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Stockage et transformation des céréales : des innovations technologiques pour gagner en compétitivité

Classer les lots à réception en fonction du risque Hagberg, estimer le risque mycotoxines, trier les grains selon leur teneur en protéines, optimiser la logistique et les ventes… Les nouvelles offres de service permettent aux organismes stockeurs, aux meuniers et autres utilisateurs de grains de garantir leur marge commerciale.

Flux de blé sur un tapis roulant
La technologie BoMill Insight permet de segmenter et ainsi de trouver des débouchés pour chaque grain en fonction de son taux de protéique.
© Lucile Legaignoux

Dans un contexte marqué par les incertitudes sur les marchés céréaliers et une concurrence internationale accrue, les acteurs des grains doivent sans cesse renforcer leur compétitivité tout en garantissant la qualité des productions en filière. Plusieurs leviers étaient présentés lors des 74es Journées techniques des industries céréalières (JTIC), les 6 et 7 à La Rochelle.

Lire aussi : Les industries céréalières créent leur vitrine de l’innovation aux JTIC

Optimiser les plans de contrôle

Foss a développé une calibration pour classer les lots à réception en fonction du risque Hagberg. Proposé sur les appareils d’analyse rapide des grains Infratec, elle permet une segmentation inférieure ou supérieure à 220 s de temps de chute d’Hagberg, la limite commerciale. « Le but de l'outil n'est pas de remplacer la méthode de référence mais de savoir, en 50 secondes, s'il est nécessaire de contrôler le temps de chute et ainsi d’alloter plus rapidement », explique Xavier Hais, responsable produits sur le marché agricole de Foss. Cela évite de mener inutilement des analyses. Ce test prend 20 minutes, immobilise du personnel et du matériel pour un coût de 10 €/unité environ. Confié à un laboratoire, la note monte à 30 €. « Sur une année à risque si vous avez 3000 analyses de temps de chute d’Hagberg à mener, si seules 1500 sont nécessaires, l’économie atteindrait 15 000 euros pour un seul silo. » L’application est proposée sous forme de licence annuelle qui peut être activée selon le risque de la campagne.

Lire aussi : Blés tendres meuniers 2024 : une récolte de qualité malgré tous les signaux négatifs

Le recours des organismes stockeurs à Qualimètre, qui fournit des estimations du risque mycotoxines sur le blé tendre et le blé dur à la parcelle avant récolte, sur la base des données agronomiques et météorologiques, aide aussi les collecteurs à optimiser leurs plans de surveillance. L’outil, lancé en 2004 par Syngenta, propose désormais des cartographies pour mieux visualiser et cibler le risque et garantir la sécurité sanitaire de la filière. L’outil appréhende aussi certaines mycotoxines sur maïs.

Lire aussi : Des mycotoxines sont présentes dans 95 % des céréales et fourrages européens

Valoriser chaque grain à sa juste valeur

Un champ de blé de 11 % de protéines en moyenne présente en réalité des grains avec des teneurs entre 9 % à 13 %. « Cette disparité se retrouve dans un lot de plusieurs tonnes », explique Stéphane Doucet, directeur commercial de Tripette et Renaud, qui commercialise BoMill Insight, une technologie permettant de trouver des débouchés pour chaque grain en fonction de son taux de protéique. Le passage au spectre proche infrarouge par transmission permet d’analyser individuellement ses propriétés internes. Il est alors possible de segmenter le lot en fractions homogènes qui vont être valorisées différemment.

Pour un meunier par exemple, cet outil, souvent implanté après le pré-nettoyage, permet d’uniformiser la taille des grains d’un lot de blé à 11 % en extrayant ceux présentant des taux protéiques particulièrement bas ou élevés. Le réglage de la mouture sera alors optimal. En isolant la fraction supérieure à 13%, le meunier peut constituer un lot de blé de force, plus onéreux à l’achat. Les grains à faible teneur en protéines, parfois en raison de la présence de la mycotoxine DON, peuvent être isolés. Le reste du lot peut ainsi éviter le déclassement réduisant les pertes. L’outil, adapté aussi les organismes stockeurs et les malteurs, s’adapte à des débits de 2 à 120 t/h en fonction du nombre de modules de installés. De faible encombrement, il peut être mobile. Mis sur le marché en 2023, BoMill Insight a déjà séduit à l’international.

Choisir les meilleures options de commercialisation

Avec Plan & Save by Agrisight, Javelot propose aux coopératives de modéliser leur structure en un jumeau digital qui intègre toutes leurs caractéristiques : sites, cellules, spécificités techniques, contraintes logistiques, transports et coûts associés, engagements réalisés… Il centralise l’ensemble des informations de tous les métiers. 

Lire aussi : Javelot fait l’acquisition d’Agrisight pour optimiser la logistique et le commerce des grains

Cela définit « un terrain de jeu » sur lequel travaille déjà un premier module dédié à l’optimisation de la planification dans une dizaine de coopératives (plus de 1000 sites et 13 Mt). Avec ce jumeau digital et des prévisions de collecte et de vente, il définit les flux et stockages permettant d’obtenir le plus faible coût. « Les simulations réalisées sur les bilans annuels des utilisateurs révèlent que le potentiel de réduction des coûts logistiques est de 15 à 25% », indique Pierre Boucher, responsable de cette technologie d’AgTech au sein de Javelot.

D’ici 2025, un nouveau module va être proposé pour, cette fois, piloter et optimiser les ventes. L’outil détermine le meilleur plan de vente en prenant en compte toutes les contraintes du jumeau digital mais aussi en fonction des volumes, implantations, qualités et prix de vente… Il détermine ainsi les options les plus pertinentes en termes de marge commerciale (« tel volume à tel client à tel moment »), mais qui ne correspondent pas toujours, une fois intégré l'ensemble des coûts logistiques, au prix de vente le plus élevé.

Un changement de paradigme. « Les acteurs de la supply chain et du commerce sont ainsi alignés pour travailler avec un objectif commun. Pour garantir l’adhésion de tous, l’ensemble des plans (transferts, stockage, ventes) générés par la solution sont modifiables dans l'interface par les experts métiers. Les surcoûts générés par les modifications sont visibles immédiatement, pour que les décisions puissent être prises en connaissance de cause.

Lucile Legaignoux et Marianne Roumégoux

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