Aller au contenu principal

Courants parasites en élevage : « Le problème venait de mes racleurs dans le Calvados »

À l’EARL de la Pérouze, dans le Calvados, les soucis de courants parasites ont commencé en 2012. L’année d’implantation de quatre éoliennes et de l’installation de racleurs. Il aura fallu presque dix ans de recherche pour désigner les coupables.

<em class="placeholder">Vincent Guérin, éleveur dans le Calvados</em>
« Les vaches se battaient pour sortir en plein hiver », se rappelle Vincent Guérin.
© J. Pertriaux

De 2012 à 2020, Vincent Guérin s’est accroché : des courants parasites empoisonnent son élevage, sans qu’il arrive à en déceler l’origine. « La situation s’est dégradée petit à petit. J’ai perdu 178 laitières en huit ans. Les vaches faisaient des cellules et des mammites à gogo », rapporte-t-il. En 2012, deux événements interviennent : Vincent Guérin fait installer quatre racleurs dans la stabulation et des éoliennes sont construites dans la vallée à proximité de la ferme.

Fiche élevage

EARL de la Pérouze

1 UTH

90 vaches prim’Holstein et normandes

450 000 l de lait

5 000 l en moyenne d’étable

220 000 cellules de moyenne

105 ha de SAU, dont 15 ha pour des céréales autoconsommées, le reste en herbe

« Nous avons perdu du temps à cause des éoliennes »

Assez rapidement, il observe que les vaches fréquentent moins certaines parties du bâtiment, qu’elles se « battent pour sortir en plein hiver ». L’éleveur fait alors venir « un, puis deux, puis trois puis six ou sept géobiologues en huit ans. Tous sentaient que du courant traversait mon bâtiment mais personne ne trouvait d’où il venait ». Il poursuit : « J’ai fait venir le vétérinaire qui ne comprenait pas ce qu’il se passait dans le troupeau. J’ai changé de nutritionniste. Je me suis beaucoup remis en question. »

Les différents intervenants pointent du doigt les éoliennes. « Je me suis focalisé là-dessus, ça m’a fait perdre beaucoup de temps et d’argent, alors que le problème ne venait pas du tout de là. » Pendant ce temps, les ennuis continuent de s’accumuler. « La moyenne d’étable est descendue à 4 000 litres, soit 20 % de baisse. J’ai reçu un courrier me prévenant d’un possible arrêt de collecte car j’avais trop de cellules. L’hiver, je montais à 525 000 cellules, alors je jetais du lait. J’ai dû licencier mon salarié car je n’avais plus les moyens de le payer. Au printemps, quand les vaches ressortaient, ça allait un peu mieux. »

Les fuites de courant viennent des racleurs

En 2020, Vincent Guérin fait appel à Jean-Claude Deschamps, ingénieur en électricité, dont il entend parler par le bouche-à-oreille. « Il est arrivé, en novembre, avant la traite du matin. Il a fait des mesures et a tout de suite écarté les éoliennes. En revanche, il m’a dit que les fuites de courant venaient de mes racleurs. Au début, je n’y ai pas cru car ils ont été installés neufs, par un professionnel. »

Jean-Claude Deschamps signale un défaut d’isolement de l’armoire électrique des racleurs et conseille à l’éleveur de les faire disjoncter chaque jour après leur utilisation. « Au bout de deux mois, la situation s’est améliorée. Je suis redescendu en cellules, les vaches se sont mises à refréquenter tout le bâtiment. Mais les animaux nés dans ces années-là gardent des séquelles à vie. Je remonte la pente très doucement. »

400 000 euros de préjudice

« Mes bétons sont à la terre, mes tubulaires aussi. Pourtant, les courants parasites circulaient dans tout le bâtiment. L’hiver, le phénomène était amplifié par l’humidité. » Une expertise contradictoire est menée en juin 2021 avec le vendeur du racleur, un représentant de la marque, un cabinet d’expert, Jean-Claude Deschamps… « En tout, nous étions une dizaine. Personne n’a nié le défaut de l’armoire électrique. Et je me suis arrêté là. » Vincent Guérin décide de ne pas aller au judiciaire pour ne pas avoir à passer encore des années à se battre. « En tout, le préjudice pour mon exploitation a été estimé à 400 000 euros par un cabinet d’expertise. Cela comprend les frais engagés pour les différents intervenants, les pertes d’animaux et de production. Mais je n’ai pas les moyens financiers d’engager une procédure judiciaire, vu le peu de prise en charge des assurances. Je tiens bon parce que j’aime mon métier. »

Avis d'expert : Jean-Claude Deschamps, ingénieur en électricité

« Je réalise une multitude de mesures »

 

 
<em class="placeholder">Jean-Claude Deschamps</em>
© J.-C. Deschamps

« Les défauts d’isolement de l’armoire électrique des racleurs ont été trouvés au moyen d’une de mes centrales de mesure. Les éoliennes ont été mises hors de cause à l’issue du résultat des mesures d’agents physiques, notamment le bruit solidien, les bruits aériens infrasons et ultrasons et des tensions spécifiques dans le sol.

Je passe une journée à mesurer. Pour gagner du temps, je demande à l’éleveur d’ouvrir les coffrets électriques pour que je puisse brancher mon analyseur de réseau électrique. Pendant que ma centrale de mesure analyse les paramètres du réseau électrique et les enregistre dans sa mémoire interne, je fais toutes les autres mesures : tensions de pas et de contact, champ électrique, champ électromagnétique. Je fais des mesures pendant que les vaches sont en salle de traite puis quand tout est nettoyé. J’ai besoin d’une à deux heures de coupure d’électricité pour faire les mesures d’isolement. Je facture entre 1 000 et 1 800 € pour un diagnostic complet et la rédaction du rapport d’expertise. »

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Christian et Bernard Le Corre : « Nous cherchons à produire le plus de lait possible avec de l’herbe et sans concentrés. »</em>
Revenu : « Nous dégageons plus de 4 Smic par UMO avec du pâturage toute l’année en système laitier bio dans le Finistère »

Au Gaec Le Corre, dans le Finistère, l’objectif est simple : optimiser la production laitière avec ce qu’offre le…

Carte de la répartition des foyers déclarés de FCO 3 en France, à date du 13 mars 2025.
FCO 3 : moins de 100 foyers en une semaine et libre circulation des bovins sur le territoire national

À date de jeudi 13 mars 2025, le ministère de l'Agriculture annonce 10 410 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3. La…

<em class="placeholder">vache tarie qui mange dans l&#039;auge peseuse de la ferme expérimentale des Trinottières</em>
L'ingestion des vaches taries se dote de nouveaux repères

Les résultats de trois ans d'essais à la ferme expérimentale des Trinottières sur 63 vaches taries prim'Holstein chamboulent…

Cyril Mignon, éleveur laitier dans le Finistère
Monotraite partielle : « À 10h30, l’astreinte de la journée est terminée dans mon élevage laitier du Finistère »

Réduire l’astreinte tout en palliant les annuités liées à son installation, c’est un challenge qu’aimeraient voir aboutir…

Grande championne normande sia 2025
Salon de l’agriculture 2025 : Olande, vache d'Ille-et-Vilaine, grande championne du concours de la race normande

Double championne du Space puis gagnante du national de la race, Olande, vache de race normande, issue du Gaec de la Roche aux…

<em class="placeholder">vache équipée pour mesure de courant électrique continu</em>
Courants parasites : un prototype embarqué sur vache laitière permet de mesurer en continu les courants perçus par l’animal

Les méthodes actuelles de diagnostic électrique, en élevage, ne permettent des mesures qu’à un instant t. C’est pourquoi un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière