25% de méthane en moins grâce à des vaches alimentées en algues
En Australie, la laiterie Ashgrove commercialise du lait produit par des vaches nourries avec de l’huile à base d’algues. Cette alimentation permettrait de réduire la production de méthane de 25 %.
En Australie, la laiterie Ashgrove commercialise du lait produit par des vaches nourries avec de l’huile à base d’algues. Cette alimentation permettrait de réduire la production de méthane de 25 %.
![Les algues destinées à l'alimentation des vaches laitières.](https://medias.reussir.fr/portail-reussir/styles/normal_size/azblob/2024-07/capture_decran_2024-07-24_a_10.03.20.png.webp?itok=7j7kG-TA)
En Tasmanie, une laiterie familiale approvisionne les rayons des supermarchés avec ce qu'elle affirme être « le premier lait de marque au monde produit par des vaches nourries avec une algue », selon Reuters.
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25% de méthane en moins
Les 500 vaches de la ferme australienne Ashgrove sont nourries avec une huile contenant un extrait d’algue. Cette huile permet de réduire le méthane libéré par la digestion des vaches, "nous obtenons une réduction d'environ 25 % du méthane", affirme M. Bennett, copropriétaire de l’entreprise.
Les vaches de la laiterie australienne produisent environ 10 000 litres de lait par jour. Le lait est vendu sous la marque Eco-milk dans les supermarchés de la région. Eco-Milk permet également de vérifier si les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour des produits laitiers ayant un impact moindre sur l'environnement.
La bouteille de lait Eco-milk de deux litres est vendue 5,50 $ australiens (soit environ 3,38 €), ce qui représente 25 cents de plus que le lait standard.
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En France, les algues ne réduisent pas le méthane
En France, le CGAAER a promu les additifs comme solution pour faire baisser les émissions de méthane et comme alternative à la réduction du cheptel. Des chercheurs de l'université de Californie ont démontré en 2021 que l'incorporation d'une faible quantité d'algues dans la ration des vaches pouvait réduire leur émission de méthane de 82 %, ouvrant la voie d'une solution. Toutefois, le projet Méth'Algues, conduit par l'Idele, Ceva, l'Inrae, Timac agro et la ferme expérimentale des Trottinières, de 2021 à 2023, n'a pas permis de démontrer l'efficience des algues récoltées en Bretagne pour réduire la production de méthane des vaches testées. Les algues qui ont montré la plus forte réduction des émissions de méthane (en particulier Asparagopsis sp.) par les ruminants "sont peu ou pas présentes sur les côtes françaises, indique le Centre d'études et de valorisation des algues (Ceva), leur culture doit encore être améliorée pour permettre des productions à grande échelle, et n’est pas toujours autorisée en mer".
La laiterie Bel incite ses éleveurs, depuis 2024, à intégrer un additif dans les rations, via une majoration de 10€/1000l pour les éleveurs qui choisiront d’utiliser le complément alimentaire Bovaer qui vise à réduire les émissions de méthane entérique.
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Soutenir les projets innovants et accélérer la décarbonation
L'élevage représente 12% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales selon la FAO dans un rapport de 2023. L'élevage bovin est la principale responsable avec 62% de ces émissions. En France, l'élevage laitier représente aujourd’hui 6,4 % des émissions nationales de GES, selon le Cniel.
"Si ces produits ne sont pas soutenus, conclut Sam Elsom, le dirigeant de Sea forest, fournisseur des algues du projet australien Eco-milk, les choses reviendront à la normale, et le rythme de la décarbonisation sera beaucoup plus lent".
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