Elections européennes : « Si on ne veut pas de déprise agricole, il faut voter écolo ! »
Claude Gruffat, ancien président de Biocoop, eurodéputé depuis 2020, et candidat à la 12e position sur la liste EELV vante le volet agricole de son programme, lors d’une conférence organisée par le groupe Réussir, le Cevipof et le CAF à Paris.
Claude Gruffat, ancien président de Biocoop, eurodéputé depuis 2020, et candidat à la 12e position sur la liste EELV vante le volet agricole de son programme, lors d’une conférence organisée par le groupe Réussir, le Cevipof et le CAF à Paris.
« Si on ne veut pas de déprise des agriculteurs au niveau européen, il faut voter écolo », lâche Claude Gruffat, ancien président de Biocoop, eurodéputé depuis 2020 et candidat à la 12e position sur la liste Europe Ecologie Les Verts (EELV) menée par Marie Toussaint lors du grand oral des candidats aux élections européennes organisé par le groupe Réussir, le Cevipof et le Caf à Paris. « Les écologistes sont les meilleurs alliés des agriculteurs, on n’a pas voté cette PAC ! », déclare-t-il encore.
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Pour transformer la PAC en PAAC
Dans son programme, EELV milite pour la transformation de la PAC en PAAC pour politique agricole et alimentaire commune.
« On considère que la vocation première de l’agriculture est de nourrir, il faut en faire la preuve dans la durée. La PAC nous a fait sortir de la souveraineté alimentaire. On importe aujourd’hui beaucoup », argumente Claude Gruffat.
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Transition agricole et hausse du budget de la PAC
Cette transformation doit s’accompagner d’une hausse du budget de la PAC. « La transition agricole va demander beaucoup de moyens, il faut augmenter le budget de la PAC en soutenant un modèle agroécologique. On doit accompagner la sortie des pesticides », analyse l’ex-président de Biocoop.
« Pour les pesticides, il faut décider et prendre le temps. Aujourd’hui le bio et l’agroforesterie existent et ont fait leur preuve », poursuit-il.
EELV propose de réduire de 50% les pesticides et les engrais de synthèse d’ici à 2030 et d’harmoniser par le haut les règles environnementales et sanitaires en Europe, alors que les agriculteurs européens manifestent depuis l’automne dernier pour réclamer moins de normes.
On a l’impression que c’est une sanction de supprimer les pesticides, mais aujourd’hui on n’y arrive plus sur l’eau
« On a l’impression que c’est une sanction de supprimer les pesticides, mais aujourd’hui on n’y arrive plus sur l’eau. La biodiversité en chute libre. Ce sont des faits ! » répond Claude Gruffat.
Plus d’aides PAC à l’actif et moins à la surface
Le programme d’EELV propose « la mise en place d’une PAC qui soutient l’emploi avec des subventions distribuées par unité de main d’œuvre ». « On trouve illégitime qu’un maraîcher touche zéro aide de la PAC alors qu’à l’inverse un exploitant agricole sans salarié avec 200 hectares va toucher des aides », avance Claude Gruffat.
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Contre les accords de libre-échange
EELV prône la fin des accords de libre-échange. « On y a toujours été opposés. Ces accords de libre-échange sont liés à l’échec des accords de l’OMC, du coup on rustine », argumente le député européen. « Pour faire des échanges avec ces pays on n’a pas besoin d’accords de libre-échange » poursuit-il, jugeant « assez pervers » la réduction des droits de douane.
En parallèle, EELV milite pour une directive cadre introduisant des mesures-miroirs sur l’ensemble des réglementations sociales et écologiques européennes.
Une dotation de carrière pour favoriser l’installation
Pour renouveler les générations, la liste menée par Marie Toussaint propose la mise en place d’un mécanisme de dotation de carrière « où les paysans qui s’installent en agroécologie ou convertissent leur exploitation, sont dotés par un collectif citoyen ou par les collectivités d’une partie des moyens de production (ferme, terre, machine, bétail, etc…) », peut-on lire dans son programme.
Les verts proposent aussi la mise en place d’une dotation nouvelle installation sans critère d’âge et ouverte aux salariés associés des SCIC et Scop.
Si ça continue on n'aura plus que 50 000 agriculteurs industriels en 2040, c'est ça qu'on veut ?
« On compte 25 000 départs en retraite par an chez les agriculteurs pour 8 000 installations. On a perdu 100 000 agriculteurs en 10 ans, si ça continue on n’aura plus que 50 000 agriculteurs industriels en 2040, c’est ça qu’on veut ? », commente Claude Gruffat.