Etude
L’Ademe projette une importante réduction de la consommation de viande pour atteindre la neutralité carbone en 2050
Face à l’urgence climatique, l’Ademe a travaillé sur quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 dans une étude intitulée « Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat ».
Face à l’urgence climatique, l’Ademe a travaillé sur quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 dans une étude intitulée « Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat ».
Dans Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat, l'Ademe a établi quatre scénario pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Explications.
Dans le premier scénario nommé « Génération frugale », la nature est sanctuarisée, ce qui conduit à une exploitation raisonnée. Les habitudes alimentaires sont profondément transformées : « l’évolution des systèmes agricoles (70 % de production à très bas niveau d’intrants) suit celle des régimes alimentaires, à savoir une division par trois des quantités de viande avec des cheptels plus extensifs mais moins nombreux ». La consommation de viande serait divisée par trois et la part du bio dans l’alimentation serait de 70 %. Au total, l’effectif de bovins viande diminuerait de 85 % et celui de porcs charcutiers de 65 %, alors que celui de volailles de chair baisserait de 30 %. La consommation de produits exotiques serait elle aussi réduite. Selon l’Ademe, la fertilisation serait également en baisse de 40 %, avec des rendements réduits de 25 %.
Les circuits de proximité deviendraient la principale voie de commercialisation
Dans le deuxième scénario nommé « Coopérations territoriales » l’Ademe imagine une gouvernance partagée et des coopérations territoriales. ONG, institutions publiques, secteur privé et société civile trouvent des voies de coopération pragmatique qui permettent de maintenir la cohésion. Pour ce qui est de l’alimentation, elle « devient plus sobre, plus végétale, avec des productions durables et fortement relocalisées ». L’Ademe estime que l’impact environnemental de l’assiette diminuerait fortement et que la consommation de viande diminuerait de 50 % par rapport à la consommation actuelle, ce qui permettrait une extensification des productions et une alimentation animale produite localement. Il y aurait plus de complémentarités entre élevage et cultures, et un fort développement du maraîchage et de l’arboriculture. Les effectifs de bovins viande, de porc et de volaille diminueraient respectivement de 60 %, 53 % et 20 %. Malgré une fertilisation en baisse de 40 %, les modèles montreraient dans ce cas le niveau de surface agricole utile (SAU) « le plus élevé parmi les quatre scénarios », à hauteur de 27,7 Mha. Les pertes et gaspillages seraient réduits de moitié. Les circuits de proximité deviendraient la principale voie de commercialisation.
Agir rapidement
Dans le scénario trois intitulé « Technologies vertes », c’est plus le développement technologique qui permet de répondre aux défis environnementaux que les changements de comportement vers plus de sobriété. Pour l’Ademe, les régimes alimentaires évolueraient significativement sous l’effet d’un compromis entre des enjeux de santé et d’environnement et la recherche de plaisir individuel. Il y aurait une réduction de 30 % de la consommation de viande et une hausse de 30 % de la consommation des produits locaux. Ce scénario mise avant tout sur les performances des filières pour réduire l’empreinte environnementale de l’alimentation. L’Ademe estime que la forte demande en énergie décarbonée créerait des tensions sur le marché de la biomasse et que cela favoriserait une intensification de l’agriculture avec un usage important des intrants de synthèse, une augmentation des surfaces de cultures énergétiques, une plus grande spécialisation des régions et une intensification de l’exploitation forestière pour les besoins énergétiques.
L’ampleur des transformations socio-techniques à mener est telle qu’elles mettront du temps à produire leurs effets
Avec le scénario quatre « Pari réparateur », les modes de vie du début du XXIe siècle sont sauvegardés. Les maisons sont suréquipées et les applications très développées, ce qui entraîne une consommation importante d’énergie avec des impacts potentiellement forts sur l’environnement. La mondialisation s’accélère, avec une amélioration des aides au bénéfice des pays les plus en difficulté. L’Ademe estime que l’agriculture et les industries agroalimentaires seraient fortement spécialisées et compétitives. La principale évolution des régimes alimentaires reposerait sur l’inclusion de protéines alternatives comme les viandes de synthèse ou les insectes et la consommation de viande baisserait de 10 %. L’élevage et les systèmes agricoles intensifs, dominées par les systèmes conventionnels raisonnés (70 % des exploitations) seraient majoritaires. L’agriculture utiliserait toutes les technologies pour optimiser sa production et limiter ses impacts mais consommerait environ 65 % d’eau d’irrigation de plus qu’aujourd’hui
Pour tous les scénarios, l’Ademe rappelle qu’il est impératif d’agir rapidement car l’ampleur des transformations socio-techniques à mener est telle qu’elles mettront du temps à produire leurs effets.