Conserves : la menace du « garden pea »
Le Cenaldi, comité économique qui représente les producteurs de légumes industriels destinés à l’appertisation ou la surgélation, déplore la mauvaise récolte 2003 de haricots verts et de pois dans l’une des trois grandes régions spécialisées dans ces cultures, le Sud-Ouest. Cependant, deux autres régions, la Bretagne et le bassin Nord-Picardie-Centre surtout, s’en tirent plutôt bien. C’est ce qui a permis aux industriels d’opérer des transferts pour compenser les sous-réalisations du Sud-Ouest.
Pour les producteurs, la grande préoccupation du moment est le risque de distorsion de concurrence né de la réforme de la politique agricole commune. Le compromis de Luxembourg mettait en principe ces cultures, ne bénéficiant pas d’aides à la production, à l’abri de la concurrence des producteurs de céréales et autres cultures « scopées», qui auraient été tentés par des transferts vers ces cultures dérobées en bénéficiant des primes, dorénavant découplées, attachées à l’exploitation. Les choses se sont gâtées avec la dérogation offerte à l’Allemagne, dans le cadre de la régionalisation, de cultiver des légumes sur des terres primées.
Les Anglais vont s’engouffrer dans la brèche ainsi ouverte et pourraient, dans ces conditions, produire des petits pois avec un avantage de l’ordre de 300 euros à l’hectare sur les producteurs continentaux. Alors que les petits pois français n’ont jamais pu franchir la Manche, les « garden peas » britanniques débarqueraient sur nos côtes avec l’attrait d’un prix qui ne laisserait pas nos conserveurs insensibles.