Jacquet-Brossard
Le groupe coopératif agricole Limagrain affiche de grandes ambitions
La nouvelle entité, spécialisée en boulangerie-pâtisserie industrielle, projette de doubler son activité à « 500 M€ à l’horizon cinq ans ».
EN JUIN DERNIER, Limagrain rachetait Brossard pour créer le groupe Jacquet-Brossard afin de gagner des parts de marché au sein de la grande distribution française, mais aussi à l’international. Fort de son métier de semencier, Limagrain compte bien faire profiter de son savoir-faire à sa branche Boulangerie-Pâtisserie, mais dans des proportions qui restent limitées.
Les agriculteurs grands absents de cette nouvelle entité industrielle
« Limagrain ambitionne à long terme de faire de Jacquet-Brossard un acteur issu du monde agricole et leader sur le marché de la boulangerie-pâtisserie au plan international », a lancé le directeur général de Limagrain, Daniel Chéron, lors d’une conférence de presse le mardi 20 septembre. Avec un chiffre d’affaires de 252 M€ sur l’exercice 2011 (arrêté au mois de juin), le groupe Jacquet-Brossard ainsi créé ambitionne en effet de doubler son activité à « 500 M€ à l’horizon cinq ans ». Mais ceci tout en gardant « une vision à long terme par la nature même de notre statut coopératif », précise Daniel Chéron.
Car avant d’être un groupe de boulangerie industrielle, Limagrain est surtout un semencier spécialisé dans les grandes cultures et les semences potagères dont l’actionnariat est détenu par des coopératives. Mais s’ils sont représentés dans le conseil d’administration du semencier, les agriculteurs sont absents de cette nouvelle entité renommée Jacquet-Brossard. « Ils ne sont pas impliqués dans la fusion en termes actionnariaux, et nous ne les avons pas sollicités pour la reprise de Brossard », confirme Daniel Chéron, tout en précisant que la décision de rachat partait d’« un choix profond du conseil d’administration ».
Une recherche performante pour la création de nouveaux produits
Avec un semencier qui investit beaucoup dans la recherche et le développement, l’acquisition d’entreprises de boulangerie industrielle par une coopérative semble logique. « Nous disposons d’une recherche performante pour la création de nouveaux produits et la mise au point de process de fabrication innovants. Notre maîtrise des filières et la notoriété de nos marques, conjuguées à notre expertise internationale en termes de développement, nous permettent de disposer d’atouts précieux », enchérit Daniel Chéron.
Brossard a d’ailleurs déjà pu bénéficier de ces atouts technologiques. Ainsi la variété de blé “Waxy”, développée par le semencier et qui permet de diminuer le taux de matière grasse des produits qu’il compose, est d’ores est déjà utilisée pour fabriquer les pains de la marque. Chez Jacquet, les exemples existent également. Alors que la farine pour constituer le pain hamburger provenait jusqu’alors exclusivement du Canada, « grâce aux recherches et aux innovations de Limagrain, Jacquet a pu reconstituer le même pain. Désormais toutes nos farines pour ce type de pain proviennent de Limagrain », argumentait Emmanuel Aimond, directeur général de la branche Boulangerie-Pâtisserie.
Un approvisionnement limité des filiales par le goupe coopératif Limagrain
Et pourtant, l’approvisionnement en matières premières en provenance de Limagrain reste très limité pour Jacquet-Brossard. « Brossard, c’est totalement à la marge des ventes pour Limagrain. Aujourd’hui, Brossard n’a pas d’approvisionnement en Auvergne et rien n’est prévu. L’usine étant à Pithiviers, nous allons nous appuyer sur les coopératives régionales pour produire le blé correspondant aux besoins de Brossard », explique Daniel Chéron. En ce qui concerne Jacquet, dans le groupe depuis 1995, sur les 9 sites de production de la marque, seule l’usine située à Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme) profite actuellement de son rattachement à Limagrain en termes d’approvisionnement.