Au Sommet de l’élevage, les ovins montrent leur modernité
Le Sommet de l’élevage a fêté ses 30 ans d’existence et le pôle ovin a participé à la dynamique de ces trois jours dédiés aux productions animales. Concours, rencontres politiques, démonstrations, tout y était pour un anniversaire réussi.
Le Sommet de l’élevage a fêté ses 30 ans d’existence et le pôle ovin a participé à la dynamique de ces trois jours dédiés aux productions animales. Concours, rencontres politiques, démonstrations, tout y était pour un anniversaire réussi.
Après deux ans d’absence, c’est le grand retour pour le Sommet de l’Élevage, qui fête ses 30 ans cette année. Pour l’occasion, le salon dédié aux productions animales s’est octroyé un jour de plus, soit du 5 au 8 octobre, toujours à la Grande halle d’Auvergne, à Cournon (Puy-de-Dôme) pour accueillir les 93 000 visiteurs. Le site s’est doté d’un nouveau hall en dur, qui a accueilli les exposants liés à l’élevage monogastrique, mais aussi les fabricants de matériel dédié à la traite, à l’enrichissement du milieu et à la transformation agroalimentaire. De quoi inciter les producteurs fermiers à s’intéresser davantage à ce salon.
Dans le hall 5, les petits ruminants se retrouvent en famille. Si la filière caprine est désormais représentée sur le salon, les ovins, eux, sont toujours bien ancrés et s’occupent d’animer à leur façon ce pôle. Entre concours, visites officielles, journées à thème et démonstrations, les visiteurs ont fort à faire ici.
Profitant de la journée supplémentaire du Sommet cette année, le mardi 5 octobre était dédié au pastoralisme. « Nous voulons mettre en lumière le pastoralisme et rappeler que c’est cette pratique qui fait les paysages », souligne Michèle Boudoin, présidente de la FNO et éleveuse auvergnate. Elle souligne également l’activité économique induite par le pastoralisme, avec l’artisanat, le tourisme et les métiers de bouche. « Sans compter que le pastoralisme et les estives représentent une ressource fourragère importante pour les éleveurs qu’il est nécessaire de maintenir », explique-t-elle encore. Jean-Michel Vigier, éleveur de vaches laitières dans le Cantal, a présenté Auvergne Estives, association à but de service pastoral dont il est président. « Nous avons souhaité créer en 2015 une structure à l’image des fédérations d’alpages, qui rassemble les acteurs du pastoralisme, forme un réseau et permet de travailler collectivement sur des projets techniques, sociaux ou plus politiques. » Grâce à l’obtention du tout premier plan pastoral territorial auvergnat, l’association mène plusieurs projets de front, tel que l’abreuvement en estive, le maintien de l’ouverture des milieux, etc. Elle exerce aussi une certaine médiation entre éleveurs/bergers et autres usagers de la montagne.
Avec 28 adhérents aujourd’hui, Auvergne Estives est appelée à prendre de l’ampleur, grâce notamment à l’inscription de la transhumance au patrimoine mondial de l’Unesco. Le dossier devrait être déposé en mars 2022, avec la participation de 10 autres pays (Espagne, Andorre, Luxembourg, Roumanie, etc.). « Outre la fierté que cela représente pour les éleveurs et bergers de voir ainsi leur travail sacralisé, l’inscription va nous permettre de mettre en place des actions concrètes. Un observatoire de transhumance nous permettra de dénombrer plus précisément le nombre d’acteurs engagés dans cette pratique. L’inscription n’a pas vocation à mettre 'sous cloche' la transhumance mais au contraire à l’accompagner dans son évolution à travers la société », éclaircit Fabienne Gilot, responsable du projet transhumance au Coram.
Et la société, ou plutôt les pouvoirs publics était également présents en la personne du ministre de l’Agriculture. Julien Denormandie a pris le temps de discuter avec les différents représentants de la filière ovine. Il s’est montré à l’écoute et compréhensif des problématiques rencontrées par les éleveurs. « Nous avons échangé sur la loi Egalim 2 qui semble en bonne voie avec une vraie volonté de transparence sur les prix, apprécie Michèle Boudoin. Le prix doit être défini à partir du producteur et non l’inverse, nous ne sommes pas les variables d’ajustement. » Les responsables du projet Tricolor ont eu la joie en direct de voir leur demande de subvention par FranceAgriMer signée de la main du ministre, lançant ainsi la campagne visant à valoriser de gros volumes de laine française. Enfin, « pour remédier à la déception autour de l’aide ovine, nous avons convenu d’étudier une manière de récompenser les élevages les plus productifs, qui était un des objectifs de notre plan ovin malheureusement abandonné. »
Les animateurs Inn’Ovin d’Auvergne Rhône-Alpes ont organisé une nouvelle fois les Ovinpiades de découverte toute la journée du jeudi. Dix établissements scolaires agricoles étaient présents et les 183 jeunes ont pu découvrir les manipulations telles que la pesée, le tri et l’évaluation de l’état d’une brebis. « Nous essayons de convier surtout des lycées qui ne sont pas tournés vers l’élevage ovin pour les sensibiliser à la production, explique Rémi Leconte. Montrer qu’on travaille avec des objets connectés permet de casser l’image passéiste que revêt parfois la production ovine. »
Côté créativité, les éleveurs ovins ne sont pas en reste. Le concours d’innovations en élevage ovin à récompenser trois idées originales. Un système d’abreuvement amovible pour les cases d’agnelage à fait l’unanimité. En deuxième place, le Skate Sheep permet à l’éleveur de faire les interventions sur les animaux sans se baisser. En effet, l’innovation consiste un siège bas à roulettes avec plusieurs compartiments de rangement pour le petit matériel, les médicaments permettant de faire les manipulations à hauteur de cornadis.
Enfin la troisième innovation, un peu moins facile à reproduire chez soi et un peu plus coûteuse, concerne l’élevage ovin laitier. Un producteur a installé chez lui un pont de traite ajustable en hauteur. En effet, le fond de la fosse peut monter ou descendre selon la taille du trayeur afin de faciliter la traite et rendre le travail plus confortable.
Question confort de travail, la MSA a mis l’accent sur l’aide apportée par les chiens de conduite. Durant les quatre jours de salon, les démonstrations et mini-concours de chiens de berger se sont enchaînés. L’Institut de l’élevage, partenaire et moteur sur le sujet, a communiqué sur le réseau de formateurs et les nombreuses sessions de formation sur l’ensemble du territoire. La MSA proposait également une borne ludique de réalité augmentée pour apprendre à dresser Idele, le chien de berger virtuel. "Avec des troupeaux de plus en plus grands, des surfaces plus étendues, moins de main-d’œuvre disponible, le chien est une solution pour améliorer les conditions de travail et diminuer les accidents professionnels", expose la MSA.
Le pôle ovin du Sommet de l’élevage a su montrer encore une fois la modernité de la filière, la recherche continuelle d’innovation et son évolution directement liée à la société, aux attentes des consommateurs et aux besoins des éleveurs.