Sommet mondial du lait : changement climatique et sécurité alimentaire se travaillent ensemble
Pour limiter les dégâts du changement climatique sur la sécurité alimentaire, les intervenants du Sommet mondial du lait, à Paris, ont plaidé pour des stratégies d’atténuation régionalisées.
Pour limiter les dégâts du changement climatique sur la sécurité alimentaire, les intervenants du Sommet mondial du lait, à Paris, ont plaidé pour des stratégies d’atténuation régionalisées.
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La liste des impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire est longue. Longue car les bouleversements sont nombreux. Longue car ils touchent l’ensemble de la chaîne de valeurs. Le 17 octobre, au Sommet mondial du lait, à Paris, les intervenants ont dressé un état des lieux et esquissé des solutions, dans une approche globale one healt, qui travaille, sans les dissocier, la santé humaine, animale et environnementale.
Le cercle vicieux du changement climatique
« Le changement climatique impacte jusqu’aux microorganismes. Il augmente le risque de maladies infectieuses en altérant les interactions entre les hôtes et les parasites : les hôtes deviennent plus vulnérables à cause de la baisse de leurs défenses immunitaires due au stress », illustre Nicola Lacetera, University of Tuscia, Viterbo, en Italie. Autre exemple : « l’augmentation de la concentration en immunoglobulines dans le colostrum est moindre chez des vaches laitières qui ont trop chaud ». En toile de fond, Nicola Lacetera souligne le risque de résistance aux antibiotiques mais aussi celui de consommer davantage de traitements médicamenteux qui « augmenteraient la contribution des vaches laitières aux émissions de gaz à effet de serre ».
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Le changement climatique va également multiplier les contaminations par pathogènes, alerte, Enda Cummins, de University college Dublin en Irlande, comme la remontée de pathogènes dans les sources d’eau à cause des inondations, l’augmentation du risque mycotoxines dont le développement est favorisé par des températures chaudes et l’humidité, ou encore arrivée des aflatoxines en Europe. « Ce sont les plus dangereuses pour l’homme », prévient Enda Cummins. Le niveau de mycotoxines dans les maïs dépendra des scénarios climatiques.
Un peu plus loin dans la chaîne de production de denrées laitières, Jeanne Marie Membré, de l’Inrae, rappelle que le changement climatique a un effet « direct sur l’écologie microbienne », induisant de « nouvelles spécificités microbiennes » pour le lait cru et donc de potentiels nouveaux dangers. « L’augmentation des températures a un impact sur la chaîne du froid : congélation, transport, stockage distribution », poursuit-elle. La scientifique interroge alors : pour la préserver, faut-il plus de climatisation ? Et donc augmenter la consommation d’énergie et avec elle les émissions de gaz à effet de serre ?
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Quantifier et modéliser les impacts du changement climatique
« Nous devons adopter des stratégies d’atténuation », plaide Jeanne Marie Embré, qui fait référence au réseau Protect, résultat d’une collaboration entre les instituts de onze pays européens. Le réseau a permis de faire émerger des outils de modélisation prédictifs des impacts du changement climatique afin de les quantifier et d’en anticiper les effets. Les trois intervenants s’accordent aussi sur l’importance de développer et d’analyser des scénarios bioclimatiques régionaux pour aider les éleveurs, les vétérinaires et jusqu’aux décideurs à cibler des options d’adaptation et/ou d’atténuation adaptés à des contextes ou systèmes locaux spécifiques. Parmi les conclusions énoncées, celle aussi de faire travailler les ministères – santé, environnement, agriculture – ensemble et de sortir des recherches en silos.
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