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Arboriculture
L’Inrae étudie l’impact de l’évolution climatique sur les arbres fruitiers

Dans les milieux tempérés, les arbres fruitiers doivent faire face à un dilemme : pousser suffisamment tôt pour ne pas subir les sécheresses mais pas trop tôt non plus afin de ne pas souffrir des gelées. L’Inrae planche sur l’impact de l’évolution climatique en arboriculture.

fruitiers
Les épisodes de gel tardif sont de plus en plus fréquents.
© Pixabay

Au printemps, les feuilles et fleurs se développent à partir des ébauches contenues dans les bourgeons. C'est le débourrement et la floraison, début d'une nouvelle saison de végétation. Ces tissus très hydratés sont extrêmement vulnérables au gel. Après une gelée, des bourgeons végétatifs latents peuvent prendre le relai en puisant dans les réserves d’amidon de la plante. Toutefois, si les boutons floraux sont gelés, il n’y aura pas de nouvelle floraison, et donc de fructification avant l’année suivante. Les différentes espèces et variétés d’arbres résistent plus ou moins bien au gel, et notamment en fonction de leur vitesse de développement en fin d’hiver sous l’action des températures douces.

Un réseau de vergers expérimentaux

Depuis plusieurs années, les dates des principaux stades de développement (débourrement, floraison, maturité des fruits) sont avancées de plusieurs semaines par rapport aux normales. Pour évaluer les conséquences des changements globaux, un réseau de vergers expérimentaux dédié à l’observation des arbres fruitiers a été déployé dans toute la France à l’initiative d'Inrae. Le réseau DIVAE (Dispositif de verger observatoire Inrae) comporte six sites : Angers, Bellegarde, Clermont-Ferrand, Gotheron, Mauguio et Toulenne, dans des conditions environnementales différentes. DIVAE permet de contribuer à la compréhension et à la prédiction de l’effet du climat sur la biologie de différentes espèces fruitières (abricotier, cerisier, pêcher, pommier) avec cinq variétés qui balaient la gamme de précocité pour chacune des quatre espèces. En particulier, DIVAE s'intéresse aux caractères liés à la phénologie, l’étude des rythmes saisonniers des organismes vivants déterminés par les variations saisonnières du climat. Ces observations sur arbres fruitiers sont d’ailleurs intégrées dans le cadre plus large de TEMPO, réseau national d’observatoires dédiés à la phénologie de l’ensemble du règne vivant (espèces végétales et animales, exploitées et sauvages).

Différentes variétés étudiées

En sélectionnant des variétés très contrastées, ce dispositif permet d’étudier l’impact de l’évolution climatique sur des espèces d’intérêt pour la filière d’arboriculture fruitière et les ligneux en général en discernant la contribution du matériel végétal (génotype), de l’environnement et de leur interaction. Ce dispositif planté en 2015 arrive à maturité et permet d’acquérir des données essentielles quant à l’occurrence d’aléas climatiques sur la phénologie, par exemple débourrement précoce, gelée tardive, stress hydrique, développement des fruits, manque de froid hivernal, floraison. Ce dispositif peut également servir de support à d’autres activités de recherche dès lors qu’elles ne perturbent pas le cycle phénologique des arbres qui est à la base de constitution de ce réseau. Parmi les différents caractères mesurés par des notations standardisées entre les sites, les stades suivants sont caractérisés : sénescence des feuilles, fructification, floraison, date de débourrement végétatif, durée globale de végétation. La date de sortie de dormance pour l’évaluation des besoins de froid, est également réalisée sur certains sites. L’estimation de la maturité est effectuée de différentes manières suivant les espèces (couleur, fermeté, teneur en amidon, en sucres).

Sélectionner des variétés adaptées

Ce dispositif va permettre de faire des projections pour les futurs vergers dans les différentes régions du pays et d’aider à sélectionner les variétés adaptées aux conditions prédites dans un futur proche à l’échelle des grands bassins de production fruitière. Les principaux risques étudiés sont l’avancée des dates de floraison vis-à-vis des gelées, un étalement de floraison et défaut de débourrement dû à un manque de froid hivernal, la chute des jeunes fruits à cause du déficit hydrique. Les arboriculteurs sont directement impactés par ces changements.

Les données phénologiques permettent ainsi d’explorer les déterminants physiologiques du fonctionnement et du développement des arbres, tels que la régulation hormonale de l’état de dormance chez différentes variétés de cerisier ou le rôle générique des sucres solubles et de la teneur en eau dans la prédiction de la vulnérabilité au gel chez de multiples espèces. L’objectif du réseau de vergers se construit dans une démarche de science ouverte afin de mettre à disposition de la communauté scientifique et agronomique les données des suivis, via une base de données en libre accès dont deux sites sont déjà disponibles sur data.inrae.fr à Angers et Toulenne.

Dégâts dus au gel : appel à témoignages

Les chercheurs du CNRS et d'INRAE recueillent les témoignages de personnes dont les arbres ont été impactés par l’épisode de gel du début avril pour évaluer l'ampleur des dégâts afin d’étudier la vulnérabilité des différentes espèces à ces épisodes de gel qui sont de plus en plus fréquents. Les  observations recueillies permettront d’améliorer la capacité des chercheurs à anticiper ces événements dans le futur dont la fréquence risque de s’accroître.
Les témoignages devront s’accompagner de photos et sont à faire sur le site Tela Botanica

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