Poursuite de la chute des prix
Les cours des oléagineux continuent à se replier. Aux États-Unis, les huiles pâtissent de la baisse des cours du pétrole. En Europe, les perspectives d’une récolte plus modeste que prévu ne parviennent plus à soutenir les cours.
En 2011-2012 aux États-Unis, le soja a perdu du terrain face aux céréales, et notamment face au maïs, dans la course aux surfaces, et la récolte va accuser une baisse pour la deuxième année consécutive. Toutes proportions gardées, ce sera encore pire pour la Chine qui, en 3 ans, va perdre plus de 2 millions de tonnes (Mt). Le bilan mondial s’annonce particulièrement tendu durant le premier semestre.
Les nouvelles semblent plus rassurantes pour la seconde partie de la campagne où la production devrait progresser en Amérique du Sud. Au Brésil et en Argentine, les bons rendements et les prix élevés enregistrés en 2010-2011 devraient encourager les agriculteurs à augmenter leurs semis de soja et les récoltes devraient approcher, voire dépasser les records. La production mondiale devrait continuer à croître mais à une vitesse moindre par rapport à celle de la consommation. La tension, même si elle devrait quelque peu se relâcher après l’arrivée des récoltes sud-américaines, ne va donc pas complètement disparaître.
Colza : vers un rationnement des demandes
D’après les estimations récentes, les surfaces consacrées au colza vont progresser au niveau mondial en 2011-2012. Or, compte tenu des mauvaises conditions climatiques, notamment en Europe, la production ne va guère augmenter, sinon de façon très marginale.
La situation est hétérogène selon les régions. L’Europe n’a rien pu faire contre la sécheresse et, aux dernières nouvelles, sa production n’atteindra même pas 19 Mt alors que les besoins de l’UE 27 sont évalués aux alentours de 24 Mt ! Le recours accru aux importations de graines ou d’huile de colza est donc nécessaire. La Russie et surtout l’Ukraine vont être très sollicitées. L’Australie aussi, pour laquelle on prévoit une belle récolte fin 2011-début 2012. Malgré tout, ce ne sera pas suffisant pour satisfaire toutes les demandes. Il va donc falloir les rationner. Parmi les grands pays producteurs exportateurs, le Canada est le seul à enregistrer une hausse significative de récolte. Quant aux importateurs, si l’Inde parvient à maintenir le niveau de sa production, la Chine accuse de nouveau un recul.
Des producteurs russes très entreprenants
Dans ce concert de baisse, le tournesol fait figure d’exception. Les premières estimations font état de hausses de semis dans les principaux pays producteurs de l’hémisphère nord. En Europe, la récolte devrait légèrement augmenter après trois ans de stagnation. Ce sera également le cas de l’Ukraine, qui établit un nouveau record, et surtout de la Russie dont la production, si les chiffres sont exacts, va faire un bond de 30 % ! Les 2,4 Mt d’augmentation de la production mondiale sont, pour une grosse part, dues à la seule récolte russe. Souhaitant profiter au maximum de la fermeté des prix, les producteurs de l’ex-URSS se sont montrés très entreprenants et ont investi dans de nouvelles technologies pour améliorer les rendements.