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Veaux laitiers croisés ou mixtes : les engraisser est-il rentable ?

Les simulations réalisées dans le cadre du projet Valoveau montrent qu’engraisser ses veaux mixtes ou croisés à l’herbe jusqu’à 17-18 mois améliore le résultat courant, avec des situations plus ou moins favorables.

<em class="placeholder">Le type de croisement viande a peu d’impact sur le résultat.</em>
Le type de croisement viande a peu d’impact sur le résultat.
© V. Bargain

« Dans un contexte de tensions sur le veau laitier et d’exportation de petits veaux, Idele et les chambres d’agriculture ont testé la production de bœufs de 17-18 mois pour alimenter le marché restauration hors domicile (RHD) en remplacement de l’import, avec des enjeux de bien-être animal, environnement et qualité des produits » rappelle Jean-Jacques Bertron, d’Idele.

Les essais menés dans le cadre du Cirbeef (Centre d’innovation et de recherche de la ferme des Bouviers), dans le Morbihan, ont permis de mettre au point un itinéraire de production basé à 50 % sur l’herbe, dont la moitié pâturée, permettant d’obtenir en 17-18 mois des carcasses de 300 kg avec suffisamment de persillé, pouvant intéresser la restauration hors domicile.

Une augmentation du résultat en complément du lait

À partir de l’enquête, des simulations d’introduction d’un atelier Valoveau ont été réalisées en 2024 sur quatre cas types existants, spécialisés lait ou lait et viande. L’hypothèse de prix de vente des bœufs Valoveau était de 4,46 €/kgc pour un bœuf normand de 17 mois (le même prix que pour un bœuf normand de 32 mois) et de 5,20 €/kgc pour un bœuf croisé de 17 mois.

Le seul cas où l’introduction d’un atelier d’engraissement Valoveau n’est pas « payante » est quand l’élevage arrête de produire du lait pour se consacrer à la production de bœufs Valoveau à partir de l’achat de veaux croisés de 21 jours (simulation faite avec maintien d’une partie des charges de structure). Dans ce cas, il est crucial de faire une analyse approfondie au cas par cas en fonction entre autres des niveaux des annuités en cours, des adaptations des bâtiments envisagées et de la main-d’œuvre présente.

Dans les trois autres cas, la production de 11 à 35 bœufs Valoveau entraîne une augmentation du résultat courant comprise entre 6 000 et 7 500 €. La faisabilité technico-économique nécessite toutefois certaines adaptations du système. « Il peut être nécessaire de modifier la stratégie de reproduction, en ayant recours à de la semence sexée et au croisement viande et souvent en avançant l’âge au premier vêlage », souligne Christian Veillaux, de la chambre d’agriculture de Bretagne.

Une valorisation « payante » - Simulations de mise en place d'un atelier d'engraissement de veaux laitiers en jeunes bœufs/génisses croisés en complément de l'atelier lait
Système d'origine du cas typeLait spécialisé 70 VL - 602 000 l Grand EstLait spécialisé 72 VL - 664 000 l + 8 génisses amouillantes BretagneLait spécialisé 57 VL - 400 000 l NormandieLait 75 VL - 454 000 l + 20 bœufs 32 mois Normandie
Nouveau systèmeLait + 29 bœufs et génisses ValoveauLait + 11 bœufs Valoveau 74 bœufs Valoveau  + cultures de vente (arrêt du lait)Lait + 35 bœufs Valoveau (normands)
Production laitièreidentiqueidentique- 400 000 lidentique
Production de viande (kg de viande vive) bœufs/génisses14 6615 56137 466+ 18 342
UMO1,5211,5
dont UMO viande0,130,050,370,16
Écart sur EBE+ 12 000 €+ 6 000 €- 31 000 €+ 10 500 €
Écart sur résultat courant+ 7 000 €+ 6 000 €- 31 000 €+ 7 500 €
AvantagesMaîtrise des débouchés des veaux, appoint économiqueSécurité sur la valorisation hors laitRépond à une attente de l’éleveurBaisse du nombre d’animaux, sécurité fourragère
AdaptationsMain-d’œuvre disponible, modifications de la reproduction (sexage, âge au vêlage)Modifications de la reproduction (croisement)Main-d’œuvre à ajuster, réflexion sur le parc bâtiment et matérielPlus de veaux à élever (nurserie), légère adaptation de la conduite du pâturage
Sources : Idele et chambres d'agriculture (Bretagne, Normandie, Grand Est)

Un itinéraire simple d’engraissement des veaux laitiers

Les performances techniques (mortalité, GMQ) sont également déterminantes. Des adaptations peuvent être nécessaires sur la main-d’œuvre, le parc bâtiment et matériel et la conduite du pâturage.

« Dans la plupart des cas, la production de bœufs Valoveau peut s’inscrire dans le projet global d’éleveurs, avec un réel intérêt économique, résume Christian Veillaux. Elle permet de valoriser les fourrages de l’exploitation avec des animaux jeunes et efficients et avec une conduite proche de celle des génisses de renouvellement en vêlage 24 mois. Elle raccourcit le cycle de production des bœufs traditionnels de trois ans. Et elle permet de maîtriser le devenir de ses veaux mâles. »

Faible impact du type de croisement sur les performances d’engraissement

Les veaux engraissés dans trois simulations étaient des veaux prim’Holstein croisés avec différents taureaux viande. « Les essais au Cirbeef montrent qu’il y a peu d’impact du type de croisement viande sur les performances, précise Christian Veillaux. Les races ayant le gène culard présentent des carcasses un peu plus conformées. À l’inverse, les races précoces ressortent avec une viande légèrement plus persillée. Mais les écarts sont plus importants au sein d’un croisement qu’entre croisements. »

La simulation sur l’engraissement de veaux normands visait à étudier l’impact d’un rajeunissement de la conduite des bœufs normands à 17-18 mois contre 32 mois actuellement. « Le résultat est favorable au rajeunissement. Globalement, tous les veaux de races mixtes peuvent être engraissés selon le schéma mis au point au Cirbeef pour alimenter ce segment de marché. »

En savoir plus

Le Cirbeef organise le 19 juin 2025 une journée portes-ouvertes « Valoriser les veaux laitiers pour produire de la viande rouge, une voie d’avenir ? »

 

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