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« Non, les sols agricoles ne sont pas morts ! » : les propos de Charlène Descollonges sur France inter choquent de nombreux agriculteurs

Sur les réseaux sociaux de nombreux agriculteurs réagissent aux propos tenus par la jeune hydrologue interrogée sur les ondes de la radio publique le 14 août à propos de l’agriculture face au changement climatique.

Charlène Descollonges intervenant sur France Inter
Charlène Descollonges, cofondatrice de Pour une hydrologie régénérative, conférencière et auteur, présentée comme hydrologue lors de son intervention le 14 août sur France Inter.
© Capture d'Ecran Youtube (France Inter)

« Non non non les sols agricoles ne sont pas morts » s’emporte face caméra Vincent Guyot, céréalier dans le nord de l’Aisne, montrant un échantillon de ses terres et les galeries qui témoignent de la présence de vers de terre, dans une vidéo diffusée le 14 août sur X. L’agriculteur, membre des Franceagritwittos, répond ainsi aux propos de l’hydrologue Charlène Descollonges tenus le jour même sur France inter tout en demandant un droit de réponse à la chaîne de radio publique.

Interrogée aux côtés notamment de Nicolas Pailloux, président de la Chambre d’Agriculture de l’Indre, et Stéphane Gabard, président du syndicat AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur, sur la collecte de céréales en fort recul en 2024 et des prévisions faibles pour la vendange, par France Inter, Charlène Descollonges a réagi sur le changement climatique qui pèse sur l’agriculture.

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Le modèle agricole français « en retard » face au changement climatique, selon l’hydrologue

Après le témoignage des représentants agricole et viticole sur les conséquences importantes des aléas climatiques sur leur revenu, l’hydrologue s’est exprimée sur la question de l’adaptation de l’agriculture français au changement climatique.

« Evidemment », le modèle agricole français « est en retard » face au changement climatique, a alors déclaré l’hydrologue sur les ondes ajoutant « il n’est pas du tout adapté au futur climat, aussi on n’a jamais pris en considération les sols. On considère les sols comme des supports. Ils sont morts et ils ne sont plus capables d’absorber ces pluies abondantes ». Et de mettre en avant la nécessité de diversifier les cultures (« jusqu’à dix sur une parcelle »), d’allonger les rotations ou encore d’introduire des légumineuses, mettre en place des couverts végétaux, remettre des haies. 

Lire aussi : « La terre n'absorbe plus l'eau parce qu'elle se meurt » : la dégradation des sols filmée dans les Hauts-de-France

Vers des rendements à 50 quintaux plutôt que 110 quintaux

Et d’affirmer la nécessité de revenir sur des rendements moindres « 50 quintaux par hectare comme en bio » au lieu de « 110 quintaux ».

Une déclaration qui a fait beaucoup réagir les agriculteurs sur X, à tel point que le réseau social a ajouté une « mention de contexte » apporté par des lecteurs. « L’invitée est une chercheuse indépendante ne publiant dans des revues scientifiques et qui fait la promotion de fausses sciences ou allant à l’encontre du consensus scientifique », peut-on y lire avec un lien vers le post très critique de Guillaume Limousin, ingénieur agronome et docteur en hydrogéologie, qui rappelle que l’avance de la France dans la recherche et de son application sur le terrain dans le domaine des sols.

Voir nos articles sur le sol

Voir nos articles sur les rotations

Voir nos articles sur les couverts végétaux

« Des sols bien vivants » en agriculture conventionnelle

Ces propos ont poussé de nombreux agriculteurs à prendre la parole sur X notamment pour parler de leurs pratiques agronomiques notamment dans l’agriculture de conservation des sols.

Lire aussi : Agriculture de conservation : quels sont les avantages et inconvénients ?

Quel scandale de dire des choses aussi fausses !

 « Quel scandale de dire des choses aussi fausses […] Les sols sont toujours pris en considération, analysés, étudiés, connus. Et ils sont tous sauf morts, sinon rien ne pousserait », écrit pour sa part Denis Beauchamp, président de Franceagritwittos et responsable céréales au sein d’une coopérative, dans un message liké plus de 500 fois. Et de s’offusquer : « je ne sais pas si Charlène Descollonges se rend compte de la violence de ses propos envers le monde agricole et du mépris à peine dissimulé dont elle fait preuve ». 

Comment Charlène Descollonges répond aux critiques sur LinkedIn

Face à la levée de boucliers sur les réseaux sociaux, Charlène Descollonges réagit ce 16 août sur Linkedin dans une sorte de « mea culpa » auprès des agriculteurs.
« Mea culpa si vous vous êtes sentis agressés, ce n’était pas le but ». «  Il est en revanche bien facile de penser que je suis une parisienne qui vient apprendre la vie aux personnes dont c’est le métier » ajoute-t-elle, affirmant observer dans son métier « certaines (j’ai bien dit certaines) activités agricoles peuvent consommer beaucoup d’eau, épandre des nitrates en excès et des micropolluants contaminant les sols, nappes et rivières pendant des dizaines d’années ». « J’observe tous les désordres occasionnés par le remembrement sur les hydrosystèmes : érosions, assèchement, crues, disparition de zones humides. Et sans jamais s’attaquer à la racine du problème, on mise beaucoup sur des solutions à court-terme qui risquent d’aggraver ces extrêmes hydrologiques plus tard #curage #pesticides #megabassines », écrit-elle encore. 

« Merci aux agriculteurs qui osent changer de modèle »

Affirmant comprendre « que l’agriculture est au carrefour des grands défis sanitaires, climatiques, de l’eau et de la biodiversité » et ressentir « la détresse et la colère des agriculteurs qui se tuent à nous nourrir quotidiennement » elle explique avoir démissionné il y a 4 ans de son poste d'hydrologue et entamé « une formation agricole ». « J’ai travaillé dans des fermes et j’ai rencontré des agriculteurs d’horizons très variés. Je continue à apprendre et plus j’apprends, plus je déconstruis, moins j’ose dire “je sais” », écrit-elle, avant de remercier les agriculteurs « qui osent changer de modèle avec humilité et qui s’engagent avec courage ».

Voir tous nos articles sur l’agriculture de conservation des sols 

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