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Fleury Michon et Vallégrain s'associent pour produire des porcs bio

Fleury Michon et Vallégrain ont investi en commun dans une exploitation de porcs bio dans l’est de la Sarthe. Le projet de 300 truies est destiné à démontrer la viabilité d’un nouveau modèle technico-économique d’élevage.

Le village de Théligny, dans l’ouest de la Sarthe, héberge un nouvel élevage de porcs bio. Avec 300 truies sur 23 hectares (dont 17 ha de parc) et deux salariés, la SCEA Vallégrain bio a livré cet été ses premiers porcelets, partis à l’engraissement dans cinq élevages bios qui ont signé le cahier des charges de cette nouvelle filière : un dans la Sarthe, deux dans l’Orne et deux en Vendée. L’investissement de la ferme de Théligny (2 M€) est majoritairement porté par Fleury Michon et Vallégrain à travers leur filiale commune Vallégrain développement (50/50), fondée début 2018. Elle détient en effet 93 % des parcs de Vallégrain bio. Deux autres actionnaires complètent le tour de table : la Safer pour 1 % et l’un des deux salariés actuels pour 6 %, avec l’objectif d’une reprise à moyen terme. Pour Francis Leveau, fondateur de Vallégrain et président de Vallégrain développement, il s’agit de construire un modèle pour favoriser l’installation de jeunes éleveurs bio. « Nous voulons être contributeurs à l’offre bio en France, mais aussi porter un vrai projet social pour que des jeunes s’installent dans cette production. Nous n’avons pas forcément vocation à posséder de nombreux élevages de ce type, mais à montrer que ce type de projet est socialement et économiquement viable », détaille le dirigeant. Lancé il y a près de quatre ans, le projet a commencé par une analyse des meilleures pratiques de la conduite des truies en extérieur dans l’UE explique Emilie Defond, directrice des élevages de Vallégrain depuis 20 ans. Le choix s’est porté sur un haut niveau d’automatisation pour assurer la traçabilité et réduire la charge de travail, en commençant par l’alimentation des truies. L’élevage est aussi équipé de sa propre fabrique d’aliments pour valoriser des matières premières bios locales. « Si d’autres éleveurs en bio s’installent à proximité, l’outil de fabrication pourra aussi les livrer, détaille le dirigeant. Notre objectif est de pouvoir garantir de l’alimentation 100 % française très rapidement, en tout cas nous garantissons déjà que le soja est produit dans l’UE. »

Protection sanitaire renforcée

L’objectif est de produire 6 000 porcelets prêts à partir en engraissement par an. Avec des truies primipares cette année, les résultats atteignent déjà 100 porcelets par semaine. Anticipant la réglementation, les 23 hectares sont ceinturés par une double clôture et organisés autour du bâtiment gestantes (800 m2 + 600 m2 de courette extérieure) et des six parcs de maternité extérieurs (25 places par parc). « La sécurité sanitaire a un coût, la clôture seule frôle les 150 000 euros », souligne Francis Leveau. Le dessin des parcs, avec une « autoroute » centrale, facilite l’apport de l’aliment et la manipulation-regroupement des porcelets après sevrage jusqu’au quai de chargement. Les transports sont assurés par les camions de Vallégrain. L’élevage de Théligny est aussi l’occasion de tester de nouveaux concepts comme le Tipig, cabane monocoque isolée de 150 kilos, équipée à l’arrière d’une fenêtre pour pouvoir observer sans déranger ni la mère ni les porcelets. L’angle de 50° entre le sol et la paroi permet aux jeunes de se protéger si besoin et une petite marche évite qu’ils ne sortent trop tôt. Développées par Vallégrain développement, qui a déposé un brevet, ces cabanes sont commercialisées avec Rousseau.

L’équilibre matière est tenu pour les premiers porcs, abattus ce mois de novembre dans l’abattoir Vallégrain de Chérancé (72) : jambons et longes pour Fleury Michon, ventes en boucherie-charcuterie et GMS par Vallégrain, pour les filets mignons, travers et échine, valorisation complémentaire vers les industriels sarthois de la rillette.

Fleury Michon contractualise avec l’amont

Fleury Michon explique vouloir diversifier ses approvisionnements bios en contractualisant avec son amont. Pour Gérard Chambet, directeur général des opérations de Fleury Michon, qui répondait aux questions des journalistes le 2 décembre dernier lors de la présentation de la ferme de Théligny, explique la démarche de l’entreprise : « Fleury Michon est impliqué dans les filières depuis longtemps. Nous sommes parmi les fondateurs du label rouge. Dans les années 90, nous nous sommes rapprochés de Vallégrain justement autour du label rouge. Nous avons des intérêts convergents d’où la création de Vallégrain développement en joint-venture. L’offre bio en France était assez pauvre en porc il y a quatre ans, quand nous avons lancé ce projet. Notre sourcing est majoritairement danois. L’offre française couvre 20 % de nos besoins et nous voudrions passer à 25 ou 30 % ». Interrogée le 11 décembre, l’entreprise ne souhaite pas répondre à Forebio (Fédération des groupements bio) qui estimait de son côté, dans le journal Ouest France du 11 décembre, que l’offre française était désormais suffisante (5 000 porcs par semaine).

Repères

Fondé dans le Perche en 1990 par Francis Leveau à partir du maillon de l’élevage, le groupe Vallégrain (Vallégrain distribution, Vallégrain abattoir, SAS Leveau) a construit une filière conventionnelle complète avec 180 éleveurs, dont beaucoup sont proches de son abattoir de Chérancé, dans la Sarthe. Il découpe et transforme dans son atelier de découpe-transformation à Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir. Après deux années en redressement judiciaire, le tribunal de Chartes a adopté le plan de continuation présenté par le groupe le 5 novembre dernier. Avec 410 salariés dont 108 en abattoir, le groupe réalise un chiffre d’affaires de 87 M€, abat 8 000 porcs et porcelets par semaine (dont 7 200 sous cahier des charges).

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