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Coronavirus
[Les éleveurs ovins face au coronavirus – 1] Des annulations et des incertitudes

Face aux mesures de confinement pour tenter d'endiguer l'épidémie de covid-19, les filières agricoles tentent de s'organiser. La filière ovine ne fait pas exception à la règle et nous avons donné la parole aux éleveurs qui font part de leur quotidien dans cette situation exceptionnelle. Témoignage d'un éleveur de brebis allaitantes ardéchois.

Bruno Damiens, éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.
Bruno Damiens, éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.
© D. Hardy

« Depuis hier, les appels des commerciaux se succèdent pour annuler les rendez-vous sur mon exploitation : aliments, fournitures… Bien que les livraisons soient toujours garanties pour l’instant, peut-être avec une incertitude sur le jour de livraison, nous n’avons pas de visibilité à moyen terme. Les fournisseurs nous recommandent d’anticiper nos commandes. Les décisions au niveau de la coopérative se prennent de demi-journée en demi-journée, voire parfois d’heure en heure. Lundi matin, donc avant la mise en œuvre du confinement général, j’ai pu envoyer deux agneaux à l’abattoir. Le chauffeur n’avait pas encore reçu de consignes de biosécurité particulières tout comme moi. On évite simplement les contacts physiques… Du fait de mes responsabilités syndicales et à la coopératives, j’ai beaucoup de monde qui me pose des questions, mais nous sommes tous dans un flou artistique, je n’ai que très peu d’informations.

L’incertitude est principalement sur le marché. Je fais la moitié de mon chiffre d’affaire à Pâques. Sur ma ferme, j’ai près de 250 agneaux qui sont prêts à partir. J’imagine mal reporter leur abattage sur plusieurs semaines, ils seront devenus trop lourds et la dévaluation va gravement me pénaliser. Sans compter le coût d’alimentation supplémentaire que leur stockage sur pied va me demander. Pour l’instant, la coopérative n’a pas fait d’annonce de ce type, elle a même pointé qu’il y avait plus de commandes de la part des commerces de proximité, surtout des bouchers. Mon hypothèse personnelle serait que les gens se tournent de préférence vers les petits commerces, proches de chez eux, plutôt que de prendre la voiture et faire la queue dans les grandes surfaces avec les risques que cela représente. »

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