La filière ovine normande en manque d’abattoirs
Inn’ovin Normandie a mobilisé les acteurs de la filière ovine régionale pour mettre sur la table ses préoccupations. Au cœur de celles-ci, le manque d’abattoirs.
Huitième région ovine, la Normandie compte dans ses rangs 660 éleveurs professionnels et près de 8 500 amateurs pour un cheptel total de 165 000 têtes. « Cet engouement pour l’élevage ovin amateur n’a pas trouvé d’explication satisfaisante à ce jour, mais il a pour conséquence de fausser les chiffres de la filière », souligne Michel Serres. Cet ingénieur agronome récemment diplômé a réalisé une étude descriptive de la filière ovine normande. « Cette étude était motivée par la baisse de consommation de viande d’agneau et la stagnation des modes de consommation ainsi que la présentation des produits en magasin », reprend l’ingénieur, désormais directeur de l’exploitation agricole du lycée d’Yvetot (76). S’il n’a pas trouvé la solution pour relancer la consommation de viande ovine, Michel Serres a tout de même mis le doigt sur un enjeu fort pour la filière ovine de Normandie. Les fermetures successives des abattoirs travaillant l’ovin ont mis les éleveurs et industriels dans une position très incertaine, cristallisant des tensions et mettant en exergue des dysfonctionnements structurels. Pourtant, tous, collectivement cherchent une solution pour remédier à cette délicate situation.
En 2019, 62 500 ovins ont été abattus dans les trois abattoirs que comptait la région. Désormais, la filière ne repose plus que sur deux outils, dont un de petite taille. Les éleveurs doivent pour la plupart parcourir de grandes distances pour amener les animaux et rapporter les carcasses. En conclusion, Michel Serres explique : « la création d’un abattoir régional ovin est une sérieuse piste d’avenir pour la filière normande car ce manque d’outil est au centre de l’attention et engendre de nombreux problèmes. »
Optimiser les collectes d’agneaux pour les abattoirs
Les participants à la journée ovine ont donc réfléchi aux possibilités d’amélioration, sans pour autant miser uniquement sur le développement d’un nouvel abattoir. Il s’agirait notamment d’optimiser les flux déjà existants en créant des centres de rassemblement, en organisant des tournées de collecte plus logiques. Les transporteurs devraient, d’après les participants à la journée ovine, communiquer davantage entre eux, afin de rationaliser les itinéraires, et ce, quelque soit leurs appartenance à tel ou tel groupe.
Mieux connaître les circuits de commercialisation
La filière ovine normande souffre par ailleurs de l’hétérogénéité de la production, provoquée en partie par la part importante d’éleveurs amateurs qui ne recherchent pas forcément de la conformation pour leurs agneaux. La filière, de petite taille, manque de visibilité et toutes manifestations et démarches deviennent compliquées à instaurer du fait de l’éclatement géographique des éleveurs. Pour les éleveurs en circuit court, ce manque d’outil d’abattage représente un vrai handicap et un frein au développement de la production. La production ovine de Normandie bénéficie cependant d’une très bonne image, soutenue par les agneaux de prés-salés qui participent à ce tableau idyllique. L’élevage ovin régional brille également par sa force d’adaptabilité et la complémentarité des troupes ovines avec les autres activités agricoles. « Il est nécessaire d’informer les éleveurs des différents circuits de commercialisation qui existent, appuie Françoise Prévost, membre du conseil d’administration de la FNO et éleveuse dans l’Eure. Les jeunes qui s’intéressent à la production ovine n’ont pas toujours en tête le rôle des coopératives et des opérateurs de la filière. Cette méconnaissance freine la dynamique d’installation. »