Les veaux élevés « par deux » poussent mieux et sont plus heureux !
Une nouvelle façon d'élever les veaux est testée au Canada en vue d’améliorer leurs conditions d’élevage. Loger les veaux deux par deux plutôt qu’en cases ou niches individuelles dès leur première semaine améliore leur croissance et leur bien-être.
Une nouvelle façon d'élever les veaux est testée au Canada en vue d’améliorer leurs conditions d’élevage. Loger les veaux deux par deux plutôt qu’en cases ou niches individuelles dès leur première semaine améliore leur croissance et leur bien-être.
Avez-vous déjà entendu parler de la technique d’élevage des veaux « par deux » ou « pair housing » ? Cette nouvelle approche du logement des veaux a été présentée par Nina von Keyserlingk de l’Université de Colombie britannique au Canada (UBC) dans le cadre du projet européen Eurodairy, qui soutient le développement des échanges autour de l'innovation en élevages laitiers.
Classiquement, après la naissance, les veaux laitiers rejoignent une case ou une niche individuelle dans le but d’améliorer leur santé et de réduire les maladies, avant d’intégrer une case collective au bout de quelques semaines. « Mais un tel schéma privant le veau de vie sociale dans les jours suivants la naissance n’est-il pas contre-nature ?, s’est interrogée la chercheuse qu travaille sur le sujet depuis une dizaine d’années. Nous nous sommes demandé si un autre mode d’élevage alternatif au logement individuel, plus proche des conditions de vie grégaire des bovins, ne pouvait pas se révéler intéressant tant pour les veaux que pour les éleveurs. »
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Les veaux se stimulent et s’éduquent socialement
Dans les essais, l’équipe a comparé la technique d’élevage en cases individuelles à un logement des veaux élevés deux par deux, dès leur 4ème jour. Les cases doubles disposent d’une surface deux fois plus grande qu’une case individuelle, et chacune est munie de double-équipements (seaux, tétines, abreuvoirs). Différentes séries d’expérimentations ont été conduites. Celles-ci ont amené les chercheurs canadiens à affirmer que loger les veaux par deux dans leur première semaine se montre bénéfique pour leur santé, leur croissance et leur bien-être. « Le fait de bénéficier d’un partenaire dès leur plus jeune âge éduque le veau socialement parlant, et stimule ses apprentissages, en particulier celui de l’alimentation, ainsi que le développement cognitif », explique Nina von Keyserlingk. Ce mode d’élevage rend les veaux moins peureux, plus faciles à gérer, et plus à même de s’adapter aux nouvelles situations et environnements qu’ils rencontrent.
Meilleure tolérance au stress du sevrage
Pendant la phase lactée, les veaux élevés à deux ingèrent notamment davantage d’aliments solides et affichent un GMQ supérieur. « Ils prennent exemple l’un sur l’autre et commencent à manger du concentrés plus précocément que les veaux élevés en solo. » Ils se montrent également moins sensibles au stress au moment du sevrage, ce qui affecte moins leur croissance. « Lorsqu’ils intègrent un groupe, les veaux élevés par deux s’avèrent plus téméraires, notamment pour l’accès au premier repas, comparé aux veaux élevés seuls. » Dans les essais menés, ces derniers restent 50 h avant d’oser prendre leur premier repas (et perdent 5 kg dans les deux premiers jours suivant le regroupement), contre seulement 9 h pour les veaux élevés par deux. De plus, ces derniers affichent un gain de poids très stables comparés aux veaux élevés seuls.
Mais quid des risques sanitaires ? L’élevage par deux semble un compromis entre le sanitaire et le « social », cette solution intermédiaire présentant moins de risques qu’un élevage en case collective à huit veaux ou plus. « Il faut se demander de quel contact les veaux ont-ils besoin car il y a un vrai enjeu technique derrière cette question », conclut Nina von Keyserlingk en invitant les éleveurs à réfléchir aux solutions de mise en œuvre pratiques possibles chez eux. Et de préciser que « l’effet positif lié à la sociabilisation des veaux se retrouve encore, même si c’est à un degré moindre, lorsque celle-ci intervient tardivement deux semaines avant le sevrage ». Une problématique à laquelle il est bon d’être sensibilisé quand on sait que la séparation précoce du veau de sa mère reste un sujet sensible, soumis à la pression sociétale.
Pour en savoir plus
Une vidéo webinar en anglais sur le site d'Eurodairy présente les différents essais réalisés sur le logement des veaux par deux.
Retrouvez aussi le protocole des essais « pair housing » menés par l’équipe de chercheurs canadiens sur le site de l’Institut de l’Elevage.