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Éleveur laitier en Pologne : « Je vends mon lait 480 euros les 1 000 litres »

En Pologne, l’élevage laitier de Jerzy Wawrzynczak ressemble beaucoup à un système français. Il partage les mêmes problématiques de climat et d’augmentation des charges.

<em class="placeholder">Jerzy Wawrzynczak, éleveur laitier polonais</em>
Jerzy Wawrzynczak : « Nos vaches produisent une moyenne 13 000 litres sur 305 jours de lactation avec deux traites par jour. »
© S. Bourgeois

La ferme de Jerzy Wawrzynczak est familiale. « Mes parents détenaient 14 hectares jusque dans les années 80, et nous faisions des volailles, des porcs et du lait », présente Jerzy Wawrzynczak, à l’occasion d’une visite d’un groupe d’éleveurs français organisée par Feder Coop. L’élevage a évolué au rythme des grandes étapes de l’histoire de la Pologne : la chute du mur de Berlin en 1989 et l’entrée dans l’Union européenne en 2004. « En 1990, mon père a signé son premier prêt pour acheter un tracteur. En 2003, nous avons construit le bâtiment des laitières », retrace l’éleveur.

<em class="placeholder">bâtiment vaches laitières en Pologne</em>
Le bâtiment datant de 2003 est très bien isolé et équipé de ventilateurs. © S. Bourgeois

Un parcours de prairies autour du bâtiment

Sur la commune de Stupsk, en Mazovie (centre-est de la Pologne), les sols de ce grand plateau sont limoneux et sablonneux. Leur potentiel n’est « pas très bon ». « L’an dernier, nous avons récolté pour les céréales en moyenne 65 qx/ha. Cette année, c’est 45 qx à cause de la pluviométrie. » Les céréales constituent la base énergétique du concentré fermier distribué aux vaches laitières. Une petite partie est vendue. Une trentaine d’hectares de maïs sont semés chaque année. Un tiers est récolté en grain (potentiel 100 qx/ha) puis stocké en maïs grain humide. Le reste est ensilé. Les prairies sont récoltées pour de l’ensilage, de l’enrubannage et du foin.

<em class="placeholder">Prairie en Pologne</em>
Une quarantaine d’hectares de prairies sont récoltés et une trentaine d’hectares de maïs sont cultivés. © S. Bourgeois

La ration de base des vaches laitières (1 kilo de paille, 12 kilos d’ensilage herbe, 22 à 24 kilos d’ensilage de maïs) distribuée à la mélangeuse est équilibrée pour une production de 32 litres, avec des tourteaux de soja et colza et un tourteau gras à 50 % de MG. Cette ration reste la même toute l’année. Elles accèdent à un parcours de prairies autour du bâtiment. L’insémination est réalisée avec des semences sexées femelles. Un taureau assure le rattrapage. Les génisses sont mises à la reproduction en moyenne à l’âge de 13 mois. « La génétique est canadienne. Je vends une partie des génisses pour la reproduction », précise l’éleveur.

<em class="placeholder">tracteurs et remorques en Pologne</em>
Jerzy Wawrzynczak possède trois tracteurs. Il fait lui-même ses semis, mais délègue une bonne partie des travaux à des entreprises. Il utilise toujours le premier tracteur acheté par son père en 1990, qui est très soigneusement entretenu. © S. Bourgeois
 
<em class="placeholder">tracteur de 1990 toujours utilisé en Pologne</em>
Jerzy Wawrzynczak possède trois tracteurs. Il fait lui-même ses semis, mais délègue une bonne partie des travaux à des entreprises. Il utilise toujours le premier tracteur acheté par son père en 1990, qui est très soigneusement entretenu. © S. Bourgeois

Des résultats économiques « satisfaisants »

Après avoir travaillé pendant dix ans avec Danone, Jerzy Wawrzynczak livre désormais le lait à une coopérative qui le transforme en fromage à pâte dure et mozzarella. En septembre 2024, le prix du lait était de 480 euros/1 000 litres. « En ce moment, les coopératives manquent de lait. On peut produire plus. » En 2022, lorsque les prix des produits laitiers flambaient, les 1 000 litres avaient même atteint les 650 € pour certains éleveurs polonais.

L’éleveur ne se plaint pas de ses résultats économiques. Il se classe parmi les meilleurs de sa région sur le critère de la rentabilité. Pour lui, la taille de son exploitation est moyenne et pour être vraiment efficace économiquement, il faudrait qu’elle soit plus grande. L’inflation - qui était en août 2024 de 4,3 % en Pologne, après environ 12 % sur l’année 2023 et 14 % en 2022 - grignote ses résultats. Jerzy Wawrzynczak estime aussi qu’avec le changement climatique, ses résultats sont moins réguliers. « Je fais davantage de semis d’automne et moins au printemps. Si les vêlages restent répartis sur l’année, j’ai éliminé ceux durant les mois d’été les plus chauds… »

Un modèle agricole toujours marqué par sa dualité

Le modèle agricole de la Pologne reste marqué par sa dualité, avec 90 % des exploitations de moins de 20 hectares et, en parallèle, un petit nombre de très grandes structures. En 2022, l’effectif de vaches laitières avoisinait deux millions de têtes. Quinze millions de tonnes de lait étaient collectées.

Via la PAC, les éleveurs polonais peuvent bénéficier d’un paiement couplé pour les vaches laitières estimé à 96 €/animal, d’un paiement redistributif de 40 €/ha sur les 30 premiers hectares, et d’ICHN en zone classée. Un écorégime bien-être animal a été mis en place sur un système de points.

Fiche élevage

75 vaches prim’Holstein à 13 000 litres sur 305 jours de lactation

120 hectares dont 40 ha de prairies et 30 ha de maïs

L’éleveur travaille avec sa femme et un salarié

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