Nouvelle Pac : l’agriculture biologique laissée sur le bord de la route
Au cours d'une journée d'information qui s'est tenue il y a quelques jours à Angers et organisée par la Chambre régionale d'agriculture des Pays de Loire, les agriculteurs bio ont mesuré à quel point les marges de manœuvre étaient étroites pour leur type d'exploitations dans le contexte de la nouvelle Pac. « La bio n'est pas confortée par les mesures qui seront applicables en 2006, déplore Jean-Luc Drouet, responsable professionnel de la coordination agrobiologique des pays de Loire (Cab). L'aide découplée fondée sur un dispositif de droit à paiement unique (DPU) établie à partir des aides directes perçues entre 2000 et 2002 pénalise les producteurs en agriculture biologique. C'est d'autant plus injuste que Bruxelles a fixé comme objectifs de la nouvelle Pac de renforcer la capacité de l'agriculture à répondre aux demandes de la société en matière de préservation de l'environnement, de la qualité des produits et de développement durable. »
La Chambre régionale, s'appuyant sur son réseau de suivi d'exploitation, a largement étayé ces propos. Les primes perçues en 2000/2002 en système laitier ou naisseur sont évaluées à 300 E/ha maximum en production biologique contre 600 E/ha en conventionnel pour les naisseurs-engraisseurs.
Une question de prix
« La Pac fige le système bovin naisseur bio », explique Patrick Sarzeaud de l'Institut de l'élevage, pour qui la conversion d'un système naisseur extensif à un système naisseur bio demeure encore intéressante à condition que les prix bio ne baissent pas en-dessous de 9 %. Pour les laitiers, le montant des aides perçues en 2000/02 de 265 E/ha donnera droit à un DPU de 250 E/ha.
« L'impact de la réforme sur le revenu dépendra surtout de l'évolution du prix du lait, explique Didier Desarmenien de la chambre d'agriculture de la Mayenne. En prenant l'hypothèse d'un prix de la viande et de céréales constant, un montant des charges stables, le revenu du système bio sera maintenu avec une baisse du prix du lait de 13 % sur l'année 02/03 ».
Jean-Luc Drouet a profité de cette journée pour relancer l'idée d'une rémunération de reconnaissance de la bio, la France étant le seul des 15 anciens pays de l’Union européenne à ne pas l'avoir mise en œuvre. Cette reconnaissance serait basée sur la main d'œuvre et le nombre d'hectare avec une part forfaitaire de 5 000 E/UTH/an et une aide annuelle dégressive en fonction de la main d'œuvre. Détail des propositions : 145 €/ha pour le système naisseur bio, 205 €/ha pour le système lait bio sans maïs, 278 €/ha en lait bio avec maïs et 117 €/ha pour le système céréalier, d’après une étude menée en Sud Vendée.