Plan pesticides : réduire la dépendance
Michel Barnier s'apprête à présenter son plan Ecophyto 2018 qui a pour objectif de répondre à la demande exprimée par Nicolas Sarkozy lors du Grenelle de l'environnement de « réduire l'usage des pesticides de 50% en dix ans, si possible ». A l'occasion du colloque « pomme de terre demain », organisé hier à Paris, Joël Mathurin sous-directeur de la qualité et de la protection des végétaux en a dévoilé quelques éléments et sa philosophie générale. « L'objectif du plan est de réduire la dépendance de la production agricole aux phytosanitaires », a expliqué le représentant du ministère. Reconnaissant devant un parterre de professionnels la pression qu'exerce le mildiou sur la production de pomme de terre, il a ajouté : « cela ne se traduira pas forcément par la disparition des pesticides. On atteindra peut-être pas les 50 % de réduction ». La stratégie du ministère consiste à développer une approche globale de la production végétale. Cela se traduit déjà dans l'organigramme de la direction générale de l'alimentation. Depuis le 1 er juillet, la sous-direction de la qualité et de la protection des végétaux intègre les politiques liées aux semences et aux biotechnologies. Et son directeur ne s'en cache pas : il est convaincu que les biotechs font partie des solutions pour réduire l'usage des pesticides en agriculture.
Epidémio-surveillance
Pour limiter la dépendance aux phytosanitaires, le plan Barnier devrait aussi comporter des mesures visant à mieux surveiller la santé du végétal et l'impact des phytosanitaires sur l'environnement. « Dans le domaine végétal, il n'y a pas de vrai dispositif d'épidémio-surveillance. Jusque-là l'information sanitaire était une information privée. On n'imaginerait pas ça dans le domaine vétérinaire. L'épidémio-surveillance va peser lourd sur le plan du ministre », a dévoilé Joël Mathurin. Cela se traduira notamment dans les prochains jours par le rapprochement du système public d'avertissements agricoles et de celui d'Arvalis, institut du végétal. « Il faut garantir à chaque agriculteur la possibilité d'avoir une information sanitaire fiable et équitable sur l'ensemble du territoire », a expliqué le représentant du ministère aux producteurs de pommes de terre. Il a implicitement critiqué les systèmes concurrentiels développés par les professionnels (coop et groupements de groupements...). Le nouveau dispositif aura davantage un rôle de contrôle, a-t-il par ailleurs précisé.
Si Michel Barnier suit les propositions contenues dans le rapport Paillotin remis mi-juin, des indicateurs nationaux de l'intensité de l'usage des pesticides devraient également être mis en place. Ces indicateurs devraient se baser sur les ventes de pesticides ramenées aux surfaces cultivées. Ces données pourraient être affinées par type de culture grâce à l'indicateur de fréquence de traitement (IFT) qui était de 15,8 hors herbicides pour la pomme de terre en 2008 contre 3,5 en blé tendre et 4,98 en colza.