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À la fromagerie Darley, la micro-méthanisation pousse à l'autonomie

Frédéric et Benoît Darley sont installés dans une ferme fromagère à Ruca, dans les Côtes d'Armor. Pour répondre à leurs besoins d’épurer les effluents co-produits de la fromagerie, le lactosérum, et de valoriser énergétiquement les lisiers, ils ont fait appel à l'entreprise Enerpro qui leur a proposé une unité de micro-méthanisation sur mesure, avec deux digesteurs.

Benoît Darley et Alexandre Bougeant devant l'unité de micro-méthanisation
Benoît Darley et Alexandre Bougeant devant l'unité de micro-méthanisation de la ferme à Rucca (22).
© Arnaud Marlet

Benoît et Frédéric Darley ont succédé à leurs parents qui, depuis 1987, fabriquaient et vendaient du fromage en direct à Ruca (22). L’exploitation, passée en bio en 2017, produit aujourd'hui entre 350 000 l et 450 000 l de lait par an, entièrement transformés à la ferme, soit une production de 35 à 45 tonnes de fromages. Pâtes molles à croûtes lavées, pâtes pressées non cuites ou cuites, à caillé broyé, pâtes persillées ou caillés lactiques, au total 16 fromages différents sont ainsi commercialisés sur les marchés, chez les crémiers fromagers, un peu en GMS locales et dans des magasins de producteurs et magasins bio. Or, cette production émet chaque jour 1 000 l. de lactosérum que les deux frères avaient besoin d’évacuer. « Au départ, on cherchait une solution environnementale pour traiter le lactosérum, plante Benoît Darley, mais aussi pour être plus autonome au niveau énergétique et on avait un besoin de chaleur pour l'atelier fromagerie »

chaudière à gaz

Un digesteur à lisier couplé à un digesteur à effluents

« Pour répondre à leurs besoins d’épurer le lactosérum et de valoriser énergétiquement les lisiers, nous leur avons proposé un système innovant, incluant un digesteur à lisier couplé à un digesteur à effluents », détaille Alexandre Bougeant, un des associés d'Enerpro. Le système comporte ainsi deux cuves en béton de 25 m3 chacune, collées l'une à l'autre. Lactosérum et lisier sont traités de la même façon, mais en parallèle avant la récupération du gaz : ils sont déposés dans une préfosse, d’où le biogaz est renvoyé dans le digesteur. Un automate vient ensuite brasser et maintenir en chaleur chaque digesteur. Les deux digesteurs produisent un biogaz qui alimente une chaudière bi-gaz (biogaz ou propane). La chaleur produite est ainsi utilisée pour les usages de chaleur dans la fromagerie. Ce système permet ainsi de réaliser une boucle vertueuse de valorisation énergétique et de traitement des effluents, dans un circuit ultra-court. Pour cet investissement, l'EARL a pu bénéficier du soutien de l'Ademe, en répondant à un appel à projet. Benoît et Frédéric Darley  se sont fixé un prochain défi pour aller vers toujours plus d'autonomie : l'installation de panneaux photovoltaïques.

Tablette digitale pour piloter le système.

La micro-méthanisation, une solution locale pour produire du biogaz

Enerpro propose depuis 2015 des solutions de méthanisation de proximité pour les exploitants agricoles et les petites agro-industries. « Notre mission est de contribuer à la transition énergétique en permettant aux exploitants de traiter et valoriser leurs effluents organiques en autonomie et localement, tout en créant de la valeur par la mise aux normes du traitement des effluents, les économies et/ou la vente d’énergie renouvelable », précise Alexandre Bougeant, associé d'Enerpro. Produit de la méthanisation, le biogaz est un gaz renouvelable riche en méthane (entre 55 et 70%) pouvant être exploité de trois manières : dans une chaudière à gaz, en le brûlant pour en faire de l’eau chaude, à l'image de l'installation chez les frères Darley, dans un moteur de cogénération, en brûlant pour en faire de l’électricité et de la chaleur et enfin en l’épurant puis le compressant pour en faire du biométhane similaire à celui que l’on trouve dans les réserves naturelles (pureté 97%), afin de l’injecter au réseau ou sous forme de carburant (BioGNV). 

Plus loin

« Avec la microméthanisation, j’utilise la chaîne laitière jusqu’au bout et c’est rentable »

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