« Je facilite la reprise de ma ferme ovine »
Dans les dix ans à venir, 61 % des éleveurs ovins prendront leur retraite. Face à ce constat alarmant, Éric Arnould a anticipé son départ en retraite en transmettant progressivement son exploitation, située dans les Vosges.
« J’ai été interdit bancaire les dix premières années suivant mon installation. » En 1983, Éric Arnould a construit son exploitation dans le massif vosgien à Ventron en s’installant hors cadre familial. Un semblant de départ idyllique, mais des aléas techniques et climatiques ont rendu la situation de l’exploitation compliquée.
Sa double activité et son abnégation lui ont permis de surmonter la crise tout en consolidant sa santé financière. Aujourd’hui l’éleveur veut transmettre son troupeau en évitant à son repreneur de reproduire le même schéma.
Un parcours enrichissant
Christophe Holtzer, 26 ans, titulaire d’un BTS ACSE et d’un CS ovin à Mirecourt, a acquis de l’expérience en travaillant dans diverses exploitations agricoles, débouchant sur un mi-temps au sein de deux structures, dont la ferme ovine d’Éric. C’est à cette occasion qu’ils ont tissé un lien fort, évoluant sur une proposition de reprise.
Christophe est fils d’exploitants cependant l’activité de chambre d’hôtes de ses parents ne le motivait pas. Les échanges passionnés sur la filière ovine avec Éric ont conduit Christophe à accepter sa proposition de reprise.
« Acquérir de l’expérience pour mûrir un bon projet d’installation »
En janvier 2023, Christophe se positionne officiellement comme repreneur de l’exploitation d’Éric. Quatre mois plus tard, avec l’aide d’un technicien, ils commencent l’étude et le montage du dossier d’installation.
La réalisation du dossier a été ralentie par de nombreuses contraintes administratives en lien avec l’obligation de sécuriser 75 % de son foncier au moment de l’installation.
Christophe a bénéficié de l’ancienne dotation jeune agriculteur (DJA) comprenant l’aide montagne, accompagnée d’une spécificité haute valeur environnementale (HVE) 3 et vente directe. En raison de la proximité de l’exploitation familiale, il ne perçoit pas le supplément installation hors cadre familial. Un total de 47 000 euros lui a finalement été attribué.
Un prix de transmission raisonné
En raison de son passé compliqué, Éric a souhaité permettre à Christophe de s’installer sereinement. Ainsi, il a basé le coût de reprise non pas sur la valeur patrimoniale de sa structure mais sur sa valeur de reprenabilité. « Il faut que je lui vende à cette somme-là pour qu’il s’en sorte. »
Il souhaite montrer l’exemple pour le renouvellement des générations : « chaque projet doit anticiper des crises éventuelles et assurer une marge de sécurité afin de favoriser l’installation des jeunes ».Christophe s’est donc installé au 1er janvier 2024 en reprenant 74 hectares et 280 brebis. Éric maintient son activité avec 25 hectares et 70 brebis qu’il transmettra au moment de sa retraite. Cela permet d’étaler l’endettement du nouvel installé.
Éric pourra partir en retraite sereinement. « C’est un métier de passion difficile à quitter mais transmettre sa passion et ses connaissances apporte une grande satisfaction ».
Jérome Grosjean, conseiller à l’installation à la Chambre d’Agriculture des Vosges
« Un processus plus serein avec les stages à l’installation »
« L’ancienne version d’obtention de la DJA était complète en termes de pièce à fournir, néanmoins certains documents sont difficiles à avoir… Désormais, la nouvelle DJA est plus souple, celle-ci nécessite moins de formalités facilitant le travail pour le conseiller ainsi que pour le futur installé.
De plus les stages à l’installation vous offrent une remise à niveau d’un point de vue juridique, sécuritaire, technico-économique, une seconde formation spécialisée sur les ressources humaines permet d’appréhender une installation sereine… »