Des fondamentaux bouleversés
Période du 8 au 15 mai. Dans son rapport publié le 10 mai, le département américain de l’Agriculture (USDA) a confirmé la tendance, pour le blé, des estimations sur l’offre et la demande mondiale de céréales pour la prochaine campagne. En ce qui concerne le blé, l’USDA annonce une production mondiale de l’ordre de 677,6 millions de tonnes (Mt) en 2012, contre 697,6 Mt en 2011, récolte exceptionnelle. Elle se situerait dans une bonne moyenne. L’USDA, comme le Conseil international des céréales (CIC), revoit en baisse ses prévisions de stocks de report à 188,1 Mt, contre 197 Mt fin 2011, ce qui reste globalement très suffisant, mais ce sont chez les grands pays exportateurs que la réduction du stock serait le plus ressenti.
Dans le même temps, FranceAgriMer remonte sa prévision de stock national de 270 000 tonnes, à 2,355 Mt, augmentation à mettre majoritairement sur le compte de la réduction des exportations vers les pays tiers, ramenées de 9 Mt à 8,7 Mt (voir notre édition du 10 mai), compte tenu de la réduction du nombre de prises de certificats et des chargements portuaires (7,8 Mt au 1er mai, contre 11 Mt il y a un an), et du fait que les exportateurs n’avaient pas beaucoup d’affaires en portefeuille, pour l’ancienne et la prochaine récolte. Cependant, la baisse de la monnaie européenne par rapport au dollar pourrait redonner un coup de fouet à l’export. Avec le stock révisé en hausse, la perspective de fin de campagne est moins tendue en France, alors qu’elle est un peu plus serrée sur le plan mondial.
Un stock de maïs américain plus que doublé
Relativement neutre pour le blé, le rapport de l’USDA a eu un fort impact immédiat sur le maïs, moins par la confirmation d’une récolte record prévue depuis longtemps, que par la réévaluation du stock mondial porté de 128 Mt en 2011-2012 à 152 Mt pour la prochaine campagne, avec tout particulièrement un stock aux États-Unis annoncé à 48 Mt contre 22 Mt cette campagne. Leur position de premier producteur et exportateur mondial de maïs explique la réaction du marché à cette information.
Les fondamentaux du marché céréalier en matière d’offre et de demande sont de plus en plus crédibles au fur et à mesure que l’on approche des moissons. Mais leur influence logique sur les marchés et les prix s’estompe aujourd’hui derrière les évènements politiques et financiers.
Tous les facteurs : crise grecque, menaces sur la zone euro, baisse du prix du pétrole, craintes de détérioration de l’économie chinoise, s’ajoutent aux belles perspectives de récoltes pour que les investisseurs adoptent des positions de retrait par rapport aux matières premières agricoles. En France, les prix sont aussi entraînés à la baisse sur les marchés physiques, une tendance qui affecte la vieille comme la prochaine récolte. (voir ci-contre)