LME : un rapport digne d’intérêt
Pourtant attendu depuis des mois, le rapport d’audit de la LME des trois économistes (Claire Chambolle, Marie-Laure Allain et Stéphane Turolla) le 20 décembre est passé quasi inaperçu. Il faut dire que sa conclusion annoncée par Bercy – « ce travail met en évidence une baisse des prix à la consommation résultant directement de la mise en œuvre de la LME » – a pu sembler une banalité pour certains. N’est-ce pas ce que dénoncent industriels et agriculteurs depuis la mise en œuvre de la loi en 2008 ? Fallait-il vraiment dix mois pour pondre un rapport confirmant ce que tout le monde sait dans la filière ? Une fois cette impression à chaud passée, feuilleter l’étude de 120 pages permet de voir que les économistes ont eu recours à des formules mathématiques plus ou moins complexes. Ils expliquent en introduction avoir développé « une analyse théorique et empirique originale pour évaluer les effets de la négociabilité des conditions générales de vente sur les prix des produits alimentaires ». Intéressant. La version des acteurs de l’industrie agroalimentaire dénoncée chaque année lors des négociations commerciales est vérifiée par un modèle mathématique, difficilement condamnable par la grande distribution. Les trois économistes montrent que la LME a fait baisser les prix des produits alimentaires de marque nationale de 2,33 % par rapport aux prix des MDD (en analysant les prix entre 2006 et 2010). Certaines catégories de produits sont plus touchées comme les œufs (-5,9 %), les confiseries (-4,57 %), les sucres et édulcorants (-8,53 %), la viande de porc fraîche (-6 %), les chips (-9,39 %) ou les conserves (-4,56 %). Et ce, alors que pour pallier les effets néfastes la loi Galland, qui avait engendré les marges arrières, « il est probable que la loi Dutreil de 2005 ait déjà en grande partie produit l’effet déflationniste attendu [sic !] ». Autre intérêt du rapport : il met en garde le gouvernement contre tout nouveau rapprochement de centrales d’achats et conseille d’exclure forcément de leur périmètre de négociation les PME. Alors ce rapport, commandé par Emmanuel Macron et dont il n’a d’ailleurs pas dit un mot, mérite finalement mieux que d’être passé sous silence pendant les fêtes de fin d’année.