Moisson 2024 : « météo chaotique », « poussif », « cultures ravagées », les remontées du terrain
Après une campagne pluvieuse et l’annonce de résultats en baisse, les moissons ne redonnent pas le sourire aux agriculteurs en ce mois de juillet. En cause, les intempéries qui rendent la récolte difficile. Sur le terrain, les vidéos témoignent des dégâts les plus spectaculaires. À l’international au contraire, les rendements explosent.
Après une campagne pluvieuse et l’annonce de résultats en baisse, les moissons ne redonnent pas le sourire aux agriculteurs en ce mois de juillet. En cause, les intempéries qui rendent la récolte difficile. Sur le terrain, les vidéos témoignent des dégâts les plus spectaculaires. À l’international au contraire, les rendements explosent.
Dans son tour de plaine du 16 juillet, la rédaction de Réussir Grandes cultures constatait le cumul des difficultés, à la fois baisse de rendements et de la qualité des grains, à l'exception du Sud. Des résultats en grande partie dûs aux pluies continues qui ont affecté les cultures. Or, les aléas climatiques viennent encore troubler la période des moissons.
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Une météo chaotique pendant les travaux
Les orages sur l’Auvergne, les Rhône-Alpes, la Bourgogne et la Champagne-Ardenne a causé de multiples dégâts sur les récoltes, le week-end du 20-21 juillet. Dans le Puy-de-Dôme, Pierre Cohade, installé à Saint-Bonnet-près-Riom, a vu une partie de ses tournesols ravagés « en 20 minutes ».
En Bourgogne, les intempéries ont démarré quelques jours plus tôt et ont entraîné des inondations, comme chez Baptiste Prévotat, agriculteur à Boux-sous-Salmaise, en Côte d’Or.
Déjà, la semaine précédente, le département avait été touché par des orages le 9 juillet, qui avaient endommagé une partie des récoltes. A Massingy-lès-Vitteaux, une parcelle de colza est ainsi dévastée.
Des intempéries qui minent les rendements
La presse locale relaie ces difficultés. Ainsi, dans la Loire, le Progrès fait état d’un « sale temps pour les agriculteurs » du fait des pluies à répétition. « Long », « poussif », « chaotique », sont les termes des responsables de collecte en Ile-de-France, rapportés à nos confrères d’Horizons. Des baisses de rendements sont annoncés pour toutes les cultures, mais le résultat final est difficile à anticiper dans « cette moisson décidément complexe », conclut le journal.
Dans l’Aube, témoignage en vidéo avec la récolte de blé dans une parcelle sale, « reflet de l’année » selon l’agriculteur interviewé par nos confrères de La Revue agricole de l’Aube qui annoncent une hétérogénéité de rendement sur le secteur, entre 50 et 86 q/ha.
Des insectes dans les silos
Partout l’excès d’eau a impacté l’ensemble du cycle des récoltes. Dans les Vosges qui n’a connu que 36 jours sans pluie, les insectes s’invitent dans les silos, « notamment dans les bennes de colza », rapporte Le Paysan vosgien.
Des rendements français chiffrés à la baisse
Le 9 juillet, les services statistiques du ministère de l'Agriculture (Agreste) ont annoncé des prévisions de moissons plus faibles que l’an dernier, mais il semble que le résultat final soit encore plus bas, selon Agrimer.
Les données d’Agreste indiquaient une baisse de 15,4 % par rapport à 2023 de la production de blé tendre, soit un volume de 29,65 Mt ; l’orge perdrait 8% en volume par rapport à 2023, se situant à 11,29 Mt ; le blé dur se stabilise à 1,3 Mt et le colza est en baisse par rapport à 2023, avec une attente de récolte autour de 3,94 Mt.
A lire : Moisson 2024 : la récolte de blé tendre attendue sous les 30 Mt pour la troisième fois en vingt ans
Pluies, adventices et maladies
Début juillet, Arvalis et Intercéréales alertaient sur la baisse du rendement moyen en France cette année : 64q/ha, ce qui représente une baisse de 13 % par rapport à 2023. Ils appréhendaient alors un volume proche de la très mauvaise année 2016.
Les fortes et longues précipitations durant la campagne affectent les rendements et en font, « l’une des plus compliquées à gérer sur une période aussi longue », selon Jean-Pierre Cohan, directeur recherche et développement chez Arvalis. Il détaille les conditions climatiques qui ont affecté les cultures : les pluies continues du semis à la récolte, +40% en moyenne par rapport aux vingt dernières années, une forte pression des adventices et des maladies, et enfin, une baisse du rayonnement (entre -7 et -15 %).
A l’international, des records de volume de production
2 321 Mt de céréales devraient être récoltées dans le monde cette année, selon le Conseil international des céréales (CIC), à date du 18 juillet, ce qui représente une hausse de 1% sur un an.
La production de blé étasunienne notamment a été revue à la hausse, estimée au 12 juillet, à 56,66 Mt. La production de blé mondiale est estimée à 801 Mt en juillet 2024 et celle de maïs, à 1 225 Mt.
A lire : Céréales - Hausse de la prévision de production mondiale de grains selon le CIC
Ces bons rendements à l’échelle internationale font baisser les prix, comme l ‘a montré la revue à la hausse des rendements US qui se sont accompagnés d’une baisse des prix sur le marché français et Euronext, entre le 11 et le 12 juillet, ainsi que le décrypte Benoît Piètrement, président du Conseil spécialisé grandes cultures de France AgriMer.