Économie circulaire
Création d’un consortium pour recycler le polystyrène
Constitué de sociétés agroalimentaires, le Consortium PS25 a vu le jour en juillet 2020 et souhaite monter une filière française de recyclage de polystyrène dans le cadre de l’économie circulaire. La réflexion en est à un stade observatoire, analysant si un tel projet est réalisable.
Sous l’impulsion du secteur des produits laitiers frais représenté par Syndifrais, les sociétés Citeo, Valorplast et plusieurs entreprises agroalimentaires utilisatrices d’emballages en polystyrène ont annoncé la formation du Consortium PS25, dédié à la réflexion sur la mise en place d’une filière recyclage du polystyrène. « Ce collectif concrétise l’objectif fixé pour tous les plastiques mis sur le marché : tous doivent avoir leur filière recyclage d’ici à 2025 », précise Muriel Casé, déléguée générale de Syndifrais. Des sociétés telles que Cooperl, Bigard, Agromousquetaires, Lactalis, le groupe LDC se sont manifestées auprès de Syndifrais et Citeo pour prendre part aux discussions, et font aujourd’hui partie du Consortium PS25. « La démarche est ouverte à tous », précise Sophie Genier, directrice des services recyclage de Citeo.
Le regroupement a été créé en juillet 2020 et, depuis, se réunit tous les quinze jours afin de « mettre en place les bonnes solutions », définir le montant des investissements nécessaires et affirmer définitivement si la création de la filière se fera ou non.
Le Consortium PS25 est ouvert à tous
« Nous sommes en phase observatoire. D’ici début 2021, nous nous positionnerons sur la mise en place officielle ou non du polystyrène en France », annonce Muriel Casé. « De nombreux essais sur la voie mécanique et sur la voie chimique ont été réalisés pendant l’été, nous pourrons dire vers quelle méthode nous nous orienterons d’ici à la fin du semestre », complète Sophie Genier. Le consortium PS25 a validé les technologies utilisées en fonction de la collecte de déchets français, afin de permettre un retour du matériel recyclé vers la fabrication d’emballages alimentaires. « Certaines sociétés de recyclage françaises étudient la question de près. Ils y voient là une opportunité pour développer leur activité », souligne-t-elle.
Un afflux supplémentaire d’emballages en polystyrène
Avec l’extension de la consigne de tri imminente en France, la matière à trier va considérablement augmenter, et amener inévitablement plus de polystyrène. « Seulement les flacons et bouteilles allaient dans la poubelle jaune, mais petit à petit, l’ensemble des emballages iront, y compris les barquettes, les films plastiques, les paquets de gâteaux, de chips… », explique Muriel Casé. Les emballages seront triés par le dispositif industriel des centres de tri. « La matière devra être préparée, avec un lavage avant le broyage. Pour beaucoup de consommateurs, un emballage sale ne peut pas aller dans la poubelle recyclage, ce qui peut freiner l’application de cette extension de consigne », confie Sophie Genier.
Le consortium est aujourd’hui composé d’acteurs qui représentent toute la chaîne de valeur de la filière à mettre en place. « La volonté collective est là, nous sommes sur une bonne dynamique », conclut Muriel Casé.
L’UE en retard dans ses objectifs
La Cour des comptes européenne a appelé mardi 6 octobre les États membres de l’Union européenne à accélérer le recyclage d’emballages en plastique afin de compenser une prochaine restriction des exportations hors d’Europe. Les pots de yaourt et les bouteilles d’eau comptent pour plus de 60 % des déchets plastiques dans l’UE alors que « c’est le type d’emballages dont le taux de recyclage est le plus faible, affichant moins de 40 % », note la Cour dans son rapport. La Commission européenne avait relevé en 2018 ses objectifs de recyclage, ambitionnant d’atteindre 50 % d’ici à 2025 et 55 % en 2030. « L’UE doit inverser la situation actuelle pour atteindre ses objectifs. Aujourd’hui nous incinérons davantage que nous recyclons. C’est un défi colossal », observe Samo Jereb, membre de la Cour des comptes.