Le temps des incertitudes
Les fluctuations sont trop fréquentes sur les marchés à terme pour indiquer une tendance définitive à l’orée du changement de campagne. Le retour de la Russie sur le marché mondial et une présence accrue de l’offre mer Noire pourraient en outre bouleverser la donne.
Période du 19 au 24 mai. Les marchés céréaliers restent instables, entre d’une part des facteurs de tendance parfois contradictoires comme la baisse du cours du pétrole ou la hausse du dollar qui auraient pour effet de peser sur les prix à l’international, et d’autre part les préoccupations, voire les inquiétudes de plus en plus fondées sur les conditions climatiques défavorables qui persistent, aux États-Unis aussi bien que dans le Nord de l’Union européenne. Les fluctuations demeurent trop fréquentes sur les marchés à terme pour une indication de tendance définitive à l’orée du changement de campagne. Si l’on considère que la volatilité des prix est plus souvent la conséquence de facteurs extérieurs (financiarisation) au marché proprement dit, les fondamentaux sont quand même les facteurs de tendance les plus solides. Or, au vu de la situation des cultures de céréales à paille dans les grandes zones céréalières de l’UE et des États-Unis, on serait tenté de parier sur la fermeté au plan mondial. Mais on envisage de plus en plus un retour de la Russie sur le marché mondial, bien plus précoce que prévu, et généralement une présence plus importante de l’offre mer Noire. Celle-ci modifierait les équilibres entre pays exportateurs de blé par rapport à l’actuelle campagne, durant laquelle les États-Unis et la France ont dominé les échanges.
Blé : récoltes françaises prévues en baisse
Pour ce qui concerne plus particulièrement la France, la campagne démarrera avec un petit stock de report de blé. Certains observateurs avancent déjà des chiffres de récolte en forte baisse, comme l’analyste Agritel qui table sur une moisson en baisse de 11 %, en raison d’un rendement de 63,5 quintaux par hectare contre 72,5 cette campagne. Ces prévisions précisément chiffrées sont sans doute prématurées, mais sur le fond, plausibles. Ce qui signifie que le disponible exportable français sera très éloigné du record 2010-2011, mais beaucoup moins important pour l’équilibre de notre marché. En attendant, les prix de la prochaine récolte continuent de monter.
Maïs : une année 2011 exceptionnelle
Si les craintes de baisse de récolte sont justifiées pour les céréales à paille, en revanche, les cultures de maïs débutent sous d’excellents auspices en France. Arvalis, institut du végétal, qualifie l’année 2011 d’exceptionnelle. Commencés tôt, les chantiers de semis ont réellement démarré début avril sans interruption jusqu’à aujourd’hui.
Alors que les surfaces de maïs grain augmentent de 8 % dans l’Union européenne, elles s’effritent légèrement en France (- 2 %, soit environ 30 000 hectares). Cependant, prévient Arvalis, tout n’est pas joué : des conditions favorables fin mai-début juin et l’avance des récoltes pourraient inciter des agriculteurs à implanter du maïs en culture dérobée. Pour le moment, le potentiel est intact.