Les solutions d’allaitement bio des chevreaux
Les pratiques d’allaitement des chevreaux ont été actualisées par Cap’Pradel et six autres organismes.
Les pratiques d’allaitement des chevreaux ont été actualisées par Cap’Pradel et six autres organismes.
Lors de la restitution du partenariat européen pour l’innovation « technique d’allaitement des chevreaux », les sept partenaires du projet ont dévoilé les résultats de quatre ans d’études. Le Pep caprin, l’Inra, la ferme du Pradel, le lycée de Saint Genest Malifaux, VetAgroSup, le GDS Rhône-Alpes et la chambre d’agriculture de la Drôme ont mis en place des essais sur les sites expérimentaux. En parallèle, des protocoles en laboratoires de recherche et des enquêtes et des suivis ont été réalisés avec des éleveurs. Ce projet s’inscrit dans un contexte d’évolution de la réglementation en élevage bio, qui oblige dorénavant à recourir soit à un aliment d’allaitement bio si celui-ci est disponible, soit à du lait de vache bio, soit à du lait maternel. Or celui-ci peut être à l’origine de la contamination des jeunes, qu’il s’agisse de Caev, de mycoplasmoses ou de paratuberculose. L’équipe de la ferme expérimentale du Pradel et ses partenaires se sont donc chargés de dresser un comparatif zootechnique et économique des différentes solutions qui s’offrent aux éleveurs.
Lait en poudre, lait de vache ou lait maternel
D’une part, ceux-ci peuvent avoir recours au lait en poudre bio, mais cela suggère de s’équiper d’une louve ou d’accepter la charge de travail supplémentaire de la distribution à la main. Le prix n’est également pas négligeable et l’éleveur se trouve dépendant de son fournisseur. Autre possibilité, le recours à du lait de vache acidifié. L’éleveur se charge de l’acidification du lait, doit trouver un fournisseur, mais tout comme le lait en poudre, le lait de vache ne présente pas de risque sanitaire (sauf si le troupeau bovin est porteur de la paratuberculose). Enfin, l’éleveur peut utiliser le lait maternel soit en brut mais cela est vivement déconseillé, soit acidifié ou encore thermisé. Parmi ces trois options, seul le lait maternel thermisé permet d’éliminer les risques de transmission du Caev et de mycoplasmes. Pour la thermisation, il faut investir en plus dans un stérilisateur, soit quelques centaines d’euros pour une version basique d’une capacité de 20 litres à quelques milliers d’euros pour des versions permettant le chauffage et la distribution (type taxi lait) avec une grande capacité. Historiquement, le lait acidifié a d’abord été utilisé en élevage bovin pour réduire les diarrhées chez les veaux. Le lait de chèvre acidifié a visiblement les mêmes vertus sur les chevreaux. En effet, les études réalisées au Pradel ont montré que le lait acidifié (comparable à du yaourt) est plus digeste.
Le lait thermisé est sanitairement sûr
De plus sa distribution à température ambiante et une fois par jour facilite le travail. À noter que l’utilisation du lait maternel permet de valoriser le lait post-colostral (sept premiers jours de traite) non commercialisable. Par contre, elle entraîne ensuite un manque à gagner si le lait maternel est utilisé pendant toute la phase lactée. Les études ont mis en lumière l’absence de réelles différences entre les techniques sur la croissance des chevreaux, le lait maternel et le lait de vache confèrent d’aussi bons GMQ (supérieurs à 180-200 g/j) qu’avec le lait en poudre, avec un bémol pour le lait de vache, compte tenu du faible nombre de références. Pourtant aujourd’hui, seul 15 % des éleveurs (sur les 272 ayant répondu à l’enquête) sécurisent le lait maternel en ayant recours à la thermisation.