Taxes Trump : quelles sont les exportations françaises de produits laitiers menacées ?
Les États-Unis sont le huitième client de la France en produits laitiers pour une valeur de 350 millions d’euros en 2024. Des taxes américaines affecteraient principalement les exportations de fromages.
Les États-Unis sont le huitième client de la France en produits laitiers pour une valeur de 350 millions d’euros en 2024. Des taxes américaines affecteraient principalement les exportations de fromages.


« Suite à l’élection de Donald Trump, la principale difficulté en vue est le rétablissement de barrières tarifaires sur les produits laitiers européens importés par les USA, et les pertes de marché qui en découleraient pour les exportateurs français », écrit le Cniel dans une note sur la situation des échanges commerciaux entre les deux pays. Des taxes américaines sur les fromages impacteraient la France et l’Italie. Des taxes sur le beurre affecteraient l’Irlande, et pourraient par ricochet perturber le marché européen.
Des exportations de fromages stables en volume
Les États-Unis sont le huitième client en produits laitiers de la France, et son troisième client pays tiers, derrière la Chine et le Royaume-Uni. « En moyenne sur les cinq dernières années, environ 3 % de nos exportations en valeur sont destinées aux États-Unis, soit 284 millions d’euros », expose le Cniel. Sur l’année 2024, ce chiffre a atteint 350 millions d’euros. À titre de comparaison, nos exportations en valeur vers la Chine sont de plus de 630 millions d’euros, en moyenne sur les cinq dernières années.
La France exporte surtout des fromages (notamment brie, emmental, fromage type Saint Paulin), qui représentent deux tiers en valeur des envois français vers les USA. « En volume, nos exportations sont stables ces dix dernières années, entre 20 000 et 25 000 tonnes par an », nuance Jean-Marc Chaumet, du Cniel.
Viennent ensuite les yaourts (près de 15 000 tonnes en 2024), dont les volumes ont été multipliés par six entre 2010 et 2023. « Les USA sont notre quatrième client derrière des pays européens, captant près de 8 % des exportations françaises de yaourts et laits fermentés », ajoute l’économiste.
En troisième position, se trouvent les caséines et caséinates. « Les exportations françaises de caséines avaient augmenté suite à des taxes américaines en 2019 sur des fromages français notamment, ce qui avait permis de compenser en partie la perte due à la diminution des exportations de fromages. Mais depuis 2021, elles stagnent à 5 000 à 6 000 tonnes par an. Enfin, les exportations de beurre français augmentent régulièrement (3 600 t en 2024). Ce sont des beurres conditionnés à valeur ajoutée. »
La France, quatrième fournisseur des USA
Réciproquement, la France est le quatrième fournisseur des États-Unis en produits laitiers, avec 8 % des importations étasuniennes en valeur ces cinq dernières années. En première et deuxième positions, se trouvent la Nouvelle-Zélande et l’Irlande au coude à coude (17 %), suivies de l’Italie (12 %). Depuis 2022, l’Irlande est devenue le premier fournisseur devant la Nouvelle-Zélande. L’Irlande exporte surtout du beurre, l’Italie des fromages. L’Hexagone est le deuxième fournisseur de fromages des États-Unis, avec 11 à 12 % de parts de marché, derrière l’Italie.
L’inflation aggraverait l’effet des taxes
Les fromages haut de gamme pourraient être en mesure de répercuter une plus grande part des droits de douane sur leurs consommateurs américains moins regardants sur le prix, contrairement aux fromages de commodité. Mais compte tenu de la forte inflation qu’ont connue les États-Unis depuis 2021 (+20 % sur les produits alimentaires entre 2021 et 2023), des droits de douane renchériraient encore le coût de l’alimentation aux États-Unis. « La filière se demande si le prix ne va pas devenir trop dissuasif même pour des ménages aisés », souligne Jean-Marc Chaumet.