Aller au contenu principal

Le vinaigre de cidre, un allié pour la santé des vaches

Produit naturel et peu coûteux, le vinaigre de cidre est utilisé traditionnellement sur le terrain par des éleveurs pour drainer et stimuler le foie de leurs bovins. Peu de travaux scientifiques sont menés pour confirmer cet effet bénéfique.

« Scientifiquement, il y a très peu de données sur le vinaigre de cidre, indique Céline Peudpièce, vétérinaire, consultante innovation en santé et bien-être à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Des travaux récents sur sa composition confirment la présence de polyphénols. Et quelques recherches sur l’homme et le rat montrent un effet sur le métabolisme lipidique, en lien avec le foie. Mais il n’y a rien sur les bovins. » Toutefois le vinaigre de cidre est utilisé traditionnellement par des éleveurs qui en relèvent des effets bénéfiques

Selon Joannick Dorso, vétérinaire spécialiste des médecines complémentaires chez Seenovia, l’apport de vinaigre de cidre aux vaches laitières serait même en augmentation. « Son usage s’est développé dans le cadre du plan Ecoantibio et explose depuis deux ans pour des raisons économiques, observe-t-il. Il ne repose pas sur des travaux scientifiques, mais sur l’expérience d’éleveurs qui trouvent que les vaches sont plus toniques après une cure de vinaigre de cidre, qu’elles présentent plus d’appétit, un plus beau poil et qu’elles boitent moins. »

En cure plusieurs fois par an

L’effet recherché est le drainage du foie. « Le foie est un organe clé chez la vache laitière, souligne Joannick Dorso. Dès qu’il dysfonctionne, l’immunité diminue et les animaux se montrent plus fragiles. Des hépatoprotecteurs existent, mais ils sont coûteux. Des éleveurs se tournent donc vers le vinaigre de cidre, produit peu coûteux qui, empiriquement, aurait un effet de draineur hépatique. » 

Le vinaigre de cidre étant un acide plutôt doux, doté d'un pH de 4,5 – contre 2 pour le vinaigre blanc –, il ne perturbe pas le métabolisme de la vache. L’usage le plus fréquent est un apport sur tout le troupeau à raison de 60 ml par vache et par jour pendant cinq jours, tous les mois ou tous les deux mois, notamment aux périodes clés des transitions alimentaires, des changements de silo, de la mise à l’herbe… ou encore en cas de passage de grippe ou de montée en cellules. 

Le vinaigre de cidre est apporté dans la mélangeuse, sur la ration à l’arrosoir ou dans des bacs en libre-service. « Les éleveurs rapportent qu'au bout d’un an de cette pratique, ils observent que le poil est plus brillant, le blanc plus blanc et le noir plus noir, ce qui pourrait être lié à une modification du sébum qui est une voie d’évacuation des déchets, indique Céline Peudpièce. Ils notent aussi une consommation plus régulière et des transitions facilitées sur des vaches habituellement à problème. » Seenorest recommande aussi des cures de vinaigre de cidre de 200 ml par jour pendant cinq jours sur des animaux à risque tels que les génisses, les vaches grasses avant vêlage ou à risque d’acétonémie. « L’apport de vinaigre de cidre lors de la période de préparation de la mise-bas, période compliquée, peut effectivement se montrer intéressant », confirme Céline Peudpièce. Enfin, un autre usage du vinaigre de cidre concerne l’apport d’une grosse dose en une fois sur des vaches ayant perdu l’appétit, en cas de cellules, d'acétonémie, de problème métabolique, de pneumonie, ou de boiterie… pour réveiller l’immunité. La dose est alors d’un litre de vinaigre dilué dans un litre d’eau ou apporté par drenchage.

Que dit la réglementation ?

La loi interdisant les sulfites en alimentation animale, le vinaigre de cidre doit être acheté chez un fournisseur d’agrofournitures, car celui vendu en supermarché (même bio) contient très souvent des sulfites utilisés comme conservateurs. Les fournisseurs proposent du vinaigre de cidre en bidons de 10 ou 20 litres jusqu’à 220 litres. Le coût varie de 1,5 €/l à 2,5 €/l pour du vinaigre bio. Si l’exploitation comporte des pommiers, il est aussi possible de produire son vinaigre de cidre.

Précailler le lait pour les veaux

 

 
<em class="placeholder">veaux à la buvée</em>
Une cuillerée de vinaigre de cidre par repas pendant deux à trois jours peut prévenir les problèmes de diarrhée chez les veaux. © V. Bargain

Un autre usage du vinaigre de cidre, lié à son acidité, est le précaillage du lait pour favoriser sa digestion par les veaux. « Cet usage est notamment intéressant quand les veaux sont nourris au lait entier, dont le taux de matière grasse peut être très variable », estime Joannick Dorso. L’usage est un apport d'une cuillerée à café à une cuillerée à soupe par repas pendant deux à trois jours en cas de diarrhée ou si le veau semble avoir du mal à digérer. « Le veau reçoit d’abord du colostrum, puis du lait entier, puis parfois du lait en poudre, observe Céline Peudpièce. Il subit donc trois transitions alimentaires en une semaine, ce qui peut favoriser les diarrhées. L’idéal est d’intervenir en prévention. Si les diarrhées surviennent à 8 jours, il faut les anticiper en apportant du vinaigre à 5 jours. » Toujours mettre le vinaigre au fond du seau avant le lait, sinon celui-ci risque de créer de gros grumeaux et de poser problème pour les seaux à tétines.

Avis d’éleveur : Christophe Lefeuvre, éleveur en Loire-Atlantique

« Renforcer l’immunité et faciliter les transitions »

« J’apporte du vinaigre de cidre à mes 110 vaches normandes depuis quinze ans, depuis que je suis en bio. Comme il n’est pas possible en bio d’apporter des vitamines, je distribue du vinaigre de cidre aux vaches pour renforcer leur immunité et faciliter les transitions alimentaires. J'en donne tous les un mois et demi à deux mois à tout le troupeau, en cure d'une semaine, de préférence lors des changements de silo, des changements de saison, et selon la qualité de l’herbe… Le vinaigre de cidre aide à nettoyer le foie et faire en sorte qu’il fonctionne mieux. Je vois que leur état général s’améliore. Parfois j’en apporte aussi au cas par cas, par drogage. Et j’en distribue aux veaux en cas de diarrhée, dilué dans le lait ou par drogage, pendant trois à cinq jours. J’achète le vinaigre de cidre à un fournisseur d’agrofournitures en fûts de 220 litres. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">salle de traite</em>
Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne

Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière