De plus en plus de Français consomment du bio
Les représentants de l’Agence Bio arboraient jeudi un large sourire durant la présentation des derniers résultats de leur baromètre réalisé par l’institut CSA. Deuxième du nom, il a mis en avant des chiffres plutôt encourageants pour la filière, en marquant une évolution positive de ces produits comparativement à l’étude réalisée en 2003. Première donnée à être commentée, la pénétration des produits bio s’est améliorée de 7 points en un an, puisque 44 % des Français affirment avoir consommé « au moins un produit bio en 2004 », contre 37 % en 2003. « Il ressort clairement que l’ensemble des acheteurs de bio souhaite maintenir ou développer leur consommation » note Didier Perreol, vice-président de l’Agence Bio. « Les interviewés ont fait ce qu’ils nous avaient dit l’année dernière».
Parmi les produits qui rencontrent le plus de succès figurent en tout premier lieu les fruits et légumes, achetés par 71 % des consommateurs de bio, suivis par les œufs (60 %), et le pain. Le lait et les volailles connaissent une réussite plus modeste. Le motif de satisfaction provient de l’arrivée de nouveaux consommateurs (1/4 en 2004), qui s’ajoute aux 40 % de consommateurs bio qui sont restés fidèles à ces produits d’une année sur l’autre. Pour les 60 % restants, qui se sont tournés vers ce type d’alimentation avant de s’en détourner, c’est le prix qui fait figure de plus gros frein, voire obstacle à la consommation, pour 3/4 d’entre eux. Mais les différents représentants de l’agriculture bio présents (Agence Bio, Synabio et FNAB) sont résolument restés optimistes devant la bonne image dont jouit cette agriculture, puisque 84 % des personnes interrogées ont « spontanément une image positive des produits issus de l’agriculture biologique ». Cette perception touche plusieurs domaines, puisqu’une proportion équivalente de Français considère que le bio contribue à préserver l’environnement, et 74 % qu’il contribue au bien être des animaux. Le goût des produits reste lui moins cité, puisque 61 % des Français se tournent vers le bio pour son impact gustatif.
4 % du marché alimentaire en valeur
Les croyances sur le « bénéfice santé » du bio restent tenaces, avec 92 % des interviewés considérant qu’il contribue à préserver la santé. Devant l’absence d’études scientifiques démontrant le rôle de l’agriculture biologique dans l’amélioration de la santé des individus, Benoît Canis, vice-président de la FNAB (Fédération Nationale de l’agriculture biologique) et producteur tient à relativiser : « Il n’est pas suffisant de manger bio pour être en bonne santé, mais cela y contribue». Si ces éléments restent liés à la perception du public, d’autres faits plus factuels ont marqué l’évolution du bio en 2004, notamment dans les modes de distribution. Les GMS, qui représentaient 72 % des achats l’année dernière, ont perdu 7 points, les Français se tournant de plus en plus vers les magasins spécialisés qui connaissent une belle progression (de 21 à 28 % en un an), bénéficiant de leur offre élargie. « Les grandes surfaces proposent entre 150 et 200 références, contre un chiffre compris entre 4000 et 8000 références dans un magasin spécialisé », explique M. Perreol. Pour M. Canis, la diminution de la fréquentation trouve également ses raisons dans le besoin d’un contact au plus près du lieu de production, qui explique la progression de la vente sur les marchés, surtout pour le lait et les œufs. Souvent taxée d’être en retard par rapport à ses homologues européennes, l’agriculture biologique « doit accélérer et passer à la vitesse supérieure en termes de production », concède M. Perreol. Avec 4 % du marché alimentaire en valeur et 1,8 % de la surface agricole utile, le bio reste marginal. « La faible disponibilité peut être un frein au développement, c’est pourquoi il faut développer les circuits de vente » a ajouté le vice-président de l’Agence Bio.