Les huiles de friture ne se jettent plus
Après la « baraque à frites » rendue célèbre par « Bienvenue chez les Ch’tis », voici la « baraque à huile ». Les deux pourraient être mitoyennes, ce serait bien utile, mais ce n’est pas le cas pour le moment.
Alors que les premières se trouvent dans le nord de la France et font commerce de produits comestibles, les secondes sont localisées pour le moment dans le Sud-Est, du côté de Grenoble et de Chambéry, et font leur business avec des produits qui ne peuvent plus être mangés.
L’idée des concepteurs de ces cabanes à déchets alimentaires est de recycler les huiles végétales usagées. Pour le moment, seulement 5 % le sont. Les 95 % restants viennent bien souvent polluer l’eau des villes. Mais l’huile, qui ne se mélange pas à l’eau, est capable de former une fine pellicule (1 l d’huile peut recouvrir une surface de 1000 m2 d’eau). L’oxygène ne peut alors plus pénétrer dans l’eau et les bactéries asphyxiées ne peuvent plus faire leur travail de nettoyage de l’eau. Bref, l’huile rend le traitement de l’eau plus difficile… et donc plus coûteux.
Selon les porteurs du projet, 66 millions de litres d’huile alimentaires sont consommées chaque année en France, ce qui constitue un véritable gisement d'huiles usagées qui pourrait devenir source de carburant.
La solution pour éviter ce gaspillage a été trouvée par deux agences de création : 1r design et C+B Lefebvre. Le principe est simple : le seau Olibox collecte, la baraque stocke.
L’opération consiste donc à remplir le seau d’une capacité de 3,5 l, mis gratuitement à disposition des citoyens, et à l’apporter jusqu’au point de collecte, étape intermédiaire avant le départ des huiles alimentaires usagées vers les circuits de valorisation.
La baraque à huile vient d’être récompensée par le label de l’Observeur du design 2018. Une reconnaissance qui devrait permettre à la baraque de s’agrandir. L’objectif est de déployer le dispositif sur l’ensemble du territoire et d’obtenir un label universel pour que le dispositif puisse devenir une borne de collecte, installée près des bennes à verre et autre bennes de tri sélectif.
L’idée de rouler à l’huile de friture n’est pas nouvelle. Certains tracteurs tournent déjà à l’huile de tournesol. Quelques essais sur voiture ont été menés également et un Airbus a même volé pendant 10 h à l’huile de friture en 2014.
Quelques années plus tard, l’économie circulaire tourne plus vite. Les Français recyclent déjà le plastique, le carton, le verre. Pourquoi la collecte d’huile usagée ne ferait-elle pas boule de neige ? C’est pas compliqué. Ch’baraque à huile ché par là !