Avis du président d’Inaporc
« La France a une carte à jouer en Chine »
Les Marchés Hebdo : En quoi consiste le partenariat signé entre Inaporc, Interbev et China Meat le 5 juillet dernier ?
Guillaume Roué : Nous avons signé un contrat de collaboration afin de renforcer nos relations commerciales. La France a une carte à jouer, au moment où il existe des tensions politiques importantes entre les États-Unis et la Chine. Notre consommation française de viande de porc est moindre que la production. Il faut bien trouver des débouchés ou alors il faut baisser la production. Je peux vous assurer que certains éleveurs se posent la question. Donc, nous devons développer et fiabiliser nos relations commerciales. Avec ce contrat de collaboration, l’idée est aussi de développer le marketing de nos produits en Chine.
LMH : Qu’en attendez-vous ?
G. R. : À l’heure actuelle, la plupart de nos produits partent en surgelés et ne sont donc pas marketés. Nous voulons mettre en place une collaboration marketing pour nos produits. Enfin, il serait question aussi de rendre plus contractuels nos échanges commerciaux. Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de contrat, il s’agit davantage de fidélité. Nous voudrions que les entreprises nouent des contrats à moyen terme avec des volumes à la clé.
LMH : N’est-il pas trop risqué de ne miser que sur la Chine ? Quels sont vos autres pays cible ?
G. R. : Nous avons travaillé en étroite relation avec la DGAL notamment sur le Mexique qui est très demandeur en raison des taxations américaines. L’Espagne et l’Allemagne y exportent déjà. Mais nous n’avons pas encore trouvé un compromis pour l’agrément, car le Mexique voudrait entre autres le contrôle de toutes les glandes salivaires. Si on fait ça, on divise par deux notre productivité. La DGAL travaille pour trouver rapidement un compromis. Il y a potentiellement un marché de 350 000 tonnes pour l’Europe. Si la France prend sa part, soit 10 %, c’est déjà pas mal. Il y a également l’Australie. Des inspections ont lieu pour que la France obtienne son agrément. Et puis, nous ne désespérons pas de retrouver le marché russe, même si le pays est devenu autosuffisant. Avant l’embargo, il y avait un potentiel de 700 000 tonnes, aujourd’hui, il est de 300 000 tonnes. C’est beaucoup. Nous privilégions la Chine parce que c’est un gros marché, mais il y a également d’autres pays d’Asie du Sud-Est comme le Japon ou la Corée du Sud que nous suivons de près. Nous progressons avec nos moyens.