Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne
Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’angle de la durée du travail hebdomadaire et de sa perception. Les éleveurs enquêtés travaillent 50 heures par semaine, dont 35 heures d’astreinte.
Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’angle de la durée du travail hebdomadaire et de sa perception. Les éleveurs enquêtés travaillent 50 heures par semaine, dont 35 heures d’astreinte.

Le volume horaire d’un élevage laitier est-il figé à 70 heures par semaine, comme cela se dit couramment au sein de la filière ? Cette durée hebdomadaire conséquente soulève des questions face à des jeunes générations aspirant à des amplitudes horaires plus en phase avec le rythme de la société.
Conduite sur l’été 2024, l’étude « Temps de travail » réalisée par la chambre d’agriculture de Bretagne s’est attachée à objectiver le volume de travail global en élevage laitier, que l’on soit en système conventionnel ou en agriculture biologique.
Entre 43 et 63 heures par semaine pour la moitié des élevages laitiers enquêtés
Un échantillon d’exploitations laitières issues des réseaux Inosys Bretagne a été enrichi de groupes d’éleveurs, situés dans le Finistère. Au total, 67 éleveurs ont fait l'objet d'une enquête avec l’outil « Ma calculette temps de travail », qui permet d’évaluer les besoins en temps de travail : travail d’astreinte, travail de saison, temps accordé à la gestion administrative, aux rendez-vous, à la formation et aux autres ateliers de l’exploitation quand ils sont présents.
Dans les exploitations laitières suivies, où le système de production est cohérent et la main-d’œuvre en adéquation avec les besoins, la durée hebdomadaire du travail est en moyenne de 50 heures.
Ce volume de travail varie fortement entre exploitations. Cependant, plus de la moitié des exploitations interrogées se situent entre 43 et 63 heures par semaine. La durée de travail de ces systèmes laitiers est proche de celle des artisans et commerçants, évaluée à 48 heures par semaine par l’Insee en 2016.
35 heures d’astreinte par semaine
70 % de ce volume global de travail, soit 35 heures par semaine, relèvent de l’astreinte. Elle rassemble les tâches que l’on ne peut pas remettre au lendemain pour un atelier lait : traite, alimentation, soins aux animaux, paillage et raclage. Elles sont accomplies tous les jours de la semaine, y compris le week-end.
La traite est le premier poste de cette astreinte. Dans l’échantillon, elle représente 43 % de ce volume horaire. Compte tenu de son importance tant en durée, fréquence, que pénibilité, les éleveurs accordent beaucoup d’attention à trouver des solutions à cette astreinte, notamment pour la gestion de la traite le week-end. Parmi les élevages enquêtés, on retrouve des installations de robot de traite, des conduites en monotraite partielle ou totale.
Une priorité : l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle
En complément, les éleveurs ont répondu à une enquête qualitative sur la perception des conditions de travail. Ils ont évalué leur satisfaction avec une note de 7,4 sur 10. Cette note synthétise un ensemble de questions abordant le volume et la charge de travail, la gestion du stress et la charge mentale, l’ambiance au travail, mais aussi les conditions de travail et la pénibilité.
Dans un contexte laitier favorable, les éleveurs ont répondu à 75 % prioriser l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, devant la recherche de performances économiques, la croissance de l’entreprise et le cadre de travail.
Globalement, ils ont trouvé des solutions à la pénibilité physique grâce à des investissements comme les racleurs automatiques, les robots de traite, les taxis-lait, les boviducs, etc. Ils ont aussi des projets pour alléger l’astreinte. L’ambiance au travail ou les bonnes relations entre les personnes sont aussi des éléments qui donnent satisfaction dans le travail.
Cependant, il reste des insatisfactions. Parmi celles-ci, des exploitants vivent mal la charge mentale liée aux exigences réglementaires : « Elles nous pèsent, avec la peur de l’oubli devant leur complexité, leur nombre. »
Enfin, la prise de congés et de week-end est souhaitée pour pouvoir « souffler » et vivre plus en phase avec le reste de la société. Les éleveurs enquêtés ont soulevé qu’il était plus difficile de se libérer quand l’exploitation est organisée autour d’un couple plutôt qu’au sein d’un collectif, type Gaec. Lors des congés, il faut pouvoir organiser le travail d’astreinte avec moins de moyens humains et donc simplifier les tâches au moins le week-end. Des éleveurs innovent et font évoluer leurs pratiques pour y répondre.
Une exploitation moyenne de 100 hectares, 2,5 UTH et 95 vaches laitières
Profil des 67 exploitations enquêtées dans le cadre de l’étude « Temps de travail » réalisée par la chambre d’agriculture de Bretagne | ||||
Exploitation lait conventionnelle | Exploitation lait biologique | |||
Critères | Échantillon (40 fermes) | Lait spécialisé Cerfrance Bretagne conventionnel 2022-2023 | Échantillon (27 fermes) | Lait spécialisé Cerfrance Bretagne bio 2022-2023 |
SAU | 105 ha | 97 ha | 94 ha | 98 ha |
UTH | 2,5 UTH | 1,9 UTH | 2,4 UTH | 1,7 UTH |
Taille de troupeau | 96 vaches | 84 vaches | 94 vaches | 75 vaches |
Source : chambre d’agriculture de Bretagne |
Chaque élevage enquêté a fait l’objet d’une estimation du besoin en travail sur l’année, basée sur les types de productions (animales et végétales) et sur les moyens mobilisés (nombre d’animaux, surfaces, équipements).
L’échantillon représente des situations très diverses : systèmes laitiers avec robot, traite manuelle, grands troupeaux, systèmes laitiers bio avec plus ou moins de simplification des conduites (monotraite, vêlages groupés, vaches nourrices….). Les structures de ces exploitations conventionnelles et biologiques sont très proches. L’exploitation laitière enquêtée en moyenne valorise peu de culture de vente.
« Ma calculette temps de travail », un outil pour optimiser l'organisation sur l’exploitation
La « calculette temps de travail », élaborée par les chambres d’agriculture, s’appuie sur des repères de temps de travaux par tâche, qui permettent d’estimer le temps de travail annuel sur l’exploitation. Elle évalue le temps d’astreinte, le travail de saison et les activités de gestion administrative, les rendez-vous, les journées techniques et de formation pour l’ensemble des productions de l’exploitation.
Parmi ses fonctionnalités, cet outil permet de visualiser la répartition des tâches au mois le mois. Il est ainsi possible de réfléchir aux solutions les plus adaptées en fonction des objectifs de chaque exploitant. C’est un outil pour chiffrer, évaluer la charge de travail prévisionnel, mieux la connaître et la faire évoluer.
L’accès est libre et gratuit sur https://calculette-travail.chambres-agriculture.fr/area-3.