produire des agneaux d’herbe et ainsi de diminuer au maximum la complémentation. Ce système permettra de produire des agneaux labellisés agriculture biologique en évitant d’acheter de la complémentation "très chère en bio" selon le chef d’exploitation. La viande d'agneaux est vendue sur le site dans des caissettes sous vide ou au magasin Leclerc de Rambouillet. Si les volumes sont trop importants, elle est parfois vendue à la Cobevim.

Cette nouvelle conduite de troupeaux, la présence de Romanes et des Mérinos de Rambouillet permettront donc aux futurs élèves du CS ovin d’apprendre sur un site avec trois conduites de troupeaux et ainsi de se confronter à des situations diverses pendant leur apprentissage.

Un CS ovin en 2017

Dates clés 

1783 achat du domaine de la bergerie par Louis XVI
1786 arrivée du troupeau de Mérinos à la bergerie nationale
1794 ouverture de la première école de berger française
1946 mise au point de l’insémination artificielle pour la France à la bergerie
1986 ouverture de la ferme pédagogique de la bergerie
2017 ouverture de CS ovin à Rambouillet

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Laurent Loury, sélectionneur ovin
"A cause de la FCO, je vais manquer d’agneaux, de brebis et mes reproductrices sont bloquées sur ma ferme"
Laurent Loury est sélectionneur de brebis Ile de France dans l'Oise. Son troupeau est contaminé par la FCO3, les pertes animales…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre