Aller au contenu principal

« Je valorise au mieux le lisier de porc sur mes cultures »

Christophe Le Pironnec a investi dans un enfouisseur et dans de l’épandage de précision pour réduire ses achats d’ammonitrate et les coûts de transport vers les prêteurs de terre.

Installé dans le Morbihan, Christophe Le Pironnec exploite toutes les voies possibles pour améliorer la valorisation du lisier sur ses terres. « L’objectif est double : réduire les apports d’engrais azotés et gagner en autonomie d’épandage pour limiter le temps et le coût du transport chez les prêteurs de terre », explique-t-il.

Lire aussi : « J’ai réduit les volumes de ma station de traitement du lisier de porc»

L’éleveur est à la tête d’un élevage de 255 truies naisseur-engraisseur, avec un site principal situé à Questembert et un second à 6 kilomètres, détenant un tiers des places d’engraissement. Il exploite également 145 hectares de cultures, destinées à l’alimentation des porcs charcutiers (à l’exception du colza). Son site principal étant situé en bordure d’une rivière, seuls deux tiers de ses parcelles peuvent recevoir du lisier. L’éleveur a ainsi toujours cherché à optimiser les apports sur ses terres épandables.

Lire aussi : Comment mieux valoriser son lisier en limitant les pertes d’ammoniac

 

 
<em class="placeholder">L&#039;enfouisseur à disques de lisier est utilisé lors de l&#039;épandage avant implantation du maïs. </em>
L'enfouisseur à disques de lisier est utilisé lors de l'épandage avant implantation du maïs. © A. Puybasset

Du lisier sur les parcelles de triticale

Depuis les années 90 (et 2017 avec un pendillard), Christophe Le Pironnec a pris l’habitude d’épandre du lisier sur les parcelles de céréales à paille, en systématique sur le deuxième apport azoté, mais également sur le premier en fin d’hiver si la portance des sols est suffisante. « Cette pratique, peu courante, est plus technique et  nécessite d’être bien équipé », explique Loïc Dupont, conseiller environnement d’Evel’Up.

 

 

L’éleveur ajuste la vitesse du tracteur en fonction de la teneur en azote du lisier pour ne pas abîmer la parcelle. En parallèle, il a adapté ses pratiques culturales pour améliorer la fertilisation naturelle de ses parcelles et réduire les besoins d’apports azotés (culture de colza en association avec du trèfle pour capter l’azote du sol avant semis de céréales, techniques de cultures simplifiées sans labour…).

Il estime avoir divisé par cinq les quantités d’engrais minéral sur les céréales à paille : « Les bonnes années, je n’utilise que 100 kilos d’ammonitrate sur le triticale au lieu de 500 kilos s’il n’y avait aucun apport de lisier. En épandant du lisier sur les céréales à paille et pas seulement sur le maïs, je limite les besoins de stockage de mes fosses à lisier (épandages plus fréquents) et de surfaces chez les prêteurs de terre. »

L’enfouisseur réduit la volatilisation de l’azote

Pour améliorer la valorisation du lisier sur le maïs, qui représente la fertilisation majoritaire, l’éleveur dispose d’un enfouisseur à disques. Il l’utilise lors de l’épandage avant implantation, qui était réalisé jusqu’à présent avec le pendillard de 18 mètres. « En injectant le lisier en profondeur dans le sol (7 à 15 cm selon la culture), l’enfouisseur réduit la volatilisation de l’azote et augmente sa disponibilité pour la plante. Son effet est déjà bien visible », a-t-il observé au champ. « L’enfouisseur évite les odeurs pour le voisinage et me fait gagner une intervention sur la parcelle. Auparavant, je devais faire un second passage pour enfouir le lisier. Désormais, je ne passe plus qu’une seule fois. J’ai prévu d’investir dans un modèle plus large – 8 m au lieu de 5 – pour gagner encore plus de temps. »

Restant à poste sur l’un des tracteurs, l’enfouisseur sert aussi sur prairies ainsi que lors de l’apport azoté avant implantation sur les parcelles de colza. Pratique peu courante également, le second apport d’azote du colza en sortie d’hiver est réalisé avec la tonne à lisier équipée du pendillard.

