Soja, maïs doux, riz, jus de fruits : l’UE adopte des mesures de rétorsions contre les taxes Trump... et les suspend pour 90 jours !
Les Etats membres de l’Union européenne se sont accordés le 9 avril pour mettre en place à partir du 15 avril des mesures de rétorsions commerciales contre les Etats-Unis. La liste des produits concernés n’était pas encore officielle mais des éléments avaient fuité... avant que Donald Trump n'annonce une suspension de ses droits pour 90 jours, et l'UE en retour une mise en suspens pour la même durée le temps de négocier.
Les Etats membres de l’Union européenne se sont accordés le 9 avril pour mettre en place à partir du 15 avril des mesures de rétorsions commerciales contre les Etats-Unis. La liste des produits concernés n’était pas encore officielle mais des éléments avaient fuité... avant que Donald Trump n'annonce une suspension de ses droits pour 90 jours, et l'UE en retour une mise en suspens pour la même durée le temps de négocier.

[Avec Agra Fil et Alizée Juanchich, Mis à jour le 10 avril à 13h30]
« Aujourd’hui, les Etats membres de l’Union européenne ont voté en faveur de la proposition de la Commission européenne d’introduire des mesures de rétorsions commerciales contre les Etats-Unis », pouvait-on lire dans un communiqué très succinct de la Commission en date du 9 avril. Une réponse à l’entrée en application depuis le 5 avril de droits de douanes supplémentaires de 20% sur les importations américaines des produits européens.
Today, EU countries backed our proposal to impose trade countermeasures on the United States, in response to unjustified steel and aluminium tariffs.
Duties will apply from 15 April.
They can be lifted at any time, should a fair and balanced negotiated solution be found.— European Commission (@EU_Commission) April 9, 2025
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Suspension des mesures de rétorsion qui devaient s'échelonner à partir du 15 avril
Une fois « les procédures internes de la Commission européenne terminées et les actes d’exécution publiés », ces mesures entreront en œuvre, précisait le communiqué de la Commission. Ces nouveaux droits devaient commencer à être appliqués à partir du 15 avril.
« Ces mesures de rétorsion peuvent être suspendues à n’importe quel moment, si les Etats-Unis acceptent d’aboutir à un accord juste, négocié et équilibré », soulignait le communiqué.
Bien que nous soyons en train de finaliser l'adoption des contre-mesures de l'UE, nous allons les mettre en suspens pendant 90 jours
Message immédiatement entendu de l'autre côté de l'Atlantique puisque Donald Trump a annoncé le 9 avril au soir suspendre pour une durée de 90 jours les droits de douane réciproques (seule la guerre commerciale perdure pour l'heure avec la Chine).
Ce 10 avril à mi-journée, Ursula Von der Leyen a répondu en annonçant « avoir pris acte de l'annonce faite par le président Trump » et d'ajouter : « bien que nous soyons en train de finaliser l'adoption des contre-mesures de l'UE, qui ont reçu un large soutien de nos États membres, nous allons les mettre en suspens pendant 90 jours ».
« Si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures s'appliqueront », prévient-elle.
We took note of the announcement by President Trump.
We want to give negotiations a chance.
While finalising the adoption of the EU countermeasures that saw strong support from our Member States, we will put them on hold for 90 days.
If negotiations are not satisfactory, our…— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) April 10, 2025
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Quels produits américains visés ? A quel moment ?
Pour l’heure la Commission européenne ne communique pas officiellement sur la liste des produits américains qui pourraient être taxés en cas d'échec des négociations.
Selon Agrafil qui a consulté une version provisoire de cette liste, les droits de douanes iraient jusqu’à 25% sur une liste de 1680 produits. Parmi lesquels : le café, le jus d’orange ou encore le soja.
Une liste de droits supplémentaires dont la mise en application s’échelonnerait dans le temps. Agrafil cite une surtaxe aux importations de maïs doux, de riz, de légumes surgelés ou encore de jus de fruits dès le 15 avril, parmi les produits d’une liste fixée dès 2018 (en représailles au préjudice économique de 8 milliards d’euros infligé aux exportations européennes d’acier et d’aluminium et suspendues depuis 2020).
Mi-mai, une seconde salve de droits de douane pourrait entrer en vigueur notamment sur la volaille.
Puis à partir du 1er décembre 2025 s’appliqueraient des surtaxes sur les importations d’amandes et de soja.
Selon plusieurs médias européens dont Euronews, le bourbon aurait été sorti de la liste.
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Une réponse mesurée de l’Union européenne après la réponse choc de la Chine
La Commission européenne a ainsi tenté le 9 avril, avec succès, une annonce mesurée dans le but de négocier avec l’administration Trump. La Chine, elle, a choisi une autre voie face aux 34% de douanes supplémentaires imposés par les Etats-Unis aux importations des produits chinois.
Le ministère chinois des Finances a annoncé, le 9 avril, un ajustement du taux de droits de douane supplémentaire appliqué aux importations américaines, qui passera de 34 % à 84 % à compter du 10 avril.
« L'escalade tarifaire des États-Unis à l'encontre de la Chine ajoute l'insulte à l'injure, porte gravement atteinte aux droits et intérêts légitimes de la Chine et compromet sérieusement le système commercial multilatéral fondé sur des règles », indique Pékin qui a également saisi l’OMC.
Réponse immédiate de Donald Trump le 9 avril : une taxation immédiate des produits chinois à hauteur de 125 %.
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Annie Genevard aurait préféré que le soja ne figure pas dans la liste
« La réponse douanière européenne doit être audacieuse. La protéine de soja provient pour beaucoup des Etats-Unis, je ferai ce qui est en mon pouvoir que ce secteur ne soit pas trop affectée par les mesures européennes », avait réagi Annie Genevard ce 9 avril lors de l’Assemblée générale de la fédération nationale des producteurs de lait.
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« Les droits ne seront applicables qu’en fin d’année ce qui laisse le temps à la négociation, même si j’aurais préféré que [le soja] n’y figure pas », a-t-elle ajouté.
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