La colère des agriculteurs néerlandais se traduit dans les urnes
Le tout jeune Mouvement agriculteur-citoyen vient de remporter les élections provinciales aux Pays-Bas. Une victoire qui fait suite à une large contestation des agriculteurs qui rejettent le plan du gouvernement visant à réduire le cheptel néerlandais pour faire baisser les émissions d’azote.
Le tout jeune Mouvement agriculteur-citoyen vient de remporter les élections provinciales aux Pays-Bas. Une victoire qui fait suite à une large contestation des agriculteurs qui rejettent le plan du gouvernement visant à réduire le cheptel néerlandais pour faire baisser les émissions d’azote.
Organisées mercredi 15 février, les élections provinciales aux Pays-Bas ont largement été remportées par le BoerBurgerBeweging (BBB), Mouvement agriculteur-citoyen, un parti tout jeune puisqu’il a été fondé en 2019 à la suite du mouvement de protestation agricole. Alors qu’il n’avait obtenu qu’ 1 % des voix aux élections de la Chambre basse (élections législatives) en 2021, avec une seule représentante en la personne de Caroline van der Plas, leader du parti, le BBB pourrait obtenir 15 sièges sur 75 à la Chambre haute et devenir ainsi la première formation. Le gouvernement de coalition de Mark Rutte devrait donc perdre sa majorité au Sénat néerlandais.
Protest vote against anti-farmer green policies in Holland
— Owen Evans (@OwenLEvans) March 16, 2023
"The BBB aims to fight government plans to slash nitrogen emissions by dramatically reducing livestock numbers and buying out thousands of farms"https://t.co/7J0sx00nYJ
Réduction du cheptel et fermetures d’exploitation
Dans ce pays de 18 millions d’habitants qui est le deuxième exportateur mondial de produits alimentaires après les Etats-Unis, l’annonce du gouvernement de vouloir réduire de moitié les émissions d’azote d’ici 2030 grâce notamment à la diminution du cheptel et à la fermeture d’exploitations a provoqué la colère du monde agricole qui estime être injustement ciblé par le gouvernement par rapport à d’autres secteurs comme l’industrie et les transports.
Les agriculteurs qui ne comprennent pas pourquoi on leur a demandé pendant des années de produire intensivement pour aujourd’hui revenir en arrière ont manifesté leur colère, parfois violemment, lors de ces derniers mois. Ce mouvement de protestation, soutenu par une partie de la population et des voix populistes par-delà les frontières néerlandaises a même été encouragé par Donald Trump.
Un plan similaire en Belgique néerlandophone
Alors que va-t-il se passer maintenant ? « On va rentrer dans une logique de négociation car le gouvernement n’ambitionne pas d’abandonner son objectif en matière de réduction d’azote. Il va plus examiner les possibilités de nature technologique : récupération de l’azote, diminution des émissions d’ammoniac. Les Assemblées provinciales doivent assurer la mise en place du plan. Elles peuvent ralentir le processus, elles peuvent le faire exploitation par exploitation » a expliqué Pascal Delwit, professeur de science politique à l’université libre de Bruxelles sur France Culture jeudi 16 mars.
Scrutin provincial détonnant aux Pays-Bas.
— Pascal Delwit (@PDelwit) March 16, 2023
Au-delà du pays, l'élection atteste de la difficulté actuelle et à venir à mener une transition vers un développement soutenable.
Mon interview à l'émission Les enjeux internationaux de @franceculture.https://t.co/vdDdHApbw1
Ce dernier a fait remarquer qu’en Belgique néerlandophone le gouvernement a aussi lancé un plan de réduction du cheptel pour réduire les émissions d’azote. L’annonce le 23 février de ce plan visant à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 a engendré début mars la protestation de nombreux agriculteurs qui ont manifesté à Bruxelles.