Bétail : la filière non OGM se développe vers l’Italie
« Coop Italia compte encore développer ses approvisionnements en produits non OGM. Les dirigeants du groupe nous l’ont confirmé la semaine dernière au Salon de l’Agriculture. Ils veulent trouver 300 000 bovins par an dans cette filière. Cela représente un quart des exportations françaises en vif», s’émeut Bernard Chopelin, président de l’Acéqual, une association qui couvre les départements du bassin allaitant et d’Alsace-Lorraine.
Les opérateurs français sont rodés. Avec trois ans au compteur, la filière tourne. Mais, sa montée en puissance suscite quelques angoisses. L’exportateur Michel Roche, directeur général d’EuroFrance, craint un « léger manque » en femelles pour 2004. « La demande hebdomadaire de Coop Italia atteindra 800 femelles et 1 200 mâles en avril. Dans un an, elle sera de 1 200 femelles et 2 800 mâles.» EuroFrance fournit un peu plus de la moitié des volumes. Un autre privé, ParmaFrance, et deux coopératives, UBCE et Sicarev, couvrent une grande partie du reste.
Plus grande sensibilité du consommateur
« Le consommateur transalpin est particulièrement sensible au non OGM, au bio, à l’origine italienne,poursuit-il. On a suivi Coop Italia dans cette voie. Cela n’a pas fait plaisir à tout le monde. Mais, autrement, le distributeur aurait pu se tourner vers les Irlandais ou les Pays de l’Est. »
La mise en place de la filière a été laborieuse. L’Acéqual regroupe 70 fabricants d’aliments du bétail, une quinzaine d’associations d’éleveurs, 17 exportateurs. Un cahier des charges a été élaboré pour chacun des maillons. Celui du Bœuf de Tradition Bouchère (BTB) a d’abord servi de modèle, étant donné la nécessité de qualifier les élevages. Puis, il a été calqué sur la démarche du Broutard Français d’Exportation (BFE). Différence essentielle : l’obligation de nourrir les animaux avec des produits non OGM.
Les FAB réticents
« Les fabricants d’aliments ont d’abord été réticents, signale Bernard Chopelin. La définition d’un seuil de 0,9 %, au-delà duquel le produit doit être étiqueté OGM, a contribué à clarifier la situation.» Selon lui, les fab n’ont aucune difficulté à trouver des matières premières non transgéniques. L’éleveur a donc l’assurance que son bétail a consommé, depuis sa naissance, uniquement des fourrages et de l’aliment concentré non OGM. Le respect du cahier des charges est garanti par des contrôles effectués par les techniciens des associations et par l’organisme certificateur SGS. « Entre l’Italie et la France, le contrôle de la filière n’est pas le même,raconte-t-il. Là-bas, l’organisme certificateur est porteur de la démarche qualité. Chez nous, la filière n’est pas certifiée, mais soumise au contrôle d’un tiers.»
Les fédérations de la Coopération Bétail et Viande (FNCBV) et des commerçants en bestiaux (FFCB) ont elles aussi, un moment, affiché leur méfiance envers le non OGM. Bernard Chopelin justifie sa démarche en soulignant l’intérêt d’une fidélisation de la clientèle. L’éleveur y trouve aussi son compte, avec des plus-values de 26 euros par mâle et de 22 euros par femelle, destinées à couvrir les surcoûts d’alimentation.