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Le vin de demain
Dans le Pas-de-Calais, la vigne plantée sur un terril a connu sa 7e vendange en 2020

Des vignerons tentent l’aventure de la vigne dans des territoires où il n’y en a pas, ou plus du tout. Le vignoble du terril d’Haillicourt, à 30 km d’Arras, fait partie des précurseurs. En 2020, il a connu sa 7e vendange. Ses 30 ares de chardonnay produisent une cuvée baptisée le Charbonnay qui veut rendre hommage au patrimoine minier de cette région en étant qualitative. Le défi n'est pas que climatique.

La vigne de chardonnay implantée sur le terril d'Haillicourt dans les Hauts de France est tout autant un défi technique que climatique. Elle a connu sa 7e vendange en 2020.
© O. Pucek

Ce qui pourrait sonner comme une opération médiatique n’est pas un mince défi. Implanter des vignes sur un terril « c’est un surinvestissement humain » pointe Olivier Pucek. Par ailleurs vigneron en Charente, il est à l’origine de ce projet un peu fou, avec Henri Jammet, ex-vigneron charentais désormais installé dans l’Aude. Ils sont tous deux Ch’tis d’origine. Sur ce monticule pentu à 80% et haut de 100 m, rien n’est bien sûr mécanisable. La plantation a nécessité 3 fois plus de budget que ce qu’Olivier Pucek a dépensé pour replanter des vignes en Charente. Aussi inédit que spectaculaire, ce vignoble a connu sa 7e vendange en septembre 2020.

Le chardonnay s'adapte à des conditions extrêmes

Les conditions impliquent un petit rendement « autour de 20/22 hl/ha ». « Ce sol de schistes, de grès carbonifère est peu porteur, peu fertile, très drainant, super séchant. Ça permet d’avoir des petites grappes et des petites baies qui arrivent à maturité », positive Olivier Pucek. Le sol est fauché mais il serait impossible à travailler. Les vignes ne sont pas désherbées. Des filets protègent les grains de l’appétit des oiseaux. Point positif, « nous avons un peu d’oïdium mais pas de mildiou », assure le vigneron.

Quel impact du changement climatique ? « On aurait réussi quand même compte tenu de l’exposition plein sud et du faible rendement », considère Olivier Pucek. Certes la vendange s’est avancée de 3 semaines en 7 ans. Mais il relativise. « La vigne a besoin en moyenne jour-nuit de 21° pour mûrir. Ici en juillet, on est autour de 18°. Il y a des coups de chaud, des journées à 35° mais ces extrêmes sont néfastes pour la vigne. Cette année, le mois de septembre a été frais ».

Un vin local et haut de gamme

Créée en 2011 pour développer le projet, la société Les Vins Audacieux rassemble 6 associés dont 3 sont locaux. Les deux vignerons ont été rejoints par Arnaud Cassini, producteur de vin dans le Libournais, originaire du Nord lui aussi. En 2019, ce vignoble hors norme a produit 700 bouteilles. Les consommateurs sont au rendez-vous. « Le vin est réservé par allocation. On pourrait en vendre 10 fois plus », lance Olivier Pucek. Vendu entre « 50 à 65 euros » chez les cavistes, il est aussi référencé dans des restaurants réputés. Le prix correspond aux exigences de qualité voulues par les associés mais aussi à des coûts de production élevés : plus de 10 000 € par an pour 30 ares en production. La vigne fait l’objet d’un fermage, le département et la mairie étant propriétaires. Un salarié de la ville d’Haillicourt veille sur les vignes dans le cadre d’un partenariat mais le suivi de la vigne nécessite de remonter régulièrement, ce qui renchérit les coûts d’exploitation.

Un modèle artisanal

« Dans le vin il y a différents modèles économiques. Le nôtre, c’est un modèle économique bio de petite taille », définit Olivier Pucek. Des opérateurs tentent d’autres modèles comme Ternoveo, développé par le groupe Coopératif Advitam dans les Hauts-de-France et qui a déjà tenté 10 agriculteurs. Ce projet vise à terme 200 ha pour produire un vin entrée de gamme autour de 6 à 7 euros.

Même si Olivier Pucek dit avoir atteint l’équilibre l’an dernier, il souligne la fragilité du défi. Pour avoir plus de bouteilles à vendre et pérenniser son activité, la petite entreprise réinvestit. Une nouvelle vigne de 85 ares sera située sur des coteaux calcaires exposés Sud, dans le parc naturel d’Ohlain, propriété du département du Pas-de-Calais. Toujours pour produire du vin tranquille, 40 ares de chardonnay et de pinot meunier ont déjà été plantés en janvier 2020.

A lire aussi : Il crée le premier vignoble professionnel breton

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