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Stratégie
Œuf bio : la success-story d'un producteur allemand

En Allemagne du Nord, le groupe EZ Fürstenhof regroupe vingt et une fermes biologiques sur 5 500 hectares. Ses 300 000 poules pondeuses sont élevées avec les poussins mâles pour répondre aux welfaristes.

Alors qu’il était un des plus gros producteurs d’œufs conventionnels allemand, Friedrich Behrens décide d’investir le marché du bio en 2002 avec une double idée : le bien-être animal et l’autonomie. Il construit un modèle d’organisation familiale ombrelle, Erzeugerzusammenschluss (EZ) Fürstenhof, qui agrège désormais vingt et une entreprises agricoles bios distinctes, mais qui travaillent ensemble, dans lesquelles lui ou ses deux filles sont majoritaires : dix-huit fermes, une entreprise de travaux agricole, un couvoir… répartis dans trois länder du nord-est du pays : Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Basse-Saxe et Brandebourg. Les rotations des cultures, principalement pour la production d’aliments pour leurs animaux, sont organisées par le directeur des opérations Christian Littman.

Le concept est simple : du bio de A à Z. Ce qui exige de grandes surfaces agricoles. L’ensemble possède désormais 5 500 hectares, mais le groupe doit encore en trouver 6 000 pour couvrir les besoins alimentaires de l’ensemble de ses animaux. Il projette une croissance de 500 à 600 hectares chaque année par l’achat de fermes ou d’autres montages plus opportunistes comme, en 2017, la reprise des 400 hectares du musée agricole Thünen de Tellow, propriété de l’État de Mecklembourg-Poméranie.

Les premiers œufs pondus en 2003

Le premier bâtiment de poules pondeuses bios en 2003, puis les 300 premiers hectares en 2004 lancent une dynamique jamais démentie. Dès 2005, le groupe construit son premier bâtiment de poulettes et son usine d’aliments pour animaux. Puis la production de pommes de terre se développe pour valoriser les rotations et les trois unités de biogaz démarrent. Pour alimenter ces derniers en effluents complémentaires des fientes de volailles, l’ensemble s’enrichit de fermes avec 1 500 porcs charcutiers et 600 vaches allaitantes. Le groupe produit désormais 300 % de ses besoins en énergie.

« En 2014, nous avons été éclaboussés par le scandale des pesticides dans les tourteaux de tournesol bios ukrainiens. Depuis, nous produisons nos propres tournesols et nous les pressons dans notre usine d’aliments », explique Friedrich Behrens. L’intégration de l’élevage des parentaux, la même année, tient de la même logique : « nous voulions être sûrs que nos poulettes soient bien bios et nous affranchir des prix des poussins d’un jour bios ». Moralité : avec 25 000 parents et son couvoir, le groupe pèse 30 % du marché allemand des œufs bios à couver.

Depuis 2015, les efforts portent sur la réduction de 50 % de l’utilisation de soja au profit de protéines locales, lupins, féveroles, pois et luzerne, qui sont séchées sur le site de l’usine d’aliments. « Notre capacité ne suffit pas pour les besoins de tous nos élevages, d’où notre accord l’an dernier pour environ la moitié de notre consommation d’aliments avec le fabricant d’aliments Ceravis », précise Friedrich Behrens.

Élever les mâles des lignées de ponte

Les consommateurs des pays occidentaux s’émeuvent de la mort des poussins mâles des lignées de pondeuses. Les associations de bien-être animal refusent le sexage de l’embryon dans l’œuf estimant que les mâles ont aussi le droit de vivre. EZ Fürstenhof a donc décidé, en 2013, de lancer son projet « haehnlein » : les frères des poules pondeuses, moins productifs, doivent être élevés plus longtemps que ceux des races à viande et devraient, pour couvrir les coûts, être vendus 32 €, ce qui est impensable même en bio. Pour réduire le différentiel, les œufs de leurs sœurs sont donc vendus 4 centimes d’euro de plus (2,99 € les 6 œufs), somme utilisée pour l’élevage des frères. Approuvée par l’association de welfaristes Geti Wilba, la démarche se développe et la gamme de produits de découpe s’élargit cette année avec huit produits élaborés (saucisson, plats cuisinés…).

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