 

 
<em class="placeholder">L&#039;autoguidage GPS permet de gagner en précision sur les zones épandues.</em>
L'autoguidage GPS permet de gagner en précision sur les zones épandues. © A. Puybasset

De l’épandage de précision

Depuis deux ans, ses tracteurs sont équipés d’un autoguidage GPS pour gagner en précision sur les zones épandues. « Il est d’autant plus nécessaire avec un enfouisseur, car le lisier n’est plus visible. » Toujours dans l’optique de mieux valoriser et connaître ses effluents, Christophe Le Pironnec a équipé au printemps sa tonne à lisier d’un système de mesure en continu de la valeur azotée du lisier lors des épandages (voir encadré). Avec l’enfouisseur et le capteur embarqué acquis en 2024, l’éleveur a pour objectif d’atteindre une autonomie d’épandage de 75 %. Sur les quelque 22 000 unités d’azote organique produites sur l’élevage, un tiers actuellement est épandu chez les prêteurs de terre, les parcelles les plus éloignées se situant à 30 minutes de trajet.

Fiche élevage

SCEA Le Pironnec

Christophe Le Pironnec + 2 salariés

255 truies naisseur-engraisseur au total

1 site principal et 1 site d’engraissement à 6 km

145 ha de cultures (dont 60 ha de maïs, 65 ha de triticale, 10 ha de colza...) et 25 ha de prairies

Valorisation des céréales en engraissement (mélange avec complémentaire)

Une mesure instantanée de la dose d’azote à l’épandage

 

 
<em class="placeholder">L&#039;Ana&#039;lisier ajuste  la vitesse du tracteur pour obtenir la quantité d’azote souhaitée à l’hectare.</em>
L'Ana'lisier ajuste la vitesse du tracteur pour obtenir la quantité d’azote souhaitée à l’hectare. © A. Puybasset

Pour limiter les intrants azotés et améliorer le débit de chantier de l’épandage, Christophe Le Pironnec a installé sur sa tonne à lisier un capteur embarqué Ana’lisier du fabricant Vantage AM. Comprenant une sonde installée sur une trappe de la tonne à lisier, il analyse la valeur azotée du lisier par mesure de conductivité. Moins onéreux qu’un capteur Nir (4 000 euros), il ajuste la vitesse du tracteur pour obtenir la quantité d’azote souhaitée à l’hectare.

Les plus lus

<em class="placeholder">François Pinsault dans la partie engraissement du bâtiment cochettes : « Ce bâtiment nous permettra de produire sur site 676 cochettes en introduisant seulement 10 ...</em>
« Nous produisons les cochettes pour notre élevage de 1 400 truies »
La SCEA de Bellevue a investi dans un nouveau bâtiment destiné à élever les cochettes nécessaires au renouvellement de son…
<em class="placeholder">« Le silo tour est un investissement structurant » estiment Marie-Pierre Roul, Timothée Roul, 3ème en partant de la gauche, et Emmanuel Chapeau, à droite, ici avec ...</em>
"Avec notre nouveau silo tour, nous augmentons l’autonomie alimentaire de notre élevage de porcs"
À l’occasion d’un agrandissement, le Gaec des Palis a construit un silo tour qui va lui permettre d’optimiser son assolement et d…
<em class="placeholder">Une partie du bureau d&#039;Airfaf :  de gauche à droite : Samuel Morand, Laurent Ferchal (trésorier), Jean-Lou Le Gall (ancien président), Stéphane Demeuré (actuel ...</em>
Alimentation des porcs : « Nous améliorons nos performances grâce à notre fabrique d'aliment à la ferme»

À l’occasion d’une journée organisée par Airfaf Bretagne, Sabine et Stéphane Demeuré ont présenté trois axes de travail sur l’…

<em class="placeholder">Benoît Julhes, Gaec du Puech Laborie :  «L&#039;atelier porc a apporté de la capacité d’autofinancement nécessaire à l’adaptation de l’atelier lait.»</em>
« Mon atelier porc dégage un excédent brut d'exploitation supérieur à mes ateliers bovins »

Benoît Julhes exploite dans le Cantal un atelier porcin de 100 truies naisseur-engraisseur, ainsi que deux troupeaux de vaches…

<em class="placeholder">Guillaume Toquet, accompagné de Virginie (à gauche), l’ancienne salariée de l’atelier porc, et Clémence qui l’a remplacée, ancienne apprentie.</em>
« L’alternance en élevage de porc, c’est du gagnant-gagnant »

Pendant trois ans, Guillaume Toquet a accueilli Clémence en alternance sur son exploitation porcine. Aujourd’hui bien formée,…

<em class="placeholder">Cédric Lemée et son fils, Martin, maîtrisent parfaitement la phase de détection des chaleurs et des inséminations artificielles.</em>
« Je n’ai jamais eu de bandes de truies à moins de 90 % de fertilité »
Le Gaec La Boulaie obtient des performances de fertilité et de prolificité de haut niveau. Une conduite d’élevage…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)