Méthanisation : le gisement de Cive pourrait être multiplié par sept en France selon une étude
Selon une thèse de l’université de Paris-Saclay, le gisement de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) pourrait être multiplié par sept en France.
Selon une thèse de l’université de Paris-Saclay, le gisement de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) pourrait être multiplié par sept en France.
Avec le développement de la méthanisation, la conduite des cultures intermédiaires change pour produire plus de biomasse. Elles sont fertilisées, potentiellement avec le digestat de méthanisation, et récoltées avant maturité. On parle alors de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive).Il existe un double questionnement concernant les Cive : sur la quantité d’énergie qu’elles peuvent produire à l’échelle nationale et sur les impacts associés à leur intensification.
Le gisement de Cive pourrait monter de 16,7 à 115,1 TWh
La thèse intitulée « Insertion de cultures intermédiaires énergétiques dans les systèmes de cultures en France : évaluation multi-échelles du potentiel de production et des impacts eau-azote-carbone » rédigée par Camille Launay soutient que le gisement Cive pourrait être multiplié par sept en France par rapport aux précédentes estimations réalisées entre autres par l’Ademe en 2021. Il pourrait monter de 16,7 à 115,1 TWh, dépassant largement les précédentes estimations (entre 5,9 et 55,3 TWh).
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Quels impacts environnementaux ?
Concernant les impacts environnementaux, la thèse estime que les Cive sont bien « un levier d'atténuation du changement climatique malgré leur fertilisation et l'augmentation des émissions de N2O associée ». En plus de substituer du gaz fossile par du biométhane, elles stockent plus de carbone dans les sols que les CIMS (culture intermédiaires multiservices) grâce à leur biomasse plus importante fait remarquer Camille Launay qui ajoute qu’elles réduisent la pollution au nitrate mais dans une moindre mesure que les CIPAN (Culture intermédiaire piège à nitrates) car les espèces choisies sont moins efficaces. Elle ajoute : « Il est très probable que les Cive diminuent la production alimentaire en diminuant le rendement des cultures de printemps qui leur succèdent ».
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Augmentation de la consommation d’eau
Les CIMS aussi peuvent impacter négativement le rendement de la culture suivante mais leur gestion plus souple offre plusieurs leviers d'évitement peut-on lire dans la thèse. Selon Camille Launay, l'augmentation de la fertilisation dans les séquences de culture intégrant des Cive diminue l'atténuation de la dépendance aux énergies fossiles et augmente la volatilisation d'ammoniac et donc la pollution de l'air. Elle souligne par ailleurs que les CIMS et les Cive augmentent toutes deux la consommation d’eau, ce qui diminue la recharge potentielle des nappes et aussi la disponibilité de l'eau pour les cultures principales suivantes. L'espèce de couvert utilisée est le premier facteur de variation, puis à même espèce, la quantité de biomasse produite.