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Légumes d’industrie : pourquoi la survie de la filière est menacée

La canicule estivale de 2022 a laissé place à l’inquiétude de la filière des légumes pour l’industrie. L’interprofession s’implique pour garantir sa pérennité.

De gauche à droite :Cyrille Auguste, président d'Unilet ; Christophe Basile, vice-président d'Unilet ; Jean-Claude Orhan, vice-président d'Unilet et Cécile Le Doaré, directrice générale d'Unilet.
De gauche à droite :Cyrille Auguste, président d'Unilet ; Christophe Basile, vice-président d'Unilet ; Jean-Claude Orhan, vice-président d'Unilet et Cécile Le Doaré, directrice générale d'Unilet.
© V. R.

L’interprofession des légumes en conserve et surgelés a manifesté son inquiétude quant à la filière légumes française en vue du dérèglement climatique et le risque de voir les épisodes de canicule et de sécheresse de l’été 2022 devenir une norme. « La pérennité de nos filières est menacée », avertit Cyrille Auguste, président d’Unilet, lors d’une conférence de presse le 9 février 2023.

La canicule a été néfaste pour la fécondation des plantes, entraînant l’avortement des fleurs et diminuant à la fois rendements et qualités. « Nous avons récolté des volumes de haricots verts 40 % inférieurs par rapport à nos estimations », souligne Jean-Claude Orhan, vice-président d’Unilet. Une part importante des petits pois récoltés étaient trop durs, rendant la transformation très difficile, voire impossible.

Ces baisses de rendement observées perturbent les plannings des usines et entraînent des coûts supplémentaires. L’interprofession veut se faire entendre par l’État et faire modifier la loi sur l’eau, aujourd’hui « restrictive et bloquante », juge Cyrille Auguste. « Il faut reconnaître une priorité pour l’usage de l’eau agricole et industriel, essentiel pour les deux maillons de la chaîne. Pas d’eau, pas de légumes », indique Christophe Basile, vice-président d’Unilet.

Consommation : retour aux habitudes pré-Covid

La consommation de légumes en conserve et surgelés a été marquée par un retour aux habitudes d’avant-Covid. Les foyers français ont acheté plus de 622 millions de conserves en 2022, soit une progression de 3 % par rapport à 2021 (+1 % par rapport à 2019), mais loin des quelque 675 millions de 2020.

Les surgelés ont, quant à eux, poursuivi leur chute, avec plus de 286 000 tonnes vendues, contre près de 300 000 tonnes en 2019 (-1 %), et contre plus de 307 000 tonnes en 2021 (soit -7 %). En 2020, les légumes surgelés avaient titillé la barre des 325 000 tonnes. Avec la canicule estivale, les consommateurs ont privilégié l’achat de produits surgelés sucrés plutôt que salés.

Augmentation des capacités de production d’ici à 2030

Dans le cadre du plan de souveraineté alimentaire lancé par le ministère de l’Agriculture, l’interprofession a dressé un diagnostic de la filière pour définir des ambitions stratégiques et contrer la déstabilisation de la balance commerciale des dix dernières années. « Nous voulons reconquérir nos capacités productives et augmenter la consommation des plus petits consommateurs français de légumes en soutenant toujours la promotion auprès du grand public », affirme Cécile Le Doaré, directrice générale d’Unilet.

En cumulant ces deux niveaux d’ambition, la filière a établi qu’il lui faudrait développer ses capacités de 200 000 tonnes d’ici à 2030. La filière légumes en conserve et surgelés en France produit annuellement un volume moyen de 600 000 tonnes. « Nous devons moderniser nos usines et sollicitons l’aide de l’État pour augmenter les moyens de la recherche pour développer des alternatives aux produits phytosanitaires. Notre secteur doit retrouver le niveau de couverture des besoins des Français qu’il avait il y a dix ans », conclut-elle.

Lancement de la démarche « Les légumiers de demain »

La filière légumes française s’est engagée dans une démarche de responsabilité sociétale baptisée « Les légumiers de demain » qui s’appuie sur trois piliers : privilégier les pratiques durables et environnementales, une rémunération juste pour tous les maillons de la filière, et la production de légumes conformes aux attentes des consommateurs. « Notre compétitivité s’érode. Nous exportons moitié moins qu’il y a 20 ans et importons de plus en plus. Cette démarche fait partie des axes pour contrebalancer ce phénomène », précise Cyrille Auguste. Les professionnels se sont accordés sur dix engagements prioritaires avec des indicateurs de progrès mesurables à horizon 2027.

 

  1. La protection de la biodiversité et des écosystèmes.

  2. Recourir aux intrants agricoles de manière raisonnée.

  3. Préserver les ressources en eau.

  4. S’adapter et devenir résilient face au changement climatique.

  5. Assurer une juste rémunération des acteurs de la filière.

  6. Pérenniser la production légumière française destinée à l’industrie.

  7. Renforcer l’attractivité des métiers de la filière.

  8. Garantir la sûreté et la traçabilité des produits.

  9. Contribuer à une alimentation saine et équilibrée.

  10. Soutenir l’identification de produits responsables, notamment en doublant les achats de légumes sous Siqo.

 

 

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