La mixité ovin-bovin sécurise fourrage et exploitation
Accueillir sur une même parcelle des bovins et des ovins, soit en même temps, soit les uns après les autres, permet d’optimiser la valorisation de la ressource herbagère. Les deux ateliers sont complémentaires sur une exploitation, ils permettent de diversifier l’activité et la source de revenu, d’avoir une rentrée d’argent plus étalée sur l’année, d’avoir un coût alimentaire moindre tout en mutualisant une partie des équipements. L’Inrae a étudié en détail cette pratique déjà approuvée par nos ancêtres. Pâtre est allé à la rencontre d’éleveurs qui ont franchi le pas et ont accepté de partager leurs expériences de conduite mixte entre bovins et ovins.
Accueillir sur une même parcelle des bovins et des ovins, soit en même temps, soit les uns après les autres, permet d’optimiser la valorisation de la ressource herbagère. Les deux ateliers sont complémentaires sur une exploitation, ils permettent de diversifier l’activité et la source de revenu, d’avoir une rentrée d’argent plus étalée sur l’année, d’avoir un coût alimentaire moindre tout en mutualisant une partie des équipements. L’Inrae a étudié en détail cette pratique déjà approuvée par nos ancêtres. Pâtre est allé à la rencontre d’éleveurs qui ont franchi le pas et ont accepté de partager leurs expériences de conduite mixte entre bovins et ovins.
« Autrefois, on mettait sur un hectare de prairie une brebis suitée et une vache et son veau », rappelle Laurent Solas, de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Si aujourd’hui la pratique de la mixité ovin-bovin au pâturage revient sur le devant de la scène, n’oublions pas qu’elle était largement pratiquée par nos aïeux. Et pour cause, les avantages sont nombreux et à différents niveaux. Les surfaces et la ressource herbagère sont mieux valorisées, les croissances des agneaux sont meilleures, les coûts alimentaires sont moindres, les pics de travail sont souvent en décalé et les rentrées d’argent s’étalent plus facilement sur l’année. Néanmoins, contrairement à la pratique historique, un des deux ateliers prend souvent le pas sur le deuxième, qui vient alors en complément. Si une exploitation est orientée sur le bovin allaitant en priorité, les ovins serviront par exemple à valoriser les parcelles de pâturage durant l’hiver, pendant que les vaches sont en bâtiment pour la mise bas. A l’inverse, dans un système spécialisé ovin, l’ajout de quelques vaches permet de mieux nettoyer une parcelle en éliminant les refus des brebis.
Au global, la réflexion de la mixité ovin–bovin prend son sens sur des systèmes tournés vers une valorisation maximale de la ressource herbagère sur pied. L’Inrae a mené une expérimentation sur cinq ans et demi en comparant trois systèmes : spécialisé bovin allaitant, spécialisé ovin allaitant et mixte ovin–bovin. Au cours de l’étude Salamix, pour « Systèmes d’élevage ALlaitant herbagers : Adapter le type génétique et MIXer les espèces pour renforcer leur durabilité ? », l’approche a été globale et multicritère. « Nous avons collecté des données aussi bien sur l’évolution des prairies, l’impact sur la ressource fourragère, sur les animaux au niveau de leur santé et de la croissance des jeunes, la productivité et sur la qualité finale de la viande », énumère Karine Vazeille, en charge de l’expérimentation sur le site Inrae de Laqueuille, dans le Puy-de-Dôme. A cela s’ajoute une évaluation environnementale et technico-économique de chaque système.
« L’objectif initial était de parvenir à produire de la viande à l’herbe avec un système bas intrants, d’autant plus pertinent aujourd’hui avec la flambée des matières premières, rappelle la chercheuse. Mais l’étude a finalement dépassé ce seul cadre. » L’expérimentation a nécessité 230 brebis et 35 vaches. Les chercheurs ont eu recours à des vaches salers croisées angus et des brebis limousines croisées sufflok. Ainsi en combinant les capacités adaptatives des races rustiques aux qualités de croissance et de conformation bouchère des races herbagères précoces, l’expérimentation avait pour objectif de montrer que l’engraissement des veaux et agneaux pouvait avoir lieu au pâturage. Dans le système mixte, le ratio bovin/ovin était de 0,4, c’est-à-dire 3 UGB ovins pour 2 UGB bovins. « Il existe autant de systèmes mixtes qu’il existe d’éleveurs, souligne Karine Vazeille. Chacun va être adapté à une situation d’exploitation particulière, à des objectifs de production et d’organisation, à un atelier prédominant, etc. Au sein de l’expérimentation, nous avons fait le choix d’une cohabitation maximale entre les deux espèces. »
ça marche aussi avec des systèmes laitiers
Une étude présentée en 2012 et menée par l’Inra et VetagroSup a testé l’intérêt d’une conduite mixte bovin lait et ovin allaitant. Grâce à des enquêtes réalisées auprès de 18 exploitations en Auvergne, les chercheurs ont pu établir quatre logiques de fonctionnement des systèmes, selon la répartition des troupeaux sur le parcellaire, le chargement des surfaces et le niveau de productivité des animaux. La conduite d’exploitation peut être déclinée en plusieurs niveaux, allant d’une séparation complète des espèces à une imbrication maximale des deux ateliers. Néanmoins, même dans le cas d’une conduite séparée, les calendriers de production sont agencés par les éleveurs afin d’éviter le chevauchement de grosses périodes de travail (mise bas) et d’étaler les rentrées d’argent. L’analyse des modalités d’ajustement en cas d’aléas climatique montre par ailleurs le rôle essentiel du troupeau ovin dans la flexibilité de ces systèmes